mercredi 28 mai 2014

The Grand Budapest Hotel




Réalisation : Wes Anderson.
Scénario : Wes Anderson et Hugo Guiness.
Durée : 1 h 40
Distribution : Ralph Fiennes, Tony Revolori, Wilem Dafoe, Edward Norton...
Genre : Le musée Grévin de Wes Anderson

Synopsis :

Les aventures de Gustave H, l'homme aux clés d'Or d'un célèbre Hôtel de l'entre-deux Guerre et du garçon d'étage Zéro Moustafa, son allié le plus fidèle. La recherche d'un tableau volé, oeuvre inestimable datant de la Renaissance et un conflit autour d'un important héritage familial forment la trame de cette histoire au coeur la vieillie Europe en pleine mutation.

N'étant pas un très grand fan du cinéma de Wes Anderson, Fantastic Mr Fox ainsi que Rushmore sont particulièrement remarquables par leur symbiose totale entre leur scénario et la mise en scène si atypique du cinéaste. C'est en partie pour cette raison que ces deux films restent mes préférés du cinéaste à l'heure actuelle et celle dont je suis resté totalement hermétique à The Grand Budapest Hotel. Dans ce dernier, le cinéaste se repose uniquement sur sa mise en scène stylisée dans une histoire en poupées russes, au final plus cache misère que virtuose ou innovante.

Dès le départ, le cinéaste file à son habitude à toute vitesse dans son abracadabrantesque scénario et ne prend pas le temps d'installer une atmosphère ainsi qu'une intrigue solide avec ses multiples vignettes de bande dessinées appliquées. Son scénario est sans cesse au service de la démonstration de sa mise en scène. Dans un fouillis interminable, la narration est beaucoup trop alambiquée et au final fait plus poudre aux yeux qu'autre chose. Sans être drôle, ni touchant, le cinéaste déballe son savoir faire pendant une heure quarante qui en paraissent, comme d'habitude, le double. Wes Anderson reste distant entre son sujet et ses personnages et peaufine cette fois uniquement son sens du détail visuel. Le cinéaste s'enferme hélas dans la caricature même de son style. Le script place le maximum d'actions et de personnages dans un espace temps record et case comme il peut son gigantesque casting en oubliant de créer un ton et un point de vue perceptible juste et, surtout, intéressant. On retrouve un hommage au cinéma muet avec du burlesque et une touche d'expressionnisme dans des séquences remarquables mais seulement par un graphisme resplendissant. Ces dernières seraient mémorables si le cinéaste avait prit la peine et le temps de bien les préparer antérieurement et les développer. On a donc droit à une poursuite dans le musée traitée de manière beaucoup trop rapide qu'elle en est carrément frustrante. La scène d'évasion de la prison qui ne s'avère que du pompage de Fantastic Mr Fox. Un gâchis.

Si Ralph Fiennes retrouve des lettres de noblesses dans un rôle avec un personnage sympathique, pas mal du reste du défilés de guest stars sont, certes, très à l'aise mais coincés dans des rôles trop caricaturaux et complètement survolés. Au final on se moque totalement de tout le monde (comme du film d'ailleurs). Tout est tellement calculé, que le charme et l'improvisation n'arriveront jamais. Côté français, Léa Seydoux réussit en deux phrases à confirmer son manque de talent contrairement à Mathieu Amalric qui élargit son jeu international une nouvelle fois avec brio. Quant à la musique d'Alexandre Desplat, elle ressemble beaucoup trop à celle de Moonrise Kingdom. Elle n'est pas mauvaise mais utilisée sans cesse à la limite de l'overdose, à l'image du style du cinéaste. On appréciera cependant quelques transformations comme Willem Dafoe, Tilda Swinton ou Harvey Keitel. Le plus plaisant reste la redécouverte du trop souvent oublié Jeff Goldblum, revoir F Murray Abraham et son talent si bien conservé à faire passer le gros de l'émotion à la toute fin ou encore Adrien Brody dans un rôle à contre emploi plutôt sympathique.

The grand Budapest Hotel est une relecture des contes de Zweig vaine et assez épuisante. Tout le potentiel est inexploité et l'ensemble complètement noyé dans le propre style du cinéaste. Même sans prétention, ce dernier n'évolue pas du tout et s'auto satisfait de son style du début à la fin. Il ne tente rien sauf offrir à ses fans ce qu'ils veulent : voir un film de et "à la Wes Anderson". A la sortie de la séance j'étais avant tout frustré de ne pas être entré dans l'univers ne serai-ce pour partager un moment agréable et décalé avec tout cette pléiade d'acteur. Sans cesse j'ai eu la désagréable impression que le scénario n'était qu'un prétexte pour développer son style son lot de trouvailles visuelles, dont la plupart sont recyclés de ses premiers films. Cela lui permet de surfer avec le succès critique et commercial aujourd'hui à la mode comme l'est Tim Burton ou encore Quentin Tarantino. Wes Anderson est dans le même panier, il ne se renouvelle pas.

Une démonstration de son style exubérante au final plus frustrante qu'agaçante quand on voit les moyens techniques utilisés. Alors que son précédent film Moonrise Kingdom dégageait une nostalgie plutôt sympathique on se retrouve dans cet hôtel plutôt dans un musée de Guest stars à l'effigie du réalisateur. Une sorte de musée Grévin ou Tussaud dont les acteurs et le cinéaste sont les seuls en vie et à s'amuser devant un public qui a de forte chance de rester comme moi : paradoxalement de cire.


Note : 4/10

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