Réalisation
: Steve McQueen
Scénario
: John Ridley
Durée
: 2 h 10
Distribution
: Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, Paul Dano...
Genre
: Téléfilm à oscars.
Synopsis
:
Quelques années avant la Guerre de Sécession aux Etats-Unis,
Salomon Northup, jeune homme noir originaire de l'Etat de New York,
est enlevé et vendu comme esclave. Il sera esclave douze années
avant de rencontrer un abolitionniste canadien qui va lui rendre sa
liberté perdue.
12
years a slave était le film à voir en ce début d'année 2014
et certainement celui qui reçoit le plus d'éloges positives de la
part de la presse et des spectateurs. Tout comme pour Django
Unchained de Quentin Tarantino l'an dernier (et en plus sur le
même thème), ce fut pour moi une nouvelle fois une grande
désillusion : j'ai détesté.
Si
l'interprétation est plutôt bonne (Fassbender en particulier) et la
photographie relativement soignée, le film de Steve McQueen (II)
n'est qu'une dissertation d'un élève de sixième bien documenté
sur le sujet. 12 Years a Slave n'a pas de scénario mais un
enchaînement d'étapes alignées les unes derrière les autres, le
tout dans une démarche pédagogique pour le moins horripilante. Pas
de tensions, pas de ton, pas de point de vue et avec en prime une
palette de personnages composée uniquement de gentils (noirs, sauf
Brad) et de méchants (sauf Brad, blancs). On a droit à un film tout
ce qui a de plus manichéen, absolument pas subtil et encore moins
ambigu. Cerise sur le gâteau, Brad Pitt (producteur également)
interprète le bon samaritain, sauveur de notre héros, et démontre
un fois de plus que le film n'est qu'une plate panoplie de clichés
qui s'enchâssent mollement les uns derrière les autres. Seulement,
le pire de la part du réalisateur reste la violence physique, par
ailleurs souvent gratuite, utilisée comme unique et ultime moyen
d'émotion sur le spectateur. Le tout alourdi par la bande originale
d'Hans Zimmer tout droit sortie d'un film de Christopher Nolan. Si
cette dernière est utilisée en parcimonie, elle est trop souvent
mal exploitée et rend le film pompeux et encore plus abominable
qu'il ne l'est à la base... C'est un véritable massacre.
Le
cinéaste est également très lâche : il signe un film tout ce qui
a de plus bâtard, un résultat à deux facettes qui se distinguent
très facilement :
D'un
côté on a franchement un film commercial, très larmoyant, avec
beaucoup de mélo... En bref, très grand public. Le tout est
accablant d'académisme afin de plaire aux professeurs des écoles
nationales, et même de cinéma. Tout est filmé de manière si
conventionnelle, si impersonnelle qu'on se demande si ce n'est pas un
film commandé par la Maison Blanche calibré pour les écoles
américaines.
D'un
autre côté et de manière très franche là aussi, on regarde un
film d'auteur bien ennuyeux, bien vide, bourré de longs plans aussi
prétentieux qu'inutiles sur rien du tout. Quand Steve McQueen (II)
s'autoproclame faire du « vrai cinéma », on ne doit pas
avoir la même définition du cinéma lui et moi. Le cinéma c'est
avant tout avoir un point de vue, un ton à défendre, ce que ce film
n'a absolument pas.
12
Years a Slave n'est donc pas du « vrai cinéma » pour
moi, mais plutôt un film scolaire sans aucune touche d'auteur
sincère. McQueen (II) ne fait que du mélo raté et cliché. On a
tendance à critiquer Spielberg à cause de son trop d'émotions
grand public, le tout sur des sujets graves, mais en tant que grand
cinéaste c'est assumé de A à Z et il offre un style qui plaît ou
pas. Chez McQueen (II) que nenni, que dalle ! C'est une plate
illustration d'une belle histoire faite pour les oscars. Certes
c'était hélas une réalité mais plus de deux heures à démontrer
explicitement ce que l'on savait déjà, c'est tout de même plus que
pas grand chose, une sacrée arnaque.
Le
thème de l'esclavagisme n'a toujours pas trouvé de cinéaste à la
hauteur. Tarantino et McQueen ont chacun fait tout pour plaire au
maximum, par différents procédés. Si l'un abuse de son style à en
vomir, l'autre en fait la totale liposuccion. Les deux en oublient
d'en faire des films avec un point de vue honnête et intelligent. Au
lieu de cela, ils se regardent surtout filmer de manière extrêmement
prétentieuse, ce qui fait de 12 Years a Slave
un téléfilm poseur à oscars. Dans le fond comme dans la
forme, c'est le néant total, ce qui rend ce film détestable.
Note
: 2,5 /10