mardi 1 mars 2016

Kundun



Réalisation : Martin Scorsese
Scénario : Melissa Mathison 
Durée : 2 h 10
Interprétation : Tenzin Thuthob Tsarong, Gyurme Thetong, Tulku Jamyang Kunga Tenzin...
Genre : Fresque contemplative

Synopsis

La vie du Dalaï Lama de son plus jeune âge à l'invasion du Tibet par l'Armée de Mao à son exil en 1959. 

Beaucoup considéreront que Kundun est un film de Martin Scorsese mineur. Pour moi même ce n'est également pas mon préféré, je le trouve un peu long et avec pas mal des pistes scénaristiques classiques. Il souffre aussi de la comparaison de la belle fresque de Bernardo Bertolucci Le dernier Empereur

On se laisse cependant prendre avec un certain plaisir par la dimension beaucoup plus contemplative du cinéaste que l'on avait vu dans La dernière tentation du Christ ou des années plus tard dans le documentaire fabuleux sur George Harrison. On se laisse prendre également par la psychologie de ce jeune homme auquel on s'identifie sans beaucoup de mal.  La belle photographie nous plonge dans les somptueux paysages du Tibet et de la Chine de l'époque. Les belles reconstitutions sont filmées soigneusement avec une mise en scène un peu plus figée que dans les fresques précédentes du cinéaste. 

Le réalisateur part à l'opposée en terme de montage de son précédent film Casino. Il est beaucoup plus sobre et sérieux dans son travail, souvent même trop respectueux à son sujet et les idéologies. Son travail colle au sujet et à la psychologie et la dramaturgie du Dalaï Lama mais cependant Scorsese se retrouve un peu comme à l'époque face au Christ, trop respectueux avec la religion. C'est aussi tout à son honneur mais c'est un peu handicapant pour le film. Du coup le film reste un peu trop neutre quand on suit ce personnage qui peine à se construire des repères et à se confronter au monde adulte du début à la fin. Kundun est un peu une seconde version du dernier Empereur. Le scénario est moins développé mais la mise en scène a une forme plus contemplative. Si le film a le mérite d'être par moment passionnant et riche dans ses thèmes et l'Histoire, il reste cependant beaucoup moins flamboyant et dense que les grands films ou personnages Scorsesiens. Il y a pourtant beaucoup des thèmes du cinéaste, notamment cette récurrence du choix entre le bien et le mal, mais tous ont une portée plus philosophique. De manière générale le cinéaste est bien plus à l'aise quand il a un support concret, matériel et avec une écriture plus dramatique. Ici il travaille avec une certaine fascination sur un projet qui lui tient à coeur et qui possède beaucoup de pistes de réflexions. Cependant il y a beaucoup moins de pistes dramatiques fortes ce qui le freine aussi de tout élan. Cela reste quand même une drôle de Disney, bien plus intelligente et moins bien pensante que la plupart des productions sur un tel sujet. 

Kundun peut fasciner autant qu'il peut ennuyer, tel un film de Francis Ford Coppola. C'est aussi dépaysant qu’intéressant pour ma part mais ce n'est pas le film du cinéaste que je revois souvent avec le plus de plaisir. Pour le cinéaste, cette escale lui a fait faire une pause pour changer de fusil d'épaule. Il passe de son grand Casino à un autre film majeur de sa filmographie : A tombeau Ouvert

Note : 6 / 10

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