Réalisation et scénario : John
Boorman
Durée : 1 h 50
Interprétation : Calum Turner, Caleb
Landry Jones, Pat Shortt...
Genre : Qui a volé a volé a volé la
pendule du Sergent
Synopsis :
En 1952, Bill a l'avenir devant lui. Il
rêve d'aborder une fille qu'il croise de temps en temps. Cette
idylle naissant est contrarié par ses deux années de service
militaire obligatoire. Bill sera instructeur dans un camps
d'entrainement pour jeunes soldats partant pour la Corée. Il se lie d'amitié avec Percy, un grand farceur dépourvu de tout principes,
avec lequel il compte faire tomber de son piédestal le psychorigide
Sergent Major Bradley. Lors d'une ses rares sorties, il rencontre la
fille qu'il croisait de temps en temps à l'opéra.
Après Hope and Glory ( La Guerre a
sept ans en français), voici une sorte de suite avec Bill, l'alter
ego du cinéaste, pour un nouveau film autobiographique sur la décennie suivante. Au programme, l'armée, l'amitié, l'amour
et le tout parfumé de cinéma. Avec Queen and Country le cinéaste
de Delivrance signe un film tout aussi drôle que MASH de Robert
Altman à son époque dans une Angleterre à l'empire colonial partant en lambeaux. Comme souvent les films de John Boorman sont des réussites, Queen and
Country ne déroge pas à la règle.
John Boorman reste dans les manuels de
cinéma et dans les mémoires des cinéphiles surtout pour
Délivrance. Seulement, il a une filmographie si riche et
intéressante que ce serait dommage de ne pas s'y pencher plus dessus.
Boorman est un grand cinéaste et à en voir son dernier film, il le
prouve une nouvelle fois car c'est d'une drôlerie
particulièrement réussie à tous les degrés. Satyrique, cynique ou
même bouffonnerie sont au rendez vous de manière rythmée, régalant de décadence. Le film
parle ouvertement des grands classiques, des références du cinéma
de Boorman. On suit également l'éducation sentimentale du cinéaste,
des anglais de cette époque avec un choc des générations souvent traités au cinéma de manière très dramatique. Boorman le fait avec humour
majoritairement et parfois glisse du drame, du noir et de l'émotion de manière
subtile et délicate qui rend le résultat jouissif et sans cesse surprenant. Un vrai travail d'orfèvre se ressent tout le long, tout est bien
plus réussit et honnête que la plupart des films que l'on peut voir
d'habitude. Le parfait compromis entre film d'auteur et commercial.
Avec peu de fil narratif principal,
Queen and Country possède plusieurs sous intrigues qui développent les
différents thèmes de manière ample et généreuse pour ne pas
s'ennuyer et ne jamais donner l'impression au spectateur d'avoir raté quelque chose d'important dans la vie du cinéaste pour comprendre. C'est à la fois simple et bien plus fin qu'il n'y
paraît au vu de certains passages humoristiques. Les personnages sont bien développés avec des portraits bien brossés, tous très emprunt de drôlerie et de mélancolie. On notera une
interprétation juste et délicate de tous les acteurs pour faire passer dans tous les
états le spectateur, lui au paradis. Sans prétention et loin de faire un film
d'auteur nombriliste, le cinéaste nous divertit, nous transporte et
nous offre à nous un public un témoignage touchant et intéressant sur sa vie de cinéaste, sa passion et également
celle de l'Angleterre. Le cinéaste joue ici plus la corde sensible
proche d'Hope and Glory donc que la plupart de ses films plus secs et
efficaces.
Un mélange des genres particulièrement
brillant, innovant et extrêmement frais fait de Queen and Country le
très bon film de ce début d'année 2015. Si le cinéaste de 81 ans
ne signe peut-être pas un chef d'œuvre, il offre un testament historique et de son cinéma brillant qui plaira énormément aux cinéphiles, tout comme au
grand public. Un brassage des émotions virtuose dont il est une nouvelle fois dommage
que la publicité et la distribution soit presque complètement transparente (visible dans un seul UGC à Lyon). Je recommande de guetter le cinéma d'art et essais ou la sortie en dvd Blu ray. Boorman n'a jamais fait de navet, c'est une valeur sûre.
Note : 9 / 10
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