Réalisation
: Ariel Vromen
Scénario : Morgan
Land et Ariel Vromen
Durée
: 1 h 40
Distribution
: Michael Shannon, Ray Liotta, Winona Ryder...
Genre : Quand
Shannon rime avec canon
Synopsis
: Tiré de faits réels, voici l'histoire de Richard
Kuklinski, un tueur à gages qui fut condamné pour une centaine de
meurtres commandités par différentes organisations criminelles
new-yorkaises. Surnommé The Iceman pour sa méthode de congeler le
corps de ses victimes afin de brouiller l'heure de la mort, ce
redoutable tueur professionnel mena une double vie pendant plus de
vingt ans auprès de sa famille et ses proches se montrant comme un
parfait self made man.
Avec un sujet alléchant
(étonnamment pas encore adapté au cinéma) et un casting royal, The
Iceman était un film que j'attendais particulièrement. J'en
suis sorti déçu malgré ses quelques qualités.
Beaucoup de bonnes
intentions de départ s'en dégagent pourtant, le fait par exemple
que le film ne déroule pas la vie du personnage principal depuis son
enfance. Le réalisateur a déclaré ne pas vouloir mettre de
psychologie, et c'est tout à son honneur : ce que le scénario
dégagera le mieux restera ainsi le côté imperceptible et glacial
du personnage de Richard Kuklinski. Si les horreurs de ses actes sont
pour la plupart non montrées dans ce film, aucunes clefs sur ses
émotions et ses pensées ne nous seront données. Le portrait dégage
une personnalité intéressante aussi abstraite qu'imprévisible.
L'ambiguïté du personnage est donc bien pensée du début à la fin
et sera le seul grand point positif du scénario.
L'écriture montre
particulièrement ses limites dans la seconde moitié du film. Dans
la dernière demie heure la narration tombe dans des travers inutiles
où, paradoxalement aux intentions de départ, de la psychologie
hasardeuse fait apparition. La visite du frère en prison suivit de
la scène de douche où les souvenirs d'enfance rejaillissent est une
séquence clichée et maladroite. Depuis le départ je noterai
surtout un grand problème d'équilibre. Son parcours de tueur est
beaucoup trop en avant par rapport à sa vie de famille. Les deux
intrigues ne fusionnent pas assez, et ce jusqu'au cinq dernières
minutes. Le manque de rythme et de prise de risque dans l'écriture
rend le tout ennuyeux.
La mise en scène est
malgré tout honnête et techniquement propre. La photographie plutôt
belle mais abusivement terne est justifiable mais le reste est très
lisse, sans saveur, à commencer par la musique trop présente et
pompeuse. Tout est illustré de manière trop classique et banale,
parfois nous avons la nette impression que le cinéaste se repose
uniquement sur ses acteurs. La scène de l'accrochage en voiture
attise l'intérêt du spectateur grâce à un petit décollage de
mise en scène, mais c'est malheureusement bien la seule. Le film
manque d'une ambiance particulière à ce genre d'histoire. A
l'image du scénario, la mise en scène souffre donc d'ambition et
d'originalité.
L'interprétation quant à
elle est à l'image du casting : impressionnante. Winona Ryder
négocie bien le rôle de la femme cruche mais finalement crédible
et Ray Liotta est un gangster toujours aussi crédible. Notons
également des étonnants et méconnaissables David Schwimmer et
Chris Evans. James Franco fait bien son boulot entre deux « Notre
Père » lors d'une courte apparition. Un professionnalisme
total se ressent sur une interprétation à l'ancienne.
Au final The Iceman
se repose surtout sur la grande prestation de Michael Shannon qui
préserve le côté mystérieux de ce terrifiant criminel. Cet acteur
majestueux offre une grande ampleur et une ambiguïté efficace à
son personnage. Ce sera hélas le seul bon point car on regrette vite
qu'un scénario efficace ainsi qu'un metteur en scène plus
expérimenté ne soient au rendez vous. Fincher, Cronenberg ou Mann
se feraient presque désirer lorsque l'on regarde ce film. Je suis
sorti de la séance avec une impression de film loupé.
Note : 5 / 10