Réalisation : Giulio Ricciarelli
Scénario : Elisabeth Bartel et Giulio
Ricciarelli
Durée : 2 h
Interprétation : Alexander Fehling,
André Szymanski, Friederike Becht, Johann Von Bulow...
Genre : Passionnant
Synopsis :
En 1958 en Allemagne, un jeune
procureur découvre des pièces essentielles permettant l'ouverture
d'un procès contre d'anciens SS ayant servi à Auschwitz. Il doit
faire face à de nombreuses hostilités dans cette Allemagne d'après
guerre. Détermine il fera tout pour que les allemands ne fuient pas
leur passé.
Deux grandes raisons d'aller voir ce
film. La première, qui est pour laquelle je suis allé le voir, est
le contexte historique sur l'après guerre en Allemagne quasiment
jamais traité au cinéma. La seconde parce que c'est simplement un
excellent film.
Un homme dans la rue cherche du feu pour s'allumer une cigarette et s'en voit
proposer par un professeur à travers une grille d'école. Il reconnaît alors du regard
que cet instituteur est un ancien SS d'Auschwitz. La
formidable scène d'introduction donne le ton sur ce qu'il va suivre.
Elle est d'une force mais aussi d'une ambiguïté totale qui nous plonge dans
l'état de choc et le contexte de l'époque en quelques secondes. Le film est très
académique au niveau de sa mise en scène, sans être scolaire non
plus, ce qui lui enlève un peu le statut de chef d'œuvre du cinéma. Seulement le
reste est une totale réussite tant tout est passionnant de bout en bout, que ce soit dans l'écriture et le sujet. Sur ce thème on repense au très bon
film de Costa Gavras Music Box mais en moins romancé ici. C'est un film
dossier absolument pas massif et bien loin de tous les clichés du
genre qui nous offre un témoignage essentiel et un beau morceau de bravoure scénaristique.
Le montage est très rythmé et
l'écriture à la forme d'un thriller virtuose parfaitement dosé et qui n'entre
dans aucune case de genre et encore moins des films à thèses. Ce
film est très documenté, bien interprété et surtout ne possède
pas un brin de pathos, une force sûre et essentielle pour traiter un tel sujet. Le labyrinthe du silence est un vrai plaisir
de cinéma où l'émotion, le suspense, l'espoir mais aussi le côté
historique de cette époque oubliée sont brillamment traités et sans aucunes esbroufes pour le spectateur. Ce dernier ressort du spectacle ému et impliqué dans ce sujet fort, sans pour autant être plombé. On a aussi jamais l'impression de suivre un cour pédagogique.
Voilà surtout la grande force de ce film où le sujet et le film sont tous les
deux aussi passionnant l'un que l'autre. Rien dans les thèmes et les ressorts n'est de calibré. Tout est nuancé et particulièrement juste et sobre. Très
intéressant politiquement et psychologiquement dans cette génération faite sur l'oubli et la non connaissance, la grande force de
ce film est d'être avant tout d'une grande maîtrise dans toutes les pistes qu'il prend. Jamais on ne
s'ennuie et à la fin ni frustré ni assommé de détails plombants. Rien est de trop ou pas assez
développé.
Le labyrinthe du silence est donc un film
passionnant sur une partie historique qui l'est tout autant. C'est
classique mais absolument pas lourd et bateau comme un film à Oscars, comme par exemple Imitation Game de Mortem Tyldum sorti cette année, car elle dessert le
sujet. Objectivement dans la forme nous avons droit a un thriller élégamment
écrit et interprété jamais frustrant, sans aucune artifice et d'une émotion d'une justesse absolue. Après l'excellent Phoenix de
Christian Petzold sorti en début d'année, voici une deuxième perle
du cinéma allemand à ne rater sous aucun prétexte. Évidemment la
distribution en salles n'est pas à la hauteur de la qualité du film
et de son message. Précipitez-vous en salles !
Note : 9,5 / 10
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