Réalisation et scénario : Quentin Tarantino
Année : 2013
Durée : 2 h 45
Distribution : Jamie Foxx, Christoph Waltz, Leonardo DiCaprio...
Genre : Le bon la brute et Tarantino
Synopsis : Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Dr King Schultz, un chasseur de primes allemand, fait l’acquisition de Django, un esclave qui peut l’aider à traquer les frères Brittle, les meurtriers qu’il recherche. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté lorsqu’il aura capturé les Brittle – morts ou vifs. Alors que les deux hommes pistent les dangereux criminels, Django n’oublie pas que son seul but est de retrouver Broomhilda, sa femme, dont il fut séparé à cause du commerce des esclaves… Lorsque Django et Schultz arrivent dans l’immense plantation du puissant Calvin Candie, ils éveillent les soupçons de Stephen, un esclave qui sert Candie et a toute sa confiance. Le moindre de leurs mouvements est désormais épié par une dangereuse organisation de plus en plus proche… Si Django et Schultz veulent espérer s’enfuir avec Broomhilda, ils vont devoir choisir entre l’indépendance et la solidarité, entre le sacrifice et la survie…
Après Inglorious Basterds que je n'avais pas trouvé très réussi malgré une bonne introduction et une véritable révélation (Christoph Waltz), je suis hélas ressorti de Django unchained avec la même déception. Si la mise en scène du cinéaste est moins tape à l'œil, le scénario loin des ses copiés - collés habituels, le film ne vaut hélas que pour son casting et deux ou trois bonnes trouvailles qui méritent d'être soulignées. Tarantino signe une caricature fade de son cinéma plus ennuyeuse et vide que pêchue et fraîche qu'à l'accoutumée.
On peut penser que Quentin Tarantino voulait signer avec Django unchained son plus grand film. Disons son plus personnel, le plus ambitieux et complet. Pour moi j'ai trouvé qu'il voulait tout faire mais qu'il n'arrivait à rien. Le cinéaste veut déranger, critiquer et bousculer les codes tout en restant divertissant, restant moderne dans sa forme et dans son style bien à lui. Le tout en faisant hommage une nouvelle fois au genre du western. Le réalisateur de Pulp Fiction tente ici de nous faire ressentir tout cela, sans pour autant réussir à nous toucher car il tire à blanc une nouvelle fois : un comble pour un western. En effet, Django unchained n'est pas un film aussi virtuose que ce à quoi Tarantino nous a habitué auparavant. Son éternel schéma (longs dialogues – fusillades - séquence musicale, puis re dialogue - re fusillade etc) est ici trop dominant et gâche donc tout effet de surprise, tout effet de fraîcheur. Ce schéma qui faisait pourtant le charme des films de Tarantino empèse le tout, surcharge ce très long film au fond très creux. Malheureusement, l'abus de cette recette nous donne l'impression d'être face à une caricature de ses propres films, au point que cela en devient dès la scène d'introduction lassant. Il prive son western de tout charme et sa volonté de démystifier les codes du genre.
On peut penser que Quentin Tarantino voulait signer avec Django unchained son plus grand film. Disons son plus personnel, le plus ambitieux et complet. Pour moi j'ai trouvé qu'il voulait tout faire mais qu'il n'arrivait à rien. Le cinéaste veut déranger, critiquer et bousculer les codes tout en restant divertissant, restant moderne dans sa forme et dans son style bien à lui. Le tout en faisant hommage une nouvelle fois au genre du western. Le réalisateur de Pulp Fiction tente ici de nous faire ressentir tout cela, sans pour autant réussir à nous toucher car il tire à blanc une nouvelle fois : un comble pour un western. En effet, Django unchained n'est pas un film aussi virtuose que ce à quoi Tarantino nous a habitué auparavant. Son éternel schéma (longs dialogues – fusillades - séquence musicale, puis re dialogue - re fusillade etc) est ici trop dominant et gâche donc tout effet de surprise, tout effet de fraîcheur. Ce schéma qui faisait pourtant le charme des films de Tarantino empèse le tout, surcharge ce très long film au fond très creux. Malheureusement, l'abus de cette recette nous donne l'impression d'être face à une caricature de ses propres films, au point que cela en devient dès la scène d'introduction lassant. Il prive son western de tout charme et sa volonté de démystifier les codes du genre.
