En parcourant internet, je suis tombé par hasard sur un top de 50 cinéastes, ce qui est plutôt une bonne idée car le réalisateur a rarement la gloire qu'il mérite aux yeux du public. Quand c'est le cas, c'est très souvent de la hype de la presse ou juste le seul à être distribué dans un genre. Bien sûr qu'il y en a des connus aux yeux du public et heureusement. Mais il y en a aussi beaucoup qui sont dans l'ombre ou qui ont été complètement oubliés pour plusieurs raisons comme une mauvaise promotion, à la suite d'un échec commercial, de la mode du public, de la presse, soit trop avant gardiste, soit d'étiquette (surtout après la Nouvelle Vague) ou tout simplement catalogué comme faiseur dans un genre précis (le pire peut-être).
Aujourd'hui, il n'y a qu'à observer à la sortie d'un nouveau film : quand ce n'est pas un cador, le cinéaste s'efface très souvent derrière ses acteurs, comme à l'écran. Un peu comme si l'on ne retenait que les pages de couvertures d'un livre plus que le contenu. Malgré tout le respect que j'ai pour les acteurs, je trouve cela assez triste. Bravo le journalisme, et c'est le cas depuis ... tout le temps.
Le cinéaste est cependant bien plus reconnu que le scénariste ou même le compositeur pour la réussite d'un film. Cependant il ne faut pas oublier que c'est bien lui le chef d'orchestre et le responsable du produit final (bon des fois ce sont aussi les producteurs mais c'est une autre histoire). C'est lui qui accorde les instruments et les dirige, il est au centre de tout. Pas de bon film sans bon réalisateur.
Pour ceux qui ne me connaissent pas, Charlie Chaplin m'a fait découvrir et adorer le cinéma. Le temps me dit que j'ai de la chance car la plupart de ses films restent des grands chefs-d'oeuvre. Dans la culture populaire, on a la chance d'avoir d'accessible, et cela dès le jeune âge, des classiques Disney qui portent bien leur statut de "classique". Quoiqu'on puisse en dire, il y a une belle flopée de grands films chez Disney. Le cinéma est une affaire de goût, de sensibilité et pour la filmographie d'un cinéaste je dirai que c'est un peu pareil. Ce qui suit est purement personnel. Un jour de motivation je serais penché à faire un top avec des cinéastes à redécouvrir.
Il me manque beaucoup de cinéastes à découvrir, à la filmographie à approfondir (Bergman, Tarkovski, Losey, Ceylan, Kurosawa, Fellini, Commencini, Petzold et beaucoup d'autres) et d'autres incontournables que je ne met pas car je n'aime pas assez de films d'eux ou ils ne me font pas vibrer, ni ne m'ont assez marqués (par exemple Allen, Nolan, Cuaron, Singer, JJ Abrams, Welles, Aronofski et d'autres).
Voici donc la liste dans un ordre non exhaustif, afin que vous soyez obligé de lire (ou voir) tous les cinéastes :
Martin Scorsese :
Je commence par l'évidence de l'évidence car je ne jure que sur sa filmographie dense passionnante et impressionnante. Bien qu'il y ait une baisse de régime dans les années quatre vingt, il n'y a rien de déshonorant car même dans cette décennie il signe Raging Bull et La Valse des pantins (deux grands films avec Robert De Niro génial dedans) et un des meilleurs clip de Michael Jackson (de l'Histoire du clip musical donc) avec Bad. Que ce soit documentaire ou fiction, sa cinéphilie communicative, sa modestie : Scorsese est mon idole de cinéaste et je ne serais jamais objectif sur lui et sa carrière. J'attend chacun de ses films comme un gamin les cadeaux au pied du sapin de Noël et chaque fois il réussit à m'embarquer, me prendre aux tripes et me renverser par son virtuose et son exploration cinématographique permanente.
Ses incontournables : Les Affranchis, Casino, Taxi Driver, Raging Bull, Le temps de l'innocence, Silence...
Ses curiosités : Alice n'est plus ici, La valse des pantins, After Hours, La dernière tentation du Christ, Les nerfs à vifs, A tombeau ouvert, Gangs of New York, Les infiltrés, Shutter island, Hugo Cabret, Le loup de Wall Street
Ses dispensables : Y en a pas.
