Réalisation : Thomas Vinterberg
Scénario : David Nicholls
d'après le roman de Thomas Hardy
d'après le roman de Thomas Hardy
Durée : 2 h
Interprétation : Carey Mulligan,
Matthias Schoenaerts, Michael Sheen, Tom Sturridge, Juno Temple...
Genre : Romance classique
Synopsis :
Dans la campagne anglaise de l'époque
victorienne, une jeune héritière, Bathsheba Everdeene, doit diriger
la ferme léguée par son oncle. Femme belle et libre, elle veut
s'assumer seule et sans mari. Cela n'empêche pas de se faire
courtiser par trois hommes, le berger Gabriel Oake, le riche voisin
Mr Boldwood et le Sergent Troy.
On peut dire que Thomas Vinterberg est
un cinéaste difficile à saisir. Son premier film Festen possédait
beaucoup de fond qui souffrait de sa forme dût au dogme95.
Son précédent film La chasse possède une forme très soignée et au sujet intéressant. Le cinéaste se penche ici dans la littérature anglaise où le classicisme soigné de son précédent film
se mêle plutôt bien ensemble même si le manque d'ampleur, de chaleur et de passion se fait ressentir. Je n'ai pas lu le livre de Thomas Hardy mais la seule chose que je peux affirmer avec certitude est que Thomas Vinterberg n'est pas
Roman Polanski, il ne signe pas un film aussi beau, cruel et dense
que Tess. Loin de la foule déchaînée a été aussi adapté par
John Schlesinger en 1967 dans une version que je ne connais pas.
Avec une photographie magnifique et une
interprétation juste et intense, Loin de la foule déchaînée est un
film historique plutôt agréable à suivre. La sincérité est souvent
palpable du côté des acteurs comme celui du cinéaste, surtout dans les sentiments. On peut en
revanche regretter un montage et une musique tous les deux purement illustratifs et nuisent à des montées lyriques attendues dans un tel film. La fin reste toute de même assez décevante pour un
développement dramatique et émotionnel si bien travaillé et entretenu. Cependant le livre termine comme ça et le film apparemment reste bien fidèle, du moins cela se ressent. L'histoire en elle-même est classique si ce n'est pas pour dire déjà vue
mais illustrée, interprétée et racontée avec un beau savoir faire. Le film n'a pas non plus la lourdeur
des films à oscars que l'on a l'habitude de voir. Il n'y a pas de larmoyant, c'est toujours sobre malgré une musique parfois en trop sur certaines scènes. Toutefois cela n'empêche pas d'être prenant. On ne s'ennuie
pas durant les deux heures sans pour autant être passionné. Sans
révolutionner et ni
indispensable dans le genre, cela reste un travail de qualité qu'on ne peut que saluer. On admire plus un travail de la photographie
particulièrement remarquable et des acteurs excellents (Matthias
Schoenaerts en tête) dans un produit globalement trop classique et convenu pour convaincre. Tout manque de force cinématographique et suit sagement le schéma dramatique de l'histoire.
Thomas Vinterberg soigne son travail
pour livrer un beau film dans la forme mais qui finalement ne franchit
pas le cap du travail bien fait. Les thèmes sont tous abordés de
manière lente et avec une progression assez subtile. Tout en pudeur, les différentes émotions se dégagent lentement tout comme les différentes facettes du personnage principal qui ne sait pas trop quel chemin prendre. La petite
patte de féminisme rafraîchit et modernise le ton sans jamais trop en faire. Ce n'est jamais too much. A côté de
cela, on peut regretter le manque de profondeur de la violence, la romance et la psychologie des personnages, tout comme la fin trop mièvre. Le film n'est cependant pas un album de belles images ennuyeux comme on en voit beaucoup dans le genre, on y trouve une maîtrise dans le travail de la mise en scène, plus subtile que l'académisme plombant et ennuyeux. Si le montage n'a aucune envolée, la mise en scène illustre un scénario écrit avec minutie avec plus ou moins de profondeur. Parfois c'est magnifique parfois c'est un peu frustrant. Si Carey Mulligan n'est
pas la meilleure actrice du monde elle assure dans le rôle d'une femme un peu contradictoire. Effectivement drôle de rôle pour cette femme à l'esprit forgé qui se veut dur comme fer
mais qui réagit comme une femme douce, soumise, paumée et sensible. En face de Matthias
Shoenaerts elle fait parfois petite figure, il est d'un magnétisme exceptionnel et rend son
personnage superbe. Le film aurait facilement pu tourner dans une
mièvrerie ou la caricature totale mais heureusement beaucoup de scènes et de sentiments
fonctionnent grâce aux acteurs impeccables.
Loin de foule déchaînée est mieux que ce que l'on voit
d'habitude dans le genre par sa sobriété et sa sincérité qui est une bonne essence dans un film. Dommage que le film ne s'envole jamais pour être plus grand, plus passionné et intelligent dans les pistes qu'il emprunte. Il ne peut être comparable aux plus grands films
du genre car Thomas Vinterberg reste plus un bon faiseur qu'un cinéaste personnel. A l'image de l’héroïne, le cinéaste change beaucoup d'avis et ne sait sur quel pied danser dans sa filmographie. En attendant, on suit ce film ce film sage et sans prétention et au final on passe un agréable moment. Ni plus, ni moins.
Note : 6 / 10
Note : 6 / 10
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