Synopsis : Oz. Oswald. Pénitencier
de haute sécurité. Emerald city. Quartier expérimental de la
prison créé par le visionnaire Tim McManus qui souhaite améliorer
les conditions de vie des détenus. Mais dans cet univers clos et
étouffant se récrée une société terrifiante où dominent la
haine, la violence, la peur, la mort. Où tout espoir est vain, où
la rédemtion est impossible. Bienvenue dans l'antichambre de
l'enfer.
Genre
: œil pour œil, dent pour dent
Les impressions à vifs
saison par saison :
Saison 1 (9/10)
: Présentation de la psychologie, du tempérament, des
idéologies et des casiers judiciaires de manière progressive et
prenante des différents détenus. Les intrigues sont majoritairement
liées aux tensions existantes entre ces derniers. Les problèmes
politiques et carcéraux sont abordés de manière bien appuyée. Le
rythme et l'interprétation sont au top, le scénario d'une
efficacité redoutable.
Saison 2 (9/10)
: Plus fondée sur l'enquête et les origines de l'émeute,
cette saison dénonce plus la corruption dans le camps des gardes
pénitenciers. La série dépeint les policiers de manière parallèle
aux détenus, surtout dans leurs vices. Très déprimante, avec une
touche de pessimisme énorme, rien ne protège ces hommes, qu'ils
soient détenus ou policiers. L'inhumanité paie plus que l'humanité
: la prison transforme l'agneau en loup comme le montre le personnage
de Tobias Beecher.
Saison 3 (9/10)
: Cette saison est beaucoup plus axée sur les trafics de drogues et
les différentes vengeances entre détenus. Parfois on se
demande même comment certains s'en sortent vivants. Les personnages
sont attachants grâce à la justesse de l'interprétation. Toujours
beaucoup de suspense. Le rythme est encore plus effréné que dans
les deux précédentes saisons. De plus en plus d'émotions sont
présentes et fonctionnent à merveille, sans niaiseries bien
entendu.
Saison 4 (8/10)
: Le quotidien et les tensions sont toujours explosifs, on
est immergé dans l'ambiance carcérale. Baisse de rythme au milieu
de cette saison exceptionnellement deux fois plus longues que les
autres. La routine d'Oz s'installe mais reste tout de même
captivante par le duel Shillinger et Beecher en particulier. Toujours
beaucoup de morts à noter. Répétition des ficelles qui commencent,
le scénario se calme sur la quantité d'intrigues et prend un rythme
de croisière plus lent. La note de pessimisme est à son apogée, on
ne voit jamais le bout des vengeances racistes.
Saison 5 (7/10)
: Le rythme est plus lent, l'émotion est au rendez-vous avec
l'accident de bus. Les aryens sont de plus en plus intenables. Les
intrigues continuent de devenir un peu redondantes et comme tout est
toujours mené à vitesse intensive, on se détache un peu de leur
intérêt. Le rendu final tombe dans le piège de la routine de la
prison. L'ennui tant redouté par les détenus commence lentement à
s'installer chez nous malgré toujours une interprétation grandiose
et des twists scotchants.
Saison 6 (7/10)
: Idem que dans la précédente saison, les ressorts sont un
peu toujours les mêmes et on s'attache moins aux personnages. Une
touche de fantastique s'ajoute au suspense et à l'émotion générale.
Les péripéties sont toujours prenantes et nombreuses mais un peu
émoussées. L'ensemble commence à stagner et comme pour la
violence, c'est moins efficace qu'au début mais on reste tout de
même attentif. Deux fois plus long, l'épisode final résume bien
ces deux dernières saisons : des intrigues toujours saisissantes
avec de beaux moments de tensions, de surprises et de bravoures mais
moins intenses et plus téléphonées qu'au départ. Le narrateur
Augustus Hill quant à lui est toujours impeccable et fidèle au
poste du début à la fin.
Critique générale
:
Oz est doté d'une grande
violence psychologique ainsi que d'un pessimisme total inédit à
l'époque à la télévision. Effectivement, ce n'est pas une série
divertissante qui caresse dans le sens du poil son public. Au
contraire, elle montre ce que le spectateur ne souhaite pas voir sur
ces hommes souvent dénués de morale, qui ont commis des crimes et
actes horribles. C'est aussi une des raisons qui fait qu'Oz est une
série culte. Cette dernière est allé si loin qu'elle se démarque
toujours de nos jours. Bien évidemment, la recette ne pas se résume
pas uniquement à de la violence, de la provocation ou du sexe
gratuit comme dans pas mal de séries actuelles. Aussi violentes
qu'elles soient, ces dernières restent souvent très superficielles
à côté d'Oz.
Signé, et cosigné sur
sa fin, par son créateur Tom Fontana, le scénario de cette série
est purement virtuose. Digne d'une tragédie grecque et
Shakespearienne, le script possède une grande quantité d'intrigues
qui s'entremêlent de manière implacable, et de nombreux
personnages. Tout serait extrêmement long à développer et surtout
un peu inutile d'autant plus que le wikipédia de la série le fait
très bien.
