Réalisation : Alejandro Gonzalez Inarritu
Scénario : Armando Bo, Alexander Dinelaris, Nicolas Giacobone et Alejandro Gonzalez Inarritu
Durée : 1 h 55
Interprétation : Michael Keaton, Edward Norton, Zach Galifianakis, Naomi Watts...
Genre : Bombe mouillée
Synopsis :
Riggan Thomson était mondialement connu pour avoir interprété le super-héros Birdman. De cette célébrité il ne lui reste plus grand chose et il tente de monter une pièce de théâtre à Broadway pour renouer avec la gloire. Avant la première Riggan va devoir affronter les acteurs, ses proches, sa famille, ses rêves, son passé et surtout son égo ...
Techniquement Birdman est
impressionnant. Un peu comme si All That Jazz de Bob Fosse était
retourné à la manière de Gravity. Le fait de donner l'illusion
d'un immense plan séquence est à mon avis autant la force que la
faiblesse du film. L'interprétation des acteurs ainsi que le rythme
endiablé de la caméra sont suffisamment époustouflants pour rendre
l'ensemble du film plutôt bon. On pardonne un peu un scénario qui manque de
prises de risques par des scènes d'émotions et des parties plus
intimistes assez plates par rapport au reste.
On retrouve avec Birdman le réalisateur
de 21 grammes à des centaines de lieues de son style pour notre plus
grande surprise. On ne reconnaît que sa rigueur technique
habituelle et c'est le gros point fort du film. Si Birdman se veut un ovni, il ne l'est pas vraiment.
C'est un film atypique certe mais avec des ficelles et des intentions bien
plus sages et bridées que l'image et l'univers qu'il souhaiterai
critiquer et dépeindre. Le film est trop lissé ,compacté dans le moule
hollywoodien pour séduire vraiment. Le cinéma et le métier
d'acteur est toujours un sujet intéressant des cinéastes en ont fait des chefs-d'oeuvre (comme Robert Aldrich dans Qu'est il arrivé à Baby Jane ?). L'idée de base est aguicheuse avec le mélange de fantastique et de film
choral de filmé de manière virtuose. On pense clairement a un
croisement entre Robert Altman et de Bob Fosse, ou de Paul
Thomas Anderson et de Darren Aronofsky aujourd'hui. Le cinéaste nous
avait alors jusqu'à aujourd'hui habitué a des histoires travaillant
beaucoup sur les points de vue extrapolés pour mettre en place des
drames noirs particulièrement forts. Avec Birdman c'est une toute
nouvelle aventure pour le cinéaste qui ne réalise ici hélas qu'une
comédie plus douce que grinçante sur le milieu.
La mise en scène aussi parfaite et soufflante soit elle en pâtit à cause du scénario parfois trop plat et de manière générale trop sage rendant la technique un peu comme un petit pétard mouillé. Le scénario ne propose que des pauses au public par
des fades et banales touches d'émotions qui désamorcent
toute l'originalité et la force du film. Dommage car les pointes de
fantastique et de psychologie sont tout de même bien amenées, même si
elles se démarquent pas plus les unes que les autres.
Tout est au donc même niveau, le ton et le fond du film manque de cachet pour en faire
un chef d'œuvre avec de la fièvre et de la grâce. Tout est axé et porté par le personnage interprété avec grande élégance
par Michael Keaton. Une mise en abîme bien vue et assez jouissive sur un personnage qui
représente seulement un super héros aux yeux de tous le monde, à
l'image de l'acteur qu'il interprète. On retrouve donc dans Birdman un sujet
intéressant avec un concept rare et une technique impressionnante.
Seulement le film aurait mérité de prendre moins de chemins
narratifs (ou de facilités ?) et de s'attaquer de manière plus
frontale, incisive et bien plus ferme sur un ou deux des sujets abordés. Et surtout à l'image de la
fougue de la mise en scène qui font passer les deux heures assez rapidement. Si la technique reste virtuose et
impressionnante, le scénario manque de cachet et on apprécie
finalement que les acteurs grandioses que l'on prend plaisir à revoir. L'écriture est trop fade et
pas assez couillue pour parler de grand film. On est loin de l'état
de grâce donné dans Black Swan et All That Jazz où la mise en scène
était merveilleusement au service d'un script à peine plus
sophistiqué que celui de Birdman. Tout est plus distrayant à suivre qu'un coup de maître qui prend au tripes.
Quant à la bande son
elle est moyennement convaincante. On a droit a de répétition de
batterie omniprésente qui est justifiée et donne l'effet d'un film
de Paul Thomas Anderson qui ne s'arrête jamais. Plutôt fatigant à
la longue je dois avouer et c'est dommage que cela soit mêlé avec
des morceaux composés trop fades pour emporter l'adhésion. Birdman
est un film assez atypique dans le paysage du
cinéma contemporain mais il fait un peu l'effet d'une bombe mouillée
: les intentions de bases ne suivent pas la virtuosité de la mise en
scène. Comme Hitchcock avait réalisé La Corde à l'époque, on ne retiendra qu'un exploit technique bluffant et un moment de cinéma plus intelligent et agréable que les autres. A voir quand même car c'est toujours mieux et plus intelligent
qu'un film comme Gravity. Sans complètement voler son Oscar, il ne vaut pas la démarche d'un film moins technique mais bien plus intelligent et pêchu comme Night Call sorti l'an dernier.
Note : 6 / 10
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