Les dialogues, qui sont les plus grandes marques personnelles du style du cinéaste, sont abusivement longs et surtout loin d'être aussi loufoques et subtils qu'auparavant. La moitié sont inutiles mêmes, comme si le cinéaste meuble comme il peut en faisant parler ses personnages sans cesse. Comme pour Inglorious Basterds on a effectivement une nouvelle fois droit à des diarrhées verbales sans fins qui désamorcent de ce fait la tension et aussi la crédibilité de l'intrigue et des scènes. Tout devient lourd et ennuyeux et surtout très fade. Heureusement le choix du casting est une nouvelle fois judicieux. Les acteurs permettent de nous captiver malgré tout jusqu'à la fin même si le réalisateur de Reservoir dogs à la chance de pouvoir s'offrir des acteurs de luxe. Je parle ici bien sûr du trio Christoph Waltz, Leonardo DiCaprio et Samuel L.Jackson. Car non seulement ce sont leurs personnages qui sont les mieux écrits mais également les seuls moteurs du film. C'est quand ils sont ensemble que le film est le plus intéressant, le plus tendus et le plus dense en charisme.
Dans tout ça notre héros Django (Jamie Foxx) ainsi que sa femme Hilda (Kerry Washington) sont clairement figurants si ce n'est pas dire fantomatiques. Le personnage (tout comme l'intrigue) de Django reste toujours au second plan comme mis à part, presque en tant que tapisserie et complètement effacé derrière les personnages secondaires bien mieux écrits. Comme dans son précédent film, on n'a d'yeux que pour le docteur King Schultz qui représente dans ce film tout ce qu'il y a d'humain, de subtil et d'intéressant. Une seconde fois chez Tarantino Waltz assure le spectacle, et il est vrai que c'est une recette qui marche car il est formidable. Le rôle de Calvin est bien interprété par Leonardo DiCaprio mais assez anecdotique car finalement c'est une ordure comme une autre. Il est bon comme d'habitude mais victime d'une démarche trop scolaire, à l'image du scénario. Lui aussi est victime de trop de dialogues et de facilités pour être détestable comme il aurait pu l'être. Le personnage de Stephen il démontre une nouvelle fois que Samuel L.Jackson n'est pas mieux ailleurs que chez Tarantino. En effet, ce personnage est pour moi la meilleure idée du film. Dérangeant par son cynisme et magistral à la fois, il est le grand point positif de ce film bien long.
Le second degré du film est lourd et complètement raté.L'abondance des dialogues et l'immense place occupée par le docteur Schultz ne laissent que trop peu de place à l'action et aux autres personnages. Django passe trop vite du gentil esclave voulant retrouver sa femme à l'antipathique faux négrier, tout ça pour finir limite super héros (avec un charisme fantomatique). On sait que le cinéaste à le don de nous régaler malgré des scénariis qui tiennent sur un timbre poste. Une nouvelle fois donc, le cinéaste revient sur ce qu'il ne copie nulle part ailleurs : les dialogues. Seulement comme je le disais auparavant, ces derniers sont toujours fluides mais inutilement allongés. Beaucoup trop allongés. Au point qu'ils n'ont vite plus aucune saveur, comme un café trop plein d'eau. Ce n'est plus dix phrases à la place de trois comme dans les films plus classiques, mais plus d'une vingtaine. Les tensions voulues, le climax et l'effet de surprise n'arriveront toujours pas, sans cesse désamorcés par ces cabotinages interminables et narcissiques pourtant agréablement écrits et interprétés par les acteurs. Une vraie catastrophe pour moi qui suit fan pourtant du cinéaste.
Cousu de fil blanc, le problème du scénario reste cependant sa facilité. Pour donner quelques exemples, je pense notamment à Jamie Foxx qui lance un « J'aime ta façon de mourir » ou même à la démonstration du crâne des noirs avec les aires différentes de celles des blancs. On a droit uniquement à un défoulement, toujours patchwork, qui dans le fond est totalement insipide et creux. J'ajouterais comme ultime exemple de facilité, les images de l'esclave dévoré par les chiens qui resurgissent dans la tête de Schultz comme un cheveu sur la soupe pour justifier bien entendu une nouvelle fusillade : là aussi un prétexte pour réaliser une fin en roue libre, digne d'un Tarantino. Cette dernière demie heure en roue libre totale et complètement ridicule, le cinéaste fait clairement un clin d'oeil à Peckinpah (en particulier La horde sauvage) ou à des films comme Bulitt de Peter Yates) mais en version Kill Bill. On est loin du compte. Quand je vois la fin j'en viens même à penser que le cinéaste regretterai de ne pas avoir pu réaliser le remake de Shaft avec son ami Samuel L Jackson, et se rattrape ici. Seul le flash back hommage aux Monty Python est plutôt réussi car il contraste du ton général du film. C'est ce qu'il y a de plus simple mais le décalage est tellement grand qu'on a la finalement la scène la plus drôle du film.
