Réalisation : Jean-Marc Vallée
Scénario : Bryan Sipe
Durée : 1 h 40
Interprétation : Jake Gyllenhaal, Naomi Watts, Chris Cooper, Judah Lewis...
Genre : Burn out version Ikea
Synopsis :
Banquier d'affaires ayant brillamment réussi, Davis commence à voir son mariage battre de l'aile. Il a un accident de voiture dont il sort presque indemne contrairement à sa femme, tuée sur le coup. Sur l'instant, il ne ressent rien et dans la salle d'attente un distributeur automatique ne veut pas lui donner ses M&M's. Il décide durant l'enterrement de sa femme d'écrire à la société privée des distributeurs pour faire une réclamation ainsi que de raconter sa vie. Un soir Karen Moreno, la responsable du service client, l'appelle en lui disant que ses lettres l'ont bouleversé. Ils vont alors se rencontrer. Davis de son côté a besoin de tout détruire autour de lui pour mieux se reconstruire.
Le deuil est un thème toujours intéressant. C'est d'ailleurs peut-être ce qui m'a poussé à aller voir le dernier film de Jean-Marc Vallée. Après Dallas Buyers Club, le cinéaste s'empare à nouveau d'un sujet intéressant et confirme son attachement pour les personnages solitaires à la recherche de survie après un drame, et surtout d'eux même. Une nouvelle fois le sujet est plus intéressant que le film en lui-même. Un manque de personnalité se ressent dans l'écriture et la mise en scène.
Que ce soit dans la mise en scène comme dans le scénario, tout est trop peu inspiré, peu approfondi pour convaincre. On dirait que le cinéaste ne croit pas vraiment à son sujet et alterne les moments d'humours et d'émotions sans originalité et sincérité. Un peu comme Her de Spike Jonze, Demolition est un film pour hyspter qui a une bonne idée et des thèmes passionnants mais qui s'oriente rapidement vers un produit classique et vain. Dieu merci l'interprétation sauve l'ensemble de l'ennui qui aurait pu nous prendre rapidement s'il n'y avait pas un si bon casting.
Le film en soit n'est pas mauvais. Il est bien réalisé, proprement écrit et les acteurs procurent l'énergie et la justesse nécessaire. Je trouve que le scénario est soit trop sérieux ou pas assez dans son sujet. Ce n'est ni une comédie noire sur le Burn out, ni un drame subtil et fort sur le deuil, mais un peu des deux ou l'écriture alterne sans grande conviction ni originalité. Le cinéaste fait le boulot de mettre ça en scène de manière assez académique mais sans véritablement prendre partie lui non plus au personnage principal, ni aux sujets du film. Du coup on a un film formaté pour le festival de Sundance. Typiquement le même reproche que l'on peut faire à beaucoup de films, notamment ceux de Richard Linklater ou de Jason Reitman (ici producteur d'ailleurs). Le scénario manque de rebondissements, de finesse, de tour de force mais pas de fraîcheur. Dommage qu'il reste tout le long si superficiel sur la psychologie de Davis et qu'il n'approfondisse pas plus le personnage de Karen. La narration se contente trop rapidement de seulement raconter des faits plats et déjà vu.
J'avais découvert Jean-Marc Vallée avec son premier film C.R.A.Z.Y, qu'on aime ou pas, qui réussissait un juste équilibre entre le documentaire et la fresque familiale avec profondeur et maîtrise. Quand le cinéaste est arrivé à Hollywood, il a perdu sa personnalité et ses films sont finalement trop insipide pour marquer. L'idée originale et le casting sont plus aguicheurs que le film en lui même et ressemble à tous les drames ou les feel good movies aux ficelles classiques. Comme après Her, je suis ressorti de la salle distrait mais avec une pointe d'amertume et de déception. Celle de ne pas avoir un film plus original, plus profond et surtout avec quelque chose de plus long à raconter qu'un court métrage après deux heures de film.
Demolition est donc un film séduisant par son idée de base et son casting mais il est hélas trop calibré pour les festivals et totalement impersonnel. Il est finalement assez anecdotique avec une dose de feel good movie, des acteurs à la mode et des sujets qui touchent du monde. Heureusement que Jake Gyllenhaal a du talent (autant que Joaquin Phoenix dans Her), à lui seul il donne du mouvement,de l'émotion, du charme au script qui en manque trop souvent. Le jeu de l'acteur est la seule personnalité du film et les fans de l'acteur se régaleront donc une nouvelle fois. Bien sûr il y a pire que ce film (La rage au ventre) mais il y a surtout bien meilleur (Night Call) avec ce brillant acteur qui fait parti des grands que les Oscars boudent. Alors, a quand l'oscar pour Jake ?
Note : 4 / 10
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