Réalisation : Sam
Raimi
Scénario :
Mitchell Kapner, David Lindsay-Abaire
Durée : 2h07
Distribution :
James Franco, Mila Kunis, Rachel Weisz, Michelle Williams...
Genre : Fantastic
Mr Raimi
Synopsis : Lorsque
Oscar Diggs, un petit magicien de cirque sans envergure à la
moralité douteuse, est emporté à bord de sa montgolfière depuis
le Kansas poussiéreux jusqu'à l'extravagant Pays d'Oz, il y voit la
chance de sa vie. Tout semble tellement possible dans cet endroit
stupéfiant composé de paysages luxuriants, de peuples étonnants et
de créatures singulières ! Même la fortune et la gloire !
Celles-ci semblent d'autant plus simples à acquérir qu'il peut
facilement se faire passer pour le grand magicien dont tout le monde
espère la venue. Seules trois sorcières, Théodora, Evanora et
Glinda semblent réellement douter de ses compétences... Grâce à
ses talents d'illusionniste, à son ingéniosité et à une touche de
sorcellerie, Oscar va vite se retrouver impliqué malgré lui dans
les problèmes qu'affrontent Oz et ses habitants. Qui sait désormais
si un destin hors du commun ne l'attend pas au bout de la route ?
Après l'essai raté de
Tim Burton avec Alice au pays des merveilles, c'est au tour du
prestigieux Sam Raimi de se prêter à l'exercice Disney avec Le
monde fantastique d'Oz. Bonne nouvelle, le cinéaste réussit à
tous les échelons, là même où Tim Burton avait échoué.
Comme souvent, le
scénario Disney est victime d'un formatage composé uniquement de
convenu et d'attendu. Malgré un casting brillant (James Franco en
tête), l'écriture laisse quelque peu à désirer. Les personnages,
la trame narrative ou encore les répliques sont souvent lisses et
téléphonés. Cependant, on va rarement voir un Disney pour savourer
l'originalité du film, mais plutôt pour apprécier une histoire
classique adaptée à la sauce du réalisateur.
Bingo ! Disney a eu la
judicieuse idée d'avoir offert la mise en scène au réalisateur de
Spiderman, qui est, selon moi, un blockbuster de grande
classe. Le monde fantastique d'Oz
est un film a double face : une avec un scénario, un premier
degré qui reprend de manière très grand public et classique
l'histoire du magicien d'Oz, l'autre avec une mise en scène très
intelligente qui alterne les clins d'œil cinématographiques de
manière jouissive et le spectaculaire inventif. Le fameux second
degré de cette deuxième face est enchanteur. On sent que Raimi
s'amuse avec la technique comme un gamin à Disneyland. Nous aussi.
Le scénario, malgré une
trame trop classique, est cependant assez bien ficelé pour servir la
stratégie finale d'Oz. Une fois encore, le cinéma et l'illusion
sont à l'honneur. A moins que cela ne soit à la mode, c'est en
effet le deuxième film actuel pour enfants qui vise également
intelligemment les adultes (cinéphiles) après Martin Scorsese avec
Hugo Cabret. Ce savoureux détail est la seule bonne surprise
du scénario.
Pour le reste, c'est Sam
Raimi et sa sauce particulière qui nous régalent. En effet, le
réalisateur d'Evil Dead se fait plaisir dès qu'il le peut, et comme
souvent c'est communicatif. Bien entendu Sam Raimi n'est pas James
Cameron : ce n'est pas dans les longues séquences d'émotions
niaises qu'il prend son plaisir mais dans toutes les séquences
spectaculaires et les petits détails qui gravitent autour de la
trame principale. Tout cela est réalisé avec virtuosité, beaucoup
de dérision et d'inventivité. Effectivement, un générique
mémorable du genre de celui de Spiderman
mais en rétro, une introduction en noir et blanc craquante
ainsi qu'une 3D jubilatoire menée d'un savoir faire jamais
redondant, nous font passer dès le début au dessus de la niaiserie
Disney. C'est plutôt une bonne nouvelle.
Le cinéaste collabore à
nouveau avec James Franco et Danny Elfman. La musique est à l'image
de la mise en scène : en double teinte.
Sam Raimi réussit donc à
donner du relief à une histoire quelque peu plate à la base grâce
à son alliage de noirceur, de terreur, et de spectaculaire dont il
est un des maîtres contemporains les plus assidus et atypiques.
Comme Alfonso Cuaron qui
donnait à l'époque une touche plus noire et personnelle au
troisième opus d'Harry Potter, on peut dire que Raimi fait de
même avec ce film qui, sur le papier, aurait pu être aussi
indigeste qu'Alice aux pays des merveilles. Alors que Burton
ne laissait que peu ou pas de place au second degrés, Raimi lui a
tout misé dessus. C'était la bonne solution.
Note : 6 /10
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