Bong Joon Ho :
C'est un peu par hasard que j'ai découvert Memories of murder il y a plus d'une dizaine d'années maintenant et ce fut un immense coup de coeur. Après cela, comment ne pas vouloir suivre un cinéaste tel que Bong Joon Ho ? Impossible. Et il ne m'a jamais déçu. Il enchaîne les exercices de style géniaux avec des scripts éblouissants. Sa mise en scène est inventive, humaniste et décalée. Tout son cinéma me transporte, me surprend et me fascine. Très personnel et à la fois avec des thèmes forts et universels, un modèle de cinéaste capable de nous émouvoir et nous secouer en un claquement de doigts. Un génie.
Ses incontournables : Memories of Murder, Mother, Snowpiercer
Ses curiosités : The Host, Okja, Barking Dog
Ses dispensables : Y en a pas.
Charlie Chaplin :
Comme dit dans l'introduction, Charlie Chaplin est celui qui a déclenché ma passion pour le cinéma. Depuis, impossible d'oublier Le dictateur et Le kid de ma tête de gamin. Impossible de ne pas penser cinéma sans charlot. C'est une institution mais amplement méritée. Souvent cantonné au rôle du comique il est notable que Chaplin excelle dans le drame et le social. On peut revoir Les temps modernes à n'importe quelle époque, il restera un chef d'oeuvre. Pour celui qui fait du cinéma sa religion, Chaplin est Dieu, les autres cinéastes ses prophètes.
Ses incontournables : Les temps modernes, Les lumières de la ville, Le dictateur, le kid...
Ses curiosités : Monsieur Verdoux
Ses dispensables : La comtesse de Hong Kong.
Sidney Lumet :
Une filmographie à l'image de son talent : gigantesque. Un ancien soldat de la Seconde Guerre qui a débuté à la télévision puis a rapidement convaincu les studios de cinéma à lui faire confiance pour son efficacité et puis son génie. Il a réalisé une carrière de plus de 50 films avec beaucoup de rigueur et très souvent de la qualité. Capable de signer une commande et des grands films plus personnels, Sidney Lumet est un cinéaste faussement classique. Des thèmes humanistes, psychologiques et sociaux circulent dans les veines dans son cinéma. Roi du huis clos ( il a adapté beaucoup de pièces de théâtres à l'écran) il a une maîtrise des acteurs et de l'espace temps impressionnante. Il n'y a qu'à voir Douze hommes en colère (son premier film) pour le voir. Impossible d'oublier sa trilogie policière (Serpico, Le prince de NY et Contre enquête), ses films plus engagés (Network, La colline des Hommes perdus) ou ses drames (Un après midi de chien, A bout de course). Un très grand cinéaste du même acabit d'Hitchcock, si ce n'est pas plus interessant car il a touché plus de sujets passionnants.
Ses incontournables : 12 Hommes en colère, Le Prince de New-York, Un après midi de chien, Network, La colline des hommes perdus, Serpico
Ses curiosités : A bout de course, Point limite, The Offence, Contre enquête, 7 h 58 ce samedi la
Ses dispensables : Le gang Anderson, Jugez moi coupable
5 Jeff Nichols :
Découvert avec le génial Take Shelter, Jeff Nichols est le cinéaste le plus jeune que j'aime le plus (à voir si Damien Chazelle arrive à le suivre). Filmographie grandissante et impressionnante qui ne cesse de surprendre par sa maîtrise et son virtuose de film en film. Brillant dans tous les genres qu'il aborde et évitant les pièges, on peut dire qu'il a du goût et beaucoup de génie. Son cinéma se niche entre deux de ses (et mes) cinéastes préférés : Arthur Penn et Terrence Malick. Un génie moderne dont je vous encourage vivement à visionner toute sa (courte) filmographie.
Ses incontournables : Shotgun Stories, Take Shelter, Mud, Loving,
Ses curiosités : Midnight Special
Ses dispensables : Y en a pas.
David Cronenberg :
Impossible de passer à côté de lui. Cronenberg symbolise à lui seul l'essence même du cinéma. Il me fascine, me captive autant qu'il me dérange, me déroute avec une filmographie à l'image de ses films : surprenante, inégale mais sans cesse repensée et passionnante. Et même si je n'aime pas tous ses films (il m'en manque aussi un peu à découvrir) il n'en a pas réalisé de vraiment mauvais : c'est aussi pour cela que je le trouve génial. Il brille autant dans ses films radicaux (Spider) ou beaucoup plus classique (Mr Butterfly) et sait concilier les deux avec brio dans des films comme La Mouche et Faux Semblants. Il maîtrise absolument le fond et la forme avec beaucoup de génie, pour le pire ou le meilleur pour le spectateur. J'en profite au passage pour faire remarquer qu'il a signé une des meilleures adaptations de roman de Stephen King à l'écran : Dead Zone.
