Réalisation : Richard Attenborough.
Scénario : William Goldman tiré de son propre roman Magic.
Durée : 1 h 45
Durée : 1 h 45
Interprétation : Anthony Hopkins, Ann Margret, Burgess Meredith...
Genre : Docteur Joke et Mister Hopkins.
Synopsis :
Corky, un magicien humilié lors de son premier spectacle sur scène, trouve l'idée de faire son show avec une marionnette. Il devient progressivement possédé par sa marionnette ce qui l'entraîne à commettre des actes diaboliques.
Sorti dans la fin des années soixante dix, Magic est un excellent thriller psychologique qui vaut son pesant d'or et surtout la peine d'être redécouvert puisqu'il est injustement tombé dans l'oubli en plus d'être très difficile à se procurer en dvd pour problème de droits. Cette transparence, cet oubli de réputation est en soit bien triste pour ce film car au final le résultat est à la hauteur des plus grands films.
Il y a plusieurs raisons de redécouvrir ce film. La première sera sans doute, comme pour pas mal de monde, voir une des premières prestations d'Anthony Hopkins. La seconde voir un film de Richard Attenborough, l'acteur et réalisateur prolifique de films à oscars aux reconstitutions grandioses (Un pont trop loin, Gandhi ou encore Chaplin) qui ont le cachet de grands classiques du cinéma se frotter au genre du thriller. Mais je vais commencer par la troisième raison : William Goldman. Si ce nom ne vous revient pas, c'est le scénariste de Butch Cassidy et Billy The Kid, Les Hommes du président ou encore Misery. Tout comme pour Magic, Goldman est également responsable du scénario des adaptations à l'écran de ses propres romans : Marathon Man et de Princess Bride, .
Le scénario est un fabuleux travail d'orfèvre qui se concentre de plus en plus rapidement vers le huis clos psychologique exactement sur la même démarche de Misery. Si Goldman reprendra le savoir faire de Magic pour le brillant film de Rob Reiner, tiré du roman de Stephen King, le script ici est d'une richesse particulièrement touchante sur le personnage de Corky. Effrayant et ambigu tout comme pathétique et touchant, Corky est un peu Norman Bates de Psychose mêlé à Rupert Pupkin de La valse des pantins. Un homme timide et transparent tout le temps en verve qui fait ressortir à travers sa marionnette son double machiavélique et pervers. Lui ne connaît pas le succès alors que son double oui et cela même hors de la scène, dans le quotidien. Ce succès le pousse a vraiment laisser ressortir son double en lui assez rapidement à ne plus vouloir s'en passer. Le scénario est un formidable travail entre Corky et sa marionnette Fats. Une métamorphose progressive sous forme d'une discussion de schizophrène intrigante et touchante par le passé tortueux et rempli de regrets de Corky. C'est d'ailleurs l’échappatoire où il se réfugie lorsqu'on le soupçonne d'avoir des problèmes mental. Profiter de la ressortie un peu de lui même par cette marionnette pour reconquérir son amour de lycée. Le scénario lorgne entre le fantastique, la drôlerie et le suspense psychologique et avec un machiavélisme pour le moins flippant. Un traitement formidablement maîtrisé de bout en bout.
Quant à la mise en scène elle est sobre et extrêmement efficace. C'est exactement comme chez Rob Reiner, sur un scénario béton et une mise en scène qui va a l'essentiel, aucune fioriture n'est au programme et le tout est maîtrisé de A à Z. Du caviar. On ne peut pas reprocher au cinéaste d'être impersonnel cette fois car justement c'est toute cette sobriété qui fait la force psychologique du film. Attenborough utilise un montage rythmé rempli de plans fixes de plus en plus resserrés ainsi que des champs contre champs nets et précis dans la pure tradition Hitchcockienne qui met au maximum en valeur la force du scénario. Si la direction d'acteur est impeccable (je vais y revenir) on saluera le travail du grand compositeur Jerry Goldsmith particulièrement inspiré pour nous rendre une composition flippante à souhait par un thème aux allures anodins. Le cinéaste sait très bien ici utiliser la bande originale pour redonner des coups de tendeurs à la tension grimpante de sa mise en scène. Un travail exemplaire.
Anthony Hopkins comme d'habitude est excellent. Avant de jouer dans Elephant Man et d'être considéré comme le Hannibal Lecter si connu, sa prestation ici est d'une justesse une nouvelle fois magistrale. Alors qu'il fait aussi la voix de Fats, il brille et porte le film quasiment intégralement car il n'y a pas beaucoup de personnages autour de lui dans le scénario pour le déranger. Il est constamment dans la pure ambiguïté par son côté pathétique et attachant de timide en verve complètement frustrés et stressant que dérangeant par son regard lascif et aux intentions imperceptibles qui ressortent du début à la fin. Si les autres acteurs autour sont bons également, Hopkins est la seule grande plaque tournante parfaite du film pour notre plus grand plaisir. Un peu comme Kathy Bates dans Misery, l'interprétation monstrueuse est inoubliable. On ne peut que rapprocher Magic à Misery une nouvelle fois pour cela.
Ce magnifique thriller psychologique, sans prétention et d'une grande efficacité ne vieillit absolument pas avec le temps. Dommage qu'il soit si dur à se procurer car je ne pourrai que solliciter l'investissement d'un tel film étant donné la rareté des films de cette qualité dans le genre. Je le classe au même titre que Misery comme un fabuleux thriller à l'ancienne, simple et honnête avec une très grande richesse psychologique. Nous sommes là dans du grand cinéma comme on en fait plus et voit très (trop) rarement.
A (re)découvrir sans aucune hésitation.
A (re)découvrir sans aucune hésitation.
Note : 9 /10
Le dévédethèque parfaite dans le même genre :
Misery de Rob Reiner, La valse des pantins de Martin Scorsese et Psychose d'Alfred Hitchcock
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