Réalisation : Bennett
Miller
Scénario : E Max Frye et Dan Futterman
Durée : 2 h 10
Interprétation : Channing Tatum, Steve
Carell, Mark Ruffalo...
Genre : Atmosphérique vain
Synopsis :
L'histoire vraie et tragique de la
relation improbable d'un milliardaire et de deux frères champions de
luttes.
Je n'ai pas vu le précédent film du
cinéaste Le stratège mais son premier sur le romancier génial
Truman Capote m'avait laissé une bonne impression à l'époque, cela
notamment grâce au génie de Philip Seymour Hoffman dans le rôle
titre. Bennett Miller est un cinéaste très classique dans le fond
comme dans la forme et un bon directeur d'acteurs et le confirme ici
dans un film au sujet pas vraiment passionnant.
Dans Foxcatcher le cinéaste rend tout
son matériel, y compris son scénario, le plus plat et froid possible pour faire planer durant plus de deux heures une ambiance
et une relation pour le moins bizarre, ambiguë, glauque et malsaine entre les
différents personnages. On retrouve trois grands acteurs au service
d'un scénario hélas trop long et qui n'a surtout pas l'étoffe nécessaire pour
couvrir les intentions de départ. Ces intentions sont clairement de
dépeindre assez cruellement les rapports entre un homme et son
supérieur comme on peut se souvenir du film du classique de Joseph Losey The
Servant ou récemment encore avec Whiplash de Damien Chazelle. A
défaut de passionner, j'ai trouvé le film intéressant par son
climat froid, angoissant et poisseux ainsi que les discussions vides
et épurées à l'extrême. Tout est de manière générale trop épuré
pour qu'une piste décolle, c'est bien dommage que le scénario ne
soit pas plus concentré dans ses thèmes.
On a donc l'impression de regarder un
cinéaste qui filme un pilote de série de cinquante minutes pendant plus de deux heures.
Le spectateur finit par apercevoir toutes les fins de ficelles, les
limites du scénario contrairement à la mise en scène du cinéaste. Cette ambiance lourde et froide nous pèse sur les épaules un peu
comme la mort sur celles d'un bourreau. Pas très agréable mais une force qui mérite d'être saluée. Un film d'atmosphère pas du
tout attractif mais plutôt culotté et particulièrement maîtrisé
qui ne m'a pas vraiment ennuyé mais pas captivé non plus. Peu
d'émotion, peu de pistes il reste des acteurs excellents : Channing
Tatum sait décidément tout faire en plus de bien danser et Mark
Ruffalo comme d'habitude est excellent. Quant à Steve Carell on
retiendra plus sa prothèse inutile qui crève l'écran que sa
partition plutôt excellente et c'est bien dommage.
Je n'irai pas à dire que ce film est
du gâchis mais plus un sous film à l'ancienne comme l'aurait si
bien réussit Sidney Lumet ou Otto Preminger. Miller
signe un film d'une platitude et d'un classicisme paradoxalement
maîtrisé d'une main de maître et signe une copie loin d'être
mauvaise pour un cinéphile. Les critiques adorent et cela ne
m'étonne pas car il y a un thème intéressant. Le traitement est
trop faible pour parler de bon film même si pour ma part j'ai trouvé
que formellement il y avait du corps et une atmosphère intéressante. Le cinéaste
n'a pas volé son prix de mise en scène pour sa maîtrise envoûtante. C'est au niveau de son script et parfois ses dialogues qu'au final on a droit a un film faiblard. Seulement deux scènes fortes ressortent : celle de
l'entrainement avec la mère de passage et le final. Foxcatcher n'a
pas vraiment d'âme, ni un scénario suffisamment ample et
intelligent pour interpeller et fasciner. Même si la volonté de la mise en scène est de
créer un climat malsain et de mettre mal à l'aise le public, le film
ne va pas plus loin et n'exploite que bien trop peu des pistes attendues. Voilà l'exemple de film réalisé par un bon cinéaste avec de bonnes
intentions mais avec un développement pas à la hauteur. Hypnotisant
mais au final un peu vain et pas vraiment marquant.
Note : 5 / 10
PS : En plus des deux films recommandés dans l'article, je tiens à ajouter Swimming with Sharks de George Huang, un film trop peu connu sur les rapports entre patron et employé et qui est une réussite.
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