Réalisation : Isao Takahata
Scénario : Riko Sakaguchi et Isao Takahata
Durée : 2 h 15
Avec les voix de : Aki Asakura, Kengo Kora, Takeo Chii...
Genre : Chef d'oeuvre
Synopsis :
Kaguya "la princesse lumineuse" est découverte dans la tige d'un bambou par des paysans. Elle grandit très rapidement et devient vite courtisée par les plus grands du pays.
Après une longue attente de dix mois
assez étonnante de la sortie du DVD/Bluray du plus beau et grand
film de l'année 2014, un second visionnage m'a confirmé la grandeur
de ce chef d'œuvre. Il est assez scandaleux que les Oscars aient
préférés récompensés un Disney mineur (Les nouveaux Héros) à
côté de ce chef d'œuvre absolu qui restera comme un des plus
grands films du cinéma. Dans tous les cas, que vous soyez fan de
cinéma d'animation ou pas, c'est un film à ne pas rater.
Quelques mois auparavant c'était au
tour de Hayao Myazaki de faire ses adieux au cinéma avec Le vent se
lève, un film étonnamment plus classique et sobre dans sa culture
fantastique traditionnelle que ses précédents. Pour son dernier
film, le réalisateur du Tombeau des Lucioles adapte un conte très
célèbre au Japon. Le résultat est une pure merveille. Entre
onirisme et tragédie, le film est fantastique en tout point de vue
en reprenant à merveille toute la force des contes. On ne sait
jamais si l'histoire va bien se terminer ou pas par un parfait
équilibre entre la beauté et la cruauté. Tout est mené avec
parcimonie et grâce pendant plus de deux heures de spectacle
émotionnel intense. Le scénario développe des thèmes sentimentaux
et moraux universels dès le départ et éveille en nous l'émotion
la plus viscérale et touchante qui soit. L'histoire brasse autour
de cette princesse une multitude de thèmes magnifiques sur la
nature, l'espoir, la société, la condition de l'Homme, la jeunesse,
la vieillesse, la religion jusqu'au conflit entre le destin que l'on
nous (ou on) se fait et la liberté. On y retrouve une longue liste
qu'il serait difficile de tout énumérer. Une sorte de passionnante
encyclopédie hypnotique et fascinante absolument pas moralisatrice
sur la vie. On observe tout en émerveillement entre autre la magie
de la nature opposée à la noirceur de l'homme, la liberté sauvage
avec le conformisme, la recherche du bonheur d'autrui qui condamne le
sien, le courage et la lâcheté, la bienveillance et l'aveuglement,
la beauté et l'artifice destructeur, l'authenticité et la
falsification... et bien entendu la joie et le(s) regret(s).
A l'image des dessins en aquarelles
somptueux, les thèmes sont traités de manière détaillée aussi
subtiles qu'abstraites qui laissent à penser et réfléchir tout en nous transportant dans un rêve. Plongé
dans une époustouflante beauté visuelle et auditive, nous sommes
tour à tour embarqué donc à la fois dans un rêve et un cauchemar éveillé, aussi envoûtant que poétique. Nous sommes hypnotisés par un cinéaste qui
possède la maîtrise, l'intelligence et la force de tous les
ingrédients que le cinéma puisse lui et nous offrir. Un spectacle total. Que ce soit dans la simplicité et la
vivacité des dialogues, les personnages merveilleux et attachants,
la musique et le montage merveilleusement enchanteurs : tout est
d'une autre dimension. Une dimension d'un conte qui vient un peu de l'au delà, pour ne pas trop en dire.
Le graphisme suit plus particulièrement une fois l'humeur de la
princesse sur une sublime scène de fuite (séquence merveilleuse) où les dessins virent
au croquis, aux esquisses au fusain. Une merveilleuse et marquante
scène qui est une démonstration du pouvoir du film d'animation.
Dans ce film rien est superficiel, tous les plans sont pesés
travaillés et sont là pour dégager une émotion, un message dans
un crescendo parfait. Tous les tons et différents thèmes
s'équilibrent merveilleusement les uns les autres donnant une
atmosphère onirique légère et grave à la fois, faisant ressortir
par petite touche les sentiments. Le conte de la princesse Kaguya est
un spectacle rare tant il est riche et maîtrisé. Loin de ce que l'on peut voir d'habitude, la
technique n'est pas hasardeuse, elle est au service de l'histoire et
des émotions, une leçon magistrale. Absolument rien est artificiel, tout est d'une
fulgurante beauté et pureté qui ne tombe jamais dans la prétention,
le cliché et le déjà vu. Rien est tape à l'œil, rien est
alourdit, rien est téléphoné, on est clairement transporté dans le conte. Avec
ce formidable sens de la répartie, la mise en scène est d'une beauté
absolue rappelant la force onirique des films de Lubitsch, la pureté
du cinéma de Chaplin et le film d'animation japonais dans sa plus
grande réussite.
Le conte de la princesse Kaguya
représente la quintessence de la force du septième art, il est
d'une beauté et d'une force émotionnelle rarement obtenue. Les mots
ne sont pas suffisant pour décrire l'ampleur d'un tel travail, d'une
telle maîtrise tant il est rare de voir une animation aussi réussie et intelligente dans le fond comme dans la forme. Meilleur que Le Tombeau des Lucioles, le dernier
film de Takahata atteint la perfection du pur chef d'œuvre qui
logiquement deviendra un classique du cinéma.
Note : 10 / 10
La dévédéthèque parfaite :
Les enfants loups, Ame et Yuki de Mamoru Hosoda, Le tombeau des lucioles d'Isao Takahata, Ernest et Célestine de Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier.
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