Au niveau du montage, Tarantino ne nous propose ici rien de transcendant. Il illustre simplement son scénario scolaire et loin d'être aussi virtuose que Kill Bill. Il a même un effet assez laxatif, le ton est bien emmerdant et mou. Il faudrait remonter à la scène de l'accident de voiture de Death Proof ou plus récemment à l'introduction d'Inglorious basterds (inspirée de Sergio Leone) pour retrouver un vrai moment de cinéma tarantinesque dans le montage. La mise en scène manque de souffle et même d'atmosphère de manière générale. Rien n'est novateur mis à part une bande son trop hasardeuse pour un western. Pour le coup ce n'est pas du tout harmonieux et ne donne aucune classe au film. Sii la mise en scène et moins référencée, elle est paradoxalement moins brillante, plus lisse et grand public comme en pilotage automatique. La beauté des paysages n'y changeront rien, le déjà vu et le blabla (digne parfois de Woody Allen) fait de Django unchained une sorte de mélasse sans style enfermé dans la caricature du cinéma de Tarantino. Le cinéphile cinéaste se retrouve plus calculateur et anecdotique en se reposant sur ses acteurs, un peu comme un certain Christopher Nolan. Parfois cela peut faire mouche mais pas ici. Pour la première fois, Tarantino ne nous offre pas une once d'âme malgré un sens de la technique certain et une écriture aussi virtuose que narcissique. Le spectacle est fatiguant et insupportable.
Avec le recul on peut penser à un concert de Tarantino qui envoie la sauce. Seulement le résultat n'a rien à voir avec un album construit et organisé et l'euphorie de ce show excentrique et vide peut être communicatif ou pas. De mon côté je suis resté dans les loges et sur ma faim. Je peux concevoir que ce soit un divertissement mais loin d'être un bon film et encore moins un chef d'oeuvre. Pour moi la caricature du cinéma tarantinesque prive de charme et d'âme ce film. De plus je trouve que le film n'a pas de fond et les démarches dans sa forme ne sont que du tape à l'oeil pour adolescents et du narcissisme de la part du cinéaste. Il est vrai que c'est assez inédit et osé dans le genre mais on est plus proche du fiasco que du délire maîtrisé.Le plus grave c'est que son cinéma n'a aucun relief, il devient un pot pourri à la violence complaisante pour grand public. Tant mieux pour lui car ça fonctionne, ce film est encensé. Django Unchained est un concentré de savoir-faire du cinéaste sans surprises et bien loin des westerns qui démystifie le genre brillament comme La Horde Sauvage de Sam Peckinpah, John Mc Cabe de Robert Altman ou encore Missouri Breaks d'Arthur Penn. Ces films sont remarquables autant dans le fond que dans la forme, plus drôle, plus violent, plus classe et surtout absolument pas insipide contrairement aux goûts cinématographiques de Quentin Tarantino.
Note : 3 /10
3 commentaires:
J'ai pas non plus trop aimé ce film, mais bravo pour ta critique Guillaume !
J'ai la sensation que Tarantino a fait ce film avec toute la passion qu'il avait pour le Cinéma. Le fait qu'il n'arrive pas à en finir avec ses personnages (on a clairement trois fins dans le film : celle où Candy gagne, celle où Django doit mourir et martyr, et finalement celle où il revient pour se venger) montre bien à quel point il s'amuse derrière sa caméra. Et la magie du Cinéma de Tarantino tient en ce que cette passion transpire à travers l'écran, et donne un spectacle au moins aussi jouissif que ce qu'il a dû ressentir en filmant.
Pour ce qui est du film en soi, je pense que Tarantino poursuit ce qu'il avait commencé avec Inglorious Basterds, à savoir un western d'action en roue libre qui se permet de réécrire l'Histoire (même si ici c'est moins flagrant qu'avec les Basterds). Django n'est pas vraiment un personnage, c'est un archétype, un super-héros comme tu l'écris. Il est la Némésis des esclaves, qui fera payer aux uns leur lâcheté, et aux autres leur tyrannie. Du coup, c'est vrai qu'il a l'air creux, mais justement l'idée de l'associer à King Schultz permet d'humaniser le film. De la même manière, Candy est associé à Stephen, et ainsi là où tout était manichéen, Tarantino introduit de l'ambiguïté.
Nous n'avons pas le même point de vue, mais ton article est très intéressant, et bien argumenté.
A très bientôt :)
Merci pour ton commentaire. Je trouve justement que c'est pas aussi ambigu que ça. Tarantino veut trop en faire et il va dans toutes les directions (sûrement pour ça que le film plaît à beaucoup de monde). Tarantino est un malin il ouvre des pistes mais n'en prend aucune et reste superficiel contrairement à ses films précédant Inglorious basterds. Il en faut pour tous les goûts, mais Tarantino à toujours le talent des dialogues c'est indéniable.
Merci de ton passage et à bientôt !
Enregistrer un commentaire