dimanche 16 juin 2013

The Iceman





Réalisation : Ariel Vromen
Scénario : Morgan Land et Ariel Vromen
Durée : 1 h 40
Distribution : Michael Shannon, Ray Liotta, Winona Ryder...
Genre : Quand Shannon rime avec canon

Synopsis : Tiré de faits réels, voici l'histoire de Richard Kuklinski, un tueur à gages qui fut condamné pour une centaine de meurtres commandités par différentes organisations criminelles new-yorkaises. Surnommé The Iceman pour sa méthode de congeler le corps de ses victimes afin de brouiller l'heure de la mort, ce redoutable tueur professionnel mena une double vie pendant plus de vingt ans auprès de sa famille et ses proches se montrant comme un parfait self made man.

Avec un sujet alléchant (étonnamment pas encore adapté au cinéma) et un casting royal, The Iceman était un film que j'attendais particulièrement. J'en suis sorti déçu malgré ses quelques qualités.

Beaucoup de bonnes intentions de départ s'en dégagent pourtant, le fait par exemple que le film ne déroule pas la vie du personnage principal depuis son enfance. Le réalisateur a déclaré ne pas vouloir mettre de psychologie, et c'est tout à son honneur : ce que le scénario dégagera le mieux restera ainsi le côté imperceptible et glacial du personnage de Richard Kuklinski. Si les horreurs de ses actes sont pour la plupart non montrées dans ce film, aucunes clefs sur ses émotions et ses pensées ne nous seront données. Le portrait dégage une personnalité intéressante aussi abstraite qu'imprévisible. L'ambiguïté du personnage est donc bien pensée du début à la fin et sera le seul grand point positif du scénario.

L'écriture montre particulièrement ses limites dans la seconde moitié du film. Dans la dernière demie heure la narration tombe dans des travers inutiles où, paradoxalement aux intentions de départ, de la psychologie hasardeuse fait apparition. La visite du frère en prison suivit de la scène de douche où les souvenirs d'enfance rejaillissent est une séquence clichée et maladroite. Depuis le départ je noterai surtout un grand problème d'équilibre. Son parcours de tueur est beaucoup trop en avant par rapport à sa vie de famille. Les deux intrigues ne fusionnent pas assez, et ce jusqu'au cinq dernières minutes. Le manque de rythme et de prise de risque dans l'écriture rend le tout ennuyeux.

La mise en scène est malgré tout honnête et techniquement propre. La photographie plutôt belle mais abusivement terne est justifiable mais le reste est très lisse, sans saveur, à commencer par la musique trop présente et pompeuse. Tout est illustré de manière trop classique et banale, parfois nous avons la nette impression que le cinéaste se repose uniquement sur ses acteurs. La scène de l'accrochage en voiture attise l'intérêt du spectateur grâce à un petit décollage de mise en scène, mais c'est malheureusement bien la seule. Le film manque d'une ambiance particulière à ce genre d'histoire. A l'image du scénario, la mise en scène souffre donc d'ambition et d'originalité.

L'interprétation quant à elle est à l'image du casting : impressionnante. Winona Ryder négocie bien le rôle de la femme cruche mais finalement crédible et Ray Liotta est un gangster toujours aussi crédible. Notons également des étonnants et méconnaissables David Schwimmer et Chris Evans. James Franco fait bien son boulot entre deux « Notre Père » lors d'une courte apparition. Un professionnalisme total se ressent sur une interprétation à l'ancienne.

Au final The Iceman se repose surtout sur la grande prestation de Michael Shannon qui préserve le côté mystérieux de ce terrifiant criminel. Cet acteur majestueux offre une grande ampleur et une ambiguïté efficace à son personnage. Ce sera hélas le seul bon point car on regrette vite qu'un scénario efficace ainsi qu'un metteur en scène plus expérimenté ne soient au rendez vous. Fincher, Cronenberg ou Mann se feraient presque désirer lorsque l'on regarde ce film. Je suis sorti de la séance avec une impression de film loupé.

Note : 5 / 10

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