Réalisation : Wes
Anderson.
Scénario : Wes
Anderson et Hugo Guiness.
Durée : 1 h 40
Distribution :
Ralph Fiennes, Tony Revolori, Wilem Dafoe, Edward Norton...
Genre : Le musée
Grévin de Wes Anderson
Synopsis :
Les aventures de Gustave
H, l'homme aux clés d'Or d'un célèbre Hôtel de l'entre-deux
Guerre et du garçon d'étage Zéro Moustafa, son allié le plus
fidèle. La recherche d'un tableau volé, oeuvre inestimable datant
de la Renaissance et un conflit autour d'un important héritage
familial forment la trame de cette histoire au coeur la vieillie
Europe en pleine mutation.
N'étant pas un très
grand fan du cinéma de Wes Anderson, Fantastic Mr Fox ainsi
que Rushmore sont
particulièrement remarquables par leur symbiose totale
entre leur scénario et la mise en scène si atypique du
cinéaste. C'est en partie pour cette raison que ces deux films
restent mes préférés du cinéaste à l'heure actuelle et celle
dont je suis resté totalement hermétique à The Grand Budapest
Hotel. Dans ce dernier, le cinéaste se repose uniquement sur sa
mise en scène stylisée dans une histoire en poupées russes, au
final plus cache misère que virtuose ou innovante.
Dès le départ, le
cinéaste file à son habitude à toute vitesse dans son
abracadabrantesque scénario et ne prend pas le temps d'installer une
atmosphère ainsi qu'une intrigue solide avec ses multiples vignettes
de bande dessinées appliquées. Son scénario est sans cesse au
service de la démonstration de sa mise en scène. Dans un fouillis
interminable, la narration est beaucoup trop alambiquée et au final
fait plus poudre aux yeux qu'autre chose. Sans être drôle, ni
touchant, le cinéaste déballe son savoir faire pendant une heure
quarante qui en paraissent, comme d'habitude, le double. Wes Anderson
reste distant entre son sujet et ses personnages et peaufine cette
fois uniquement son sens du détail visuel. Le cinéaste s'enferme
hélas dans la caricature même de son style. Le script place le
maximum d'actions et de personnages dans un espace temps record et
case comme il peut son gigantesque casting en oubliant de créer un
ton et un point de vue perceptible juste et, surtout, intéressant.
On retrouve un hommage au cinéma muet avec du burlesque et une touche d'expressionnisme dans des séquences remarquables mais seulement par un graphisme resplendissant. Ces dernières seraient mémorables si le cinéaste
avait prit la peine et le temps de bien les préparer antérieurement et les
développer. On a donc droit à une poursuite dans le
musée traitée de manière beaucoup trop rapide qu'elle en est
carrément frustrante. La
scène d'évasion de la prison qui ne s'avère que du pompage de
Fantastic Mr Fox.
Un gâchis.
Si Ralph Fiennes retrouve
des lettres de noblesses dans un rôle avec un personnage
sympathique, pas mal du reste du défilés de guest stars sont,
certes, très à l'aise mais coincés dans des rôles trop
caricaturaux et complètement survolés. Au final on se moque
totalement de tout le monde (comme du film d'ailleurs). Tout est
tellement calculé, que le charme et l'improvisation n'arriveront
jamais. Côté français, Léa Seydoux réussit en deux phrases à
confirmer son manque de talent contrairement à Mathieu Amalric qui
élargit son jeu international une nouvelle fois avec brio. Quant à
la musique d'Alexandre Desplat, elle ressemble beaucoup trop à celle
de Moonrise Kingdom. Elle
n'est pas mauvaise mais utilisée sans cesse à la limite de
l'overdose, à l'image du style du cinéaste. On appréciera
cependant quelques transformations comme Willem Dafoe, Tilda Swinton
ou Harvey Keitel. Le plus plaisant reste la redécouverte du trop
souvent oublié Jeff Goldblum, revoir F Murray Abraham et son talent
si bien conservé à faire passer le gros de l'émotion à la toute
fin ou encore Adrien Brody dans un rôle à contre emploi plutôt
sympathique.
The grand Budapest
Hotel est une relecture des contes de Zweig vaine et assez
épuisante. Tout le potentiel est inexploité et l'ensemble complètement noyé dans le propre
style du cinéaste. Même sans prétention, ce dernier n'évolue pas du tout et
s'auto satisfait de son style du début à la fin. Il ne tente rien
sauf offrir à ses fans ce qu'ils veulent : voir un film de et "à la Wes Anderson". A la
sortie de la séance j'étais avant tout frustré de ne pas être entré
dans l'univers ne serai-ce pour partager un moment agréable et
décalé avec tout cette pléiade d'acteur. Sans cesse j'ai eu la
désagréable impression que le scénario n'était qu'un
prétexte pour développer son style son lot de trouvailles
visuelles, dont la plupart sont recyclés de ses premiers films. Cela lui permet
de surfer avec le succès critique et commercial aujourd'hui à la
mode comme l'est Tim Burton ou encore Quentin Tarantino. Wes
Anderson est dans le même panier, il ne se renouvelle pas.
Une démonstration de son
style exubérante au final plus frustrante
qu'agaçante quand on voit les moyens techniques utilisés. Alors que son précédent film Moonrise Kingdom
dégageait une nostalgie plutôt sympathique on se retrouve dans cet hôtel plutôt dans un musée de Guest stars à l'effigie du
réalisateur. Une sorte de musée Grévin ou Tussaud dont les
acteurs et le cinéaste sont les seuls en vie et à s'amuser devant
un public qui a de forte chance de rester comme moi : paradoxalement de cire.
Note : 4/10
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire