Réalisation et scénario : Joel et Ethan Coen
Durée : 1 h 45
Interprétation : Oscar Isaac, Carey Mulligan, Justin Timberlake...
Genre : Film festivalier
Synopsis :
Une semaine dans la vie
de Llewyn Davis un chanteur de folk dans l'univers de Greenwich
Village en 1961. Dans ses mésaventures d'artistes et de maladroit,
il ira jusqu'à auditionner pour Bud Grossman, un géant de la
musique, avant de repartir d'où il vient.
Cela me fait un peu mal
au cœur de le dire mais ce dernier film des Frères Coen est
décevant. Je l'attendais trop ? Pas plus qu'un autre et j'ai appris
à prendre du recul avec les films des frères Coen depuis ma
déception sur Burn after Reading qui suivait de quelques mois No
Country For Old men alors qu'au final c'est un délire plutôt
sympathique. Deux années et demie ont passées après l'excellent
True Grit, ainsi que des re visionnages fréquents de quelques uns de
leurs films cultes et mineurs et Inside Llewyn Davis est bien
décevant en plus d'être assez ennuyeux.
Bien sûr c'est du cinéma
des Coen. C'est donc bien interprété et réalisé et avec une
atmosphère et des intentions cohérentes. Rien de lourd ni de pompeux bien entendu à
déplorer dans ce film au final bien trop festivalier. Même si le film
est beaucoup moins captivant que les précédents films de leurs
trilogie de l'homme seul (Barton Fink, The Barber et A serious man)
on notera encore des références culturelles et intellectuelles qui
raviront les critiques de cinéma et les gens qui ont la culture
appropriée. Cela ressemble quand même beaucoup à A serious Man
sauf que le ton vachard irrésistible fait plus l'effet de pétard mouillé ici.
Tous les films des frères
Coen ont un loser, ici c'est donc Llewyn Davis un musicien dans les
années soixante qui chante plutôt bien et au parcours de l'artiste
dans sa tour d'Ivoire qui s'y colle. Comme dans A serious Man les
Coen s'amusent à le torturer, à lui pourrir la vie en lui faisant
accumuler de manière progressive tous les ennuis du monde. Seulement
ici on remarquera avec un parcours initiatique et onirique un peu trop décousu. Oscar Isaac joue et chante très bien et si c'est tout à
son honneur il ne sauve pas le film de l'ennui et du vide étonnant
dont font preuve les Coen pour la première fois. Comme d'habitude
une panoplie d'acteurs défile devant nous avec plus ou moins de
plaisir. Timberlake et Murray Abrahams sont pour moi les plus régalant, Goodman moins percutant qu'à l'habitude par son rôle cru
mais qui manque de développement. Mulligan n'est pas sensationnelle
hormis le jeu des Coen sur elle de casser son image d'actrice gourde
en lui faisant dire « Shit » à toutes les répliques le tout avec une teinture brune assez moche.
Le problème du film ne
vient pas de son esthétique terne ni du ton ennuyeux qu'il se dégage
du personnage car c'est cohérent un peu avec le genre de la folk. Le
problème que j'ai particulièrement ressenti et celui d'avoir
l'impression que les Coen font du Coen pour la première fois. Même
si j'ai beaucoup de respect jusque là pour les deux frères car il y
a toujours quelque chose d'intéressant, de novateur même dans leurs
œuvres les plus mineures, ici on ne retrouve qu'un savoir faire lié
avec quelques chansons folks. C'est un peu le côté délire
personnel d'A serious Man avec la ligne musicale d'O'Brothers sauf
que pas grand chose ne se dégage. Les Coen jouent encore avec le
temps et son public. Pour preuve le voyage à Chicago est tellement
long qu'on croit comme le personnage que Mulligan s'est déjà fait
avorté à son retour comme le personnage principal.
Les deux frangins sont
peut être trop intelligents, et font un humour cinématographique un
peu plus à la Andy Kaufman qu'aux Coen habituels. Seulement hormis
cela, c'est de l'ennui, un film décousu avec très peu de relief
hormis une belle bande originale. Seulement les Coen sont aussi
réputés d'avoir bon goût musicaux donc je considère que c'est du
savoir faire aussi.
Il suffit que cela ne deviennent pas une habitude
car un faux pas arrive et ils sont, pour ma part, déjà pardonnés. Un faux pas après plus
d'une quinzaine de films réussis rien d'alarmant pour autant.
Note : 4/10
P.S : Le beau chat roux relou du film en référence au film de Robert Altman Le Privé est l'occasion ou jamais de revoir cette référence chère aux Frères Coen. Leur amour pour l'ecrivain Raymond Chandler et son influence se ressent très fortement dans leur style depuis le début de leur carrière, particulièrement dans The Big Lebowski. Un détour culturel qui vaut le coup d'oeil.
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