En huis clos
l'intégralité du temps, la série vous emprisonne avec les
prisonniers d'Oz. Vous êtes comme un nouveau détenu constamment sur
les nerfs et impliqué dans votre propre survie. Avec une redoutable
efficacité, le scénario présente une galerie de personnages aussi
charismatiques qu'ambigus. Vous êtes représentés à l'écran par
le personnage de Tobias Beecher et subissez comme lui une immersion
pure et dure dans le milieu carcéral. L'agneau devient ensuite loup
et vous devenez simple spectateur omniscient mais impliqué dans
cette survie. La prison fait ressortir l'âme de loup enfouie en
vous, vous êtes lâchés dans une horde en cage. La morale est
claire : la prison accentue le vice de l'Homme au lieu de le punir de
ses actes. Le tout avec un ton abusivement noir, le scénario
supprime rapidement toutes les moindres touches d'optimismes qu'il
instaure. A Oz tout le monde est condamné, l'espoir est rarement de
la partie. Le mal engendre le mal. Ce cercle vicieux pousse à
commettre les actes les plus noirs et sordides, à tel point qu'on ne
peut l'imaginer. Le spectateur suit ce schéma interminable à la
fois dérangé, choqué et passionné.
Comme dans une fresque,
vous vous appropriez le quotidien et les informations des détenus,
par de brefs flash-back et une présentation par Augustus Hill. La
première très grande force de la série est notamment celle d'avoir
un scénario et une mise en scène qui ne laisse aucune place au
remplissage. Effectivement, vous devez absolument être attentif à
tous les détails donnés. Sans quoi vous pouvez vite louper un
élément essentiel à l'intrigue. C'est extrêmement dense et
rapide. Je dirai même trop car quelques moments de pause seraient
parfois les bienvenus, ce qui fait d'Oz une série encore plus
suffocante qu'elle ne l'est à la base. Les personnages quant à eux
ont tous des charismes absolument époustouflants qu'ils soient
attachants ou détestables. L'écriture de ces derniers possède une
extrême richesse psychologique, tous ont des personnalités très
amples. Tout sonne très juste et de manière implacable, le tout
sans clichés ni niaiseries. Cette série shakespearienne a beau être
extrêmement agressive, on ne notera toutefois jamais de violence
gratuite. Les violences physiques, aussi dures soient-elles, ne sont
pas aussi marquantes que les violences psychologiques. Je ne spoile
pas l'intrigue ici mais ceux qui ont vu la série visualiseront sans
doute de quoi je parle.
Dans ce formidable
tissage d'écriture ressort différents thèmes psychologiques,
religieux, politiques, sociologiques et philosophiques. Tous sont
brillamment mélangés et dosés dans un scénario qui sait
parfaitement placer au bon moment les éléments de manière habile
et intelligente. Dans la première saison, seul le personnage de
McManus porte les différents débats de manière explicite. Les
thèmes se distillent de manière plus subtile dès la deuxième
saison quand le personnage de McManus passe au second plan, en
personnage bien plus ambigu qu'il n'y paraît. Par la suite, vous
vous ferez vous-même votre opinion sur les thèmes abordés. A mon
avis, si la série a un point de vue neutre sur l'ensemble des débats
qu'elle ouvre, le plaidoyer principal reste l'inutilité du système
carcéral dans sa globalité. La prison métamorphose l'Homme en
animal. Le script ne prend donc pas vraiment de parti prit et
s'affirme plus comme une peinture réaliste scénarisée qu'une série
débat. La série dépeint avant tout cette société pervertie, sans
limite et complètement inhumaine. La nature humaine est montrée de
façon complètement animale, violente où chacun cherche sans cesse
à sauver sa peau quelque soit le moyen.
L'autre grand point fort
de cette série est l'interprétation. Aidés bien entendu par un
scénario brillant, les acteurs portent beaucoup OZ au statut de
grande série. Tous sont exceptionnels en offrant une intensité et
une profondeur impériale aux différents personnages. A l'opposé de
cela, on regrette une esthétique particulièrement moche due à un
budget limité. En particulier les flash-back qui font
particulièrement amateur. Les prises son quant à elles ne sont pas
toujours très bonnes. La série assume cependant jusqu'à la fin
cette faiblesse et mise tout sur ses points forts. C'est bien
dommage, même si on ne peut pas reprocher à HBO de privilégier
d'autres séries comme Six Feet Under.
Lorsque vous terminez Oz,
c'est un peu comme si vous sortiez vous aussi d'un séjour de
derrière les barreaux. Vous en sortirez marqués avec surtout
l'envie de ne jamais mettre les pieds à Oz. Plus vous plongez dans
l'univers de la série, plus vous serez dérangés, bousculés par
cette noirceur et cette extrême violence. Cette brillante série
carcérale dresse un tableau de l'être humain tout ce qu'il y a de
plus pessimiste. Cependant, Oz est une série culte surtout en raison
de son ton complètement inédit. C'est à la fois de plus en plus
glauque et violent que pertinent et subtil. Si une baisse de rythme
et d'intérêt se ressentent clairement sur les deux dernières
saisons cela est dut à un rallongement un peu excessif des
intrigues. Le scénario de son côté est depuis le départ savamment
pensé et orchestré au mot près, tel un chef-d'œuvre. Tout le
monde n'adhèrera pas à cet univers clinique et violent à la fois
réaliste et inhumain. Placé un peu à mi-chemin entre Scorsese et
Kubrick, Oz vous embarquera et vous marquera si vous avez un minimum
d'humanité. Si vous ne traînez ni boulet ni collier électronique à
la sortie d'Oz, vous aurez tout de même un effet secondaire bien
embêtant et de taille : celui d'avoir l'impression de visionner un
Disney lorsque vous voyez une autre prison qu'Oz à l'écran. A votre
âme et péril.
Moyenne générale
: 8,2 / 10