Ses incontournables : La Mouche, Dead Zone, Faux semblants, Les promesses de l'ombre...
Ses curiosités : Scanners, Vidéodrome, ExistenZ, Spider...
Ses dispensables : A dangerous method
Francis Ford Coppola :
Cinéaste incontournable pour quasiment tous les cinéphiles, je n'échappe pas à la règle. La trilogie du Parrain est exceptionnelle, un monument du cinéma majestueux sans fausse note. Coppola est un cinéaste qui innove aussi, pour le pire et le meilleur mais c'est à son honneur car il est toujours sincère. Il me manque quelques uns de ces films difficiles à se procurer en France (Jardins de Pierre et Tucker) mais il y a eu une très grande période où il enchaînait les chefs-d'oeuvre. On va dire que depuis Dracula en 1992 il a perdu de son virtuose mais reste un maître du cinéma dans tous les cas.
Ses incontournables : Le Parrain (trilogie), Apocalypse Now, Dracula, Conversation Secrète...
Ses curiosités : The Outsiders, Les gens de la pluie, Rusty James
Ses dispensables : Twixt, Jack, L'homme sans âge
Brian De Palma :
Longtemps considéré comme un simple plagieur d'Hitchcock, cela dès son troisième film Sisters, Brian De Palma est le cinéaste le plus visuel et audacieux des années 70 et 80. Souvent copié, jamais égalé, il sublime souvent le scénario par sa mise en scène démente. Quand le scénario est brillant, on obtient de véritables chefs d'oeuvre qui ne laissent pas indemnes (L'impasse, Carrie, Phantom of the Paradise, Pulsions). De Palma a connu des hauts et des bas mais a très bien passé les années 80 contrairement à pas mal de cinéastes. Il y a tellement d'authenticité, de cinéma et de grands films à son actif que l'on ne peut pas l'oublier. Et puis il possède dans la plupart de ses films peut-être la plus grande marque d'un artiste : une signature propre à lui. Un film de Brian De Palma est un moment de cinéma unique et jouissif de diffusion en rediffusion.
Ses incontournables : L'impasse, Pulsions, Blow Out, Carrie, Phantom of the Paradise, Scarface...
Ses curiosités : Outrages, Snake Eyes, Body double, Furie, Sisters
Ses dispensables : Femme fatale, Le Dahlia Noir
Richard Fleischer :
C'est ma grande découverte du moment : la filmographie de Richard Fleischer. Très jeune j'avais vu et adoré son adaptation du roman de Jules Verne 20 000 lieues sous les mers pour Disney. Puis Soleil vert est passé ensuite et lentement je me suis intéressé de plus prêt. C'est alors que je me suis mis à adorer son travail. Sa gestion de l'espace est sidérante et sa capacité à réaliser tous les genres et exceller dedans est simplement époustouflante. Peut-être ce qu'il y a de plus difficile pour un cinéaste d'ailleurs. Catalogué comme un simple bon faiseur, on se trompe : c'est un auteur incroyable qui sait mêler son style avec une grande concision et une intelligence impressionnante. Je n'ai pas honte à le dire, il est dans l'ombre de Stanley Kubrick. Sa trilogie criminelle est excellente et monte en crescendo dans la qualité (Le génie du Mal, L'étrangleur de Boston et L'étrangleur de la place Rillington). De l'autre côté il est capable de faire un film très personnel comme Les flics ne dorment pas la nuit et un film de commande dans des studios comme L'enigme du Chicago express. Son cinéma est aussi très visuel et se repose sur le détail. Richard Fleischer est à réhabiliter d'urgence, les éditions Carlotta l'ont bien compris pour le plus grand plaisir du cinéphile, des superbes supports sont maintenant accessibles.
Ses incontournables : Les flics ne dorment pas la nuit, Soleil vert, L'étrangleur de la place Rillington, 20 000 lieues sous les mers, L'enigme du Chicago Express...
Ses curiosités : Mandingo, L'étrangleur de Boston, Le génie du mal
Ses dispensables : Kalidor, Conan le destructeur
10 Jim Jarmusch :
Très connu dans le cinéma indépendant, Jim Jarmusch est, comme Wes Anderson aujourd'hui, devenu une figure esthétique, un style. Si tout n'est pas parfait, Jarmusch a un cinéma extrêmement dépouillé, qui joue avