Réalisation : Paul Verhoeven
Scénario : David Birke
Tiré de l'oeuvre de Philippe Djian
Durée : 2 h
Interprétation : Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Anne Consigny, Charles Berling, Virginie Efira, Jonas Bloquet, Alice Isaaz...
Genre : Inabouti
Synopsis :
Michèle fait partie des femmes que rien ne semble atteindre. Elle gère ses affaires comme sa vie sentimentale : d'une main de fer. Sa vie bascule quand elle se fait violer chez elle par un mystérieux inconnu. Michèle ne va pas à la police mais se met à traquer son agresseur. Un jeu étrange entre eux s'installe.
Le retour du cinéaste de Total Recall presque dix ans après la sortie en salles du brillant Black Book était attendu de la part de pas mal de cinéphiles. Le cinéaste n'était pas forcément attendu en France ainsi qu'avec une critique d'une telle unanimité de la part de la presse au Festival de Cannes. Lui qui a toujours suscité comme Brian De Palma la controverse, ma curiosité fut alors aguichée malgré la bande annonce assez rebutante. Quelques jours après le visionnage, je reste toujours assez partagé sur le film.
Un peu comme le scénario du film, je ne sais pas trop par où commencer. Le film a énormément de thèmes intéressants (plus ou moins clichés) dont malheureusement je trouve rien n'est approfondi et encore moins abouti. Ce sera pareil pour toutes les nombreuses pistes qui se retrouvent toutes secondaires pour laisser place en premier plan au jeu d'Isabelle Huppert, qui reste hélas dans la caricature de son jeu habituel. Le scénario oscille entre la comédie, la perversion, le deuil, le regret, la mort (soit un peu tout ce qu'aime le cinéaste) mais aucune dramaturgie ou axe directionnel ne semble orienter tout cela vers quelque chose de précis et de vibrant. Elle ressemble à un patchwork du cinéma de Paul Verhoeven distrayant mais qui ne décolle jamais faute à une non écriture, une non intrigue et un jeu souvent plat ou faux des interprètes.
Dans tout cela il y a de bonnes choses, des moments comiques plutôt réussis et des pistes d'interprétations intrigantes à souhait quant au passé de cette femme et cette famille. On en revient même à se demander si le cinéaste ne veut pas innover dans le thriller plus subtil qu'à l'accoutumée. Le cinéaste y parvient des fois mais c'est bien trop rare, c'est avec les gros sabots qu'il se sent toujours le plus à l'aise. Pendant deux heures le scénario nous dépeint une femme super intéressante sur le papier mais tout reste linéaire et plat, un peu comme si le cinéaste était dès le début fatigué de suivre cette femme presque aussi nuancée et morte socialement que Rachel Stein dans Black Book.
Le film est aussi riche en thème que vide dans son développement. Beaucoup de pistes narratives nous sont présentées pour finalement que ne pas être abordées. On peut reprocher au film de ne pas aller au fond des choses, tout comme une multitude d'intrigues secondaires, distrayantes certes, mais en majorité sans saveurs et vraiment inutiles pour la suite de l'histoire et parfois la narration. Moi qui aime beaucoup les films du cinéastes là je trouve que pour le coup c'est assez raté. Surtout parce que je pense que la démarche du film n'est pas franche ni sincère. Elle est un film comme Passion de Brian de Palma, un retour d'un cinéaste qui ne marche plus, ou ne colle plus au moule Hollywoodien et qui est dans ses thèmes récurrents. Seulement je trouve que Brian de Palma est plus honnête et franc du collier que Paul Verhoeven. Même si je dirai qu'Elle est plus interessant que Passion il est beaucoup plus fade, beaucoup plus anecdotique. Comme pour le film de De Palma on reste formellement proche du téléfilm moche qui marque la fin d'un cinéaste qui se répète ou qui ne retrouve plus la forme d'antan, et ce sur toutes les coutures.
Un film est souvent réussi par l'honnêteté du metteur en scène dans son histoire et ici je trouve qu'Elle est assez anecdotique avec le jeu (sans risque) d'Isabelle Huppert toujours adulé par les critiques et des thèmes tellement nombreux qu'on ne peut pas dire que le film ne soit pas intéressant. Un peu comme si on m'avait offert six mignardises et qu'on me demande de noter le repas, je conclurai que ce dernier film de Paul Verhoeven est bien maigre et ne renoue ni avec la forme ni avec le fond et encore moins les brillants ressorts scénaristiques d'antan. Black Book avait des défauts de finesse propre au cinéaste mais balayés par un sens de la mise en scène et dramatique fort. Elle a tout de moyen et s'avère être un exercice de style raté. Comme je doute toujours des intentions principales du film, je ne crierai pas au navet mais assurément de déception.
Note : 4 / 10
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