Réalisation :
Rodney Ascher
Durée : 1h47
Distribution : Jay
Weidner, Buffy Visick, Scatman Crothers...
Genre : Not
shining
Synopsis : Room
237 mêle les faits et la fiction à travers les interviews des fans
et des experts qui adhèrent à certaines théories.
Que l'on soit fan ou pas
de Stanley Kubrick, on ne peut ne pas lui reconnaître son statut de
cinéaste visionnaire, virtuose doté d'une très grande
intelligence. La plupart de ses films sont des chefs d'œuvres
intemporels qui allient film d'auteur et film grand public. Tous sont
parsemés de significations, plus ou moins extrêmes, sur les vices
de l'Homme en général. Son film d'horreur culte Shining fait parti
de la liste de ses chef-d'œuvres.
C'est donc avec une
grande curiosité que je suis allé voir Room 237, un film
documentaire peu distribué dans les salles, dans lequel des grands
fans du film sont censés « analyser » le film.
L'avertissement au début
nous certifie que toutes les interviews sont indépendantes des
points de vue du cinéaste, des acteurs, distributeurs et producteurs
du film, et c'est bien vrai, les différents protagonistes ne
s'appuient sur rien de sensé, et leurs monologues se focalisent au
final sur des détails plus ou moins fumeux.
Les intervenants
(inconnus au bataillon et non présentés) ne s'attardent que sur des
détails. Semblables à des étudiants en cinéma sous acide, ils
nous servent une analyse de film image par image. Chose que tout le
monde peut faire devant n'importe quel film en faisant dire n'importe
quoi au réalisateur. Sans introduction, Room 237 ne prend même pas
la peine de nous présenter le film, et les différentes versions qui
existent. Rodney Ascher glisse quelques images de films du cinéaste
(Eyes Wide Shut en particulier), ainsi que de vieux films et archives
assez illustratifs des théories fumeuses développées, le tout sur
une musique horrible faite en trois minutes au synthé. Visuellement
on dirait un document amateur fait en deux jours. La qualité audio
est mauvaise, l'image laide : un comble pour un film qui s'intéresse
autant au détail de l'image.
Sans fil conducteur, ce
documentaire est surtout un recueil de témoignages non construits et
pas captivants pour un sou. Les intervenants exposent parfois des
points de vue intéressants, mais l'abondance de détails énumérés
les uns après les autres ne cachent au final qu'un manque d'analyse
en profondeur. Pour donner quelques exemples, ils nous font remarquer
les faux-raccords, mais ne nous expliquent pas leur utilité, de même
avec les symboles freudiens. Deux témoignages pointent du doigt
l'Holocauste et le génocide des indiens mais s'avèrent vite plus
superficiels que révélateurs. On se retrouve vite à analyser des
petits détails qui mènent à un jeu comme « des chiffres et
des lettres » : Les comptes sont peut-être bons pour arriver à
42 mais rien de plus (42 = Holocauste, oui mais le sens ?). Rien de
bien cousu donc. Le pire est que l'intervenant ne va parfois même
pas jusqu'au bout de son idée !
Absolument rien n'est
approfondit et encore moins pertinent. Même lorsqu'on flirte avec
les axes principaux du film, le n'importe quoi et le grotesque
prennent le dessus. L'intervenante tente de nous impressionner avec
sa théorie (ou plutôt celle de son fils) de l'homme au visage fendu
en deux par la foudre (what the fuck ?). La paranoïa atteint son
apogée avec la chambre qui aurait un rapport avec la thèse du
complot d'Apollo 11. Kubrick aurait filmé en studio le premier pas
sur la Lune. Ces rumeurs sont aussi bancales que ce documenteur. Au
lieu de faire une analyse plus simple (du film et non d'une pauvre
boîte de conserve), on préfère donc faire avaler des couleuvres au
public, comme par exemple avec un skieur qui serait en fait un
Minotaure, ou encore une double lecture du film dans le sens propre
du terme complètement ridicule. Outre une idée d'illuminé (le
blogger de l'analyse du film n'a pas voulu répondre à
l'intervenant) on remarquera surtout que le film analysé est la
version américaine, et non la version européenne qui est la version
définitive de Kubrick. Je terminerai en beauté si je puis dire,
Stanley Kubrick serait un Dieu qui sculpterai sa tête dans les
nuages pour le plan d'ouverture de son film !
Grâce à Room 237,
Kubrick doit se retourner dans sa tombe ! C'est d'un amateurisme
effrayant, les théories sont totalement farfelues ou carrément
fumeuses. Si l'envie prenait un spectateur qui n'a pas vu Shining
d'aller quand même voir ce documentaire, il ne saurait au final même
pas de quoi parle le film de Kubrick si ce n'est d'une famille dans
un hôtel. Je regrette le manque d'intervenants sérieux comme des
grands cinéastes, des spécialistes de Kubrick ou même des acteurs
du tournage, qui auraient pu confirmer ou infirmer certaines des
théories exposées. Room 237 possède surtout le paradoxe de parler
de la puissance des images, mais de ne travailler quasiment jamais
avec. J'en suis ressorti avec le dégoût d'avoir perdu temps et
argent, 10€50 pour des discussions de bar qui tournent très vites
à vide, ça fait cher le café ! Cela mis à part, si on peut sauver
un peu du fond ce ne sera pas le cas de la forme : Room 237 est
sûrement le documentaire le plus moche que j'ai eu l'occasion de
voir.
J'attends toujours une
vraie analyse du cinéma de Kubrick autant que le photoshop de la
tête du cinéaste dans les nuages. Passez votre chemin sur ce
recueil de témoignages plus fumeux qu'autre chose. L'unique point
positif de ce documentaire est qu'il nous rappelle qu'il est
important dans un film de faire attention aux images et aux détails
que le cinéaste nous offre avec soin méticuleux. Si vous cherchez
une analyse de ce film, je vous conseille plutôt de lire (ou relire)
la bibliographie de Freud, ce sera toujours plus pertinent.
Note
: 02 / 10
PS : un copié-collé
d'article disponible ici :
http://www.konbini.com/fr/culture/shining-room-237-theories-stanley-kubrick/
« DES
''BALIVERNES'' SELON L'ASSISTANT-REALISATEUR
Pourtant, selon Leon
Vitali, l'assistant de Stanley Kubrick sur Shining et présent
pendant les 13 mois de tournage qui se sont majoritairement déroulés
à Londres, ces théories sont la plupart du temps farfelues.
Interrogé par le New York Times, il précise qu'il était ''plié en
deux'' pendant la projection de Room 237 et évoque des
''balivernes''.
Pour le fameux pull de
Danny, Leon Vitali explique que Stanley Kubrick voulait un vêtement
''fait maison'' et la costumière Milena Canonero est revenue avec un
pull ordinaire et a déclaré : ''Et pourquoi pas ça ?''. Pour ce
qui est du calumet évoqué par Bill Blakemore, l'assistant
réalisateur affirme que Stanley Kubrick ne l'a pas choisi comme
d'une référence au génocide indien mais parce que la boite de
levure avait des couleurs ''brillantes''.
Leon Vitali est lui
sûr d'une chose : Stanley Kubrick n'aurait pas écouté 70 à 80% de
Room 237. Il n'y aurait vu que du ''pur charabia''. »
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