Réalisation : Martin Scorsese
Scénario : Robert Getchell
Durée : 1 h 50
Interprétation : Ellen Burstyn,
Kris Kristoffersen, Alfred Lutter, Harvey Keitel, Jodie Foster...
Genre : Cassavetes à Hollywood
Synopsis :
Depuis l'âge de huit ans, Alice n'a
qu'un seul rêve : celui de devenir chanteuse. Vingt sept ans
plus tard elle quitte sa ville du Nouveau Mexique après la mort
soudaine de son époux. Débarrassée de son mari violent et de femme
au foyer elle se lance sur les routes avec son jeune garçon à la
poursuite de son rêve d'enfant. Livrée à elle-même et à la merci
du moindre profiteur, elle va vivre un vrai parcours initiatique.
Alice n'est plus ici était à
l'origine un projet de l'actrice Ellen Burstyn. L'actrice après avoir eu du mal à trouver les fonds cherchait
un cinéaste qui pourrait mettre en scène le scénario écrit depuis déjà quelques mois. C'est alors que par l'intermédiaire de John Cassavetes et le bruit de Mean Street par les critiques de cinéma, le nom de
Martin Scorsese lui fut suggéré. Quand Burstyn a visionné Mean Street,
elle a directement voulu engager le futur réalisateur de Taxi
Driver. Une aubaine pour le cinéaste qui accepte et se voit pour la
première fois entrer dans les studios hollywoodiens. Aujourd'hui
encore si ce film reste mineur dans la filmographie du cinéaste, on
retrouve un savoir faire référencé intemporel et une interprétation brillante.
Le film a l'originalité de
mettre une femme moderne pour l'époque en tête
d'affiche. Alice est en quelque sorte un peu l'Erin Brockovitch de Steven Soderbergh des
années soixante dix avec une trame plus mélodramatique que politique.
L'interprétation de l'actrice reste toujours très convaincante et elle n'a pas
volé son Oscar. Seulement c'est la façon dont le cinéaste
contourne tous les clichés qui fascine le plus. Avec une réalisation très
sobre, il met en avant les acteurs tous remarquables. A défaut
d'être original et captivant, le scénario reste souvent intéressant
car il dépeint une héroïne aussi naïve qu'attachante. Un peu
comme plus tard avec Rupert Pupkin dans La Valse des Pantins,
Scorsese rend assez pathétique le personnage d'Alice et l'observe de loin se battre dans un monde en crise et surtout ici très machiste. Comme Pupkin,
Alice n'est ni bonne ni mauvaise dans le domaine où elle souhaite
percer. Elle n'ira hélas pas aussi loin que Pupkin dans sa détermination tout comme le film d'ailleurs. Le cinéaste émaille cependant avec une certaine délicatesse inédite dans les studios et dans le genre une psychologie très bien troussée. On
reste attaché au personnage principal ainsi qu'à ses sentiments et ses convictions (on parviendrait même à y croire à la fin). Tout est fait avec justesse et avec une grande sincérité à laquelle on ne peut rester insensible.
Un Scorsese différent vous dirons
certains. Je ne crois pas tant que ça. On retrouve sous cette
intrigue sentimentale une violence et une démarche documentaire
toujours chère au cinéaste. On trouve également une mise en scène
toujours référencée au Magicien d'Oz de Victor Fleming (très
flagrant visuellement dans l'introduction du film) mais aussi une nouvelle fois une superbe
direction d'acteur. On sent que Scorsese s'attache plus à
l'interprétation qu'autre chose dans ce film de commande. Du côté de la mise en scène et du montage on
retrouve des plans tous bien travaillés dont on retrouve parfois la
photographie et le cadrage de son prochain film Taxi Driver. Parfois on a
des petites envolées techniques par des travellings nerveux typiques du cinéastes qui
insufflent un rythme nécessaire. On retrouve un Harvey Keitel
flippant et une méconnaissable Jodie Foster, tout deux avant Taxi
Driver.
Alice n'est plus ici est en quelque
sorte de Magicien d'Oz version John Cassavetes mais à la recette Hollywoodienne de
l'époque. Un peu vain dans le fond mais avec quand même suffisamment de pointes
d'humours et de noirceurs pour rendre le film toujours intéressant aujourd'hui. Malgré son scénario
taillé pour en faire un téléfilm de l'après midi, Martin Scorsese
réalise un film absolument pas niais et très sobre qui
fonctionne toujours bien. Par la subtilité du cinéaste et
l'investissement des acteurs le film dépeint une époque, des mœurs
et une femme en plein changement qui nous captive du début à la
fin. Un film toujours d'actualité et qui vaut le coup d’œil.
Note : 7 / 10
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