dimanche 18 septembre 2016

Frantz




Réalisation et scénario : François Ozon
Durée : 1 h 50
Interprétation : Paula Beer, Pierre Niney, Anton Von Lucke, Ernst Stotzner...
Genre : Qui va à la Guerre, perd sa mégère

Synopsis

Au lendemain de la Grande Guerre, dans une petite ville allemande, Anna se rend tous les jours sur la tombe de son fiancé, Frantz, mort sur le Front. Mais ce jour-là, un français, Adrien, est venu se recueillir sur la tombe de son ami allemand. 


Presque dix ans après Angel, Frantz annonce le retour de François Ozon dans une production européenne. Cette fois c'est un remake d'un film d'Ernst Lubitch Broken Lullaby qui permet au cinéaste de se replonger dans les reconstitutions d'époques et la romance. Le résultat est beaucoup plus classique et académique que les derniers essais du cinéaste mais très référencé et élégant. Une réussite qui n'atteint pas la grâce d'un film comme Carol sorti en début d'année.  

Cet académisme met autant en valeur les points forts du scénario qu'il le dessert. Tout reste propre, très beau et maîtrisé mais le trouble, les différentes passions ou mensonges restent dans l'ensemble trop en retenue pour flamboyer comme dans les grands Kazan Polanski ou récemment Todd Haynes. Je reproche à François Ozon d'être trop respectueux et de manquer de personnalité, ne laissant presque que la part belle à l'interprétation. Pierre Niney et Paula Beer véhiculent toutes les émotions, ils sont incontestablement beaux et excellents. Le cinéaste se contente de s'accrocher à ses eux deux au point d'en oublier presque tout le lyrisme de sa mise en scène. Heureusement le scénario est bien écrit, les dialogues sobres et subtils, le noir et blanc et la belle partition de Rombi (quand ce n'est pas Chopin) nous offrent une forme de qualité. C'est très beau mais l'ensemble manque de personnalité et de cachet. Un grand fossé avec les essais précédents du cinéaste qui fusent et parfois même débordent de tentatives au point de dérouter le grand public.

De manière générale je trouve d'assez regrettable que le cinéaste ne s'approprie pas plus les thèmes du deuil, de l'absence, de l'amour impossible et surtout le trouble que le cinéaste connaît et exerce si bien. Un peu comme si Ozon n'était pas maître de son film, la mise en scène suit sagement et sobrement un scénario classique. Le ressenti du film à Césars, Oscars se ressent mais l'hommage est plus sincère et subtil que par exemple The Artist. Ce dernier dans son genre n'est pas vraiment brillant contrairement à Frantz dans le drame romantique qui se défend bien. On peut reprocher au cinéaste de ne pas souvent aller au bout des choses parce qu'il nous transporte souvent de belle manière. Avec Frantz le cinéaste c'est l'inverse, il nous ballade gentiment mais ne va pas non plus au bout des choses, cette fois dans les émotions ce qui est un comble pour un drame sentimental. Le film reste quand même un produit de qualité que je recommande, surtout pour la rareté de son contexte historique. 

Note : 7 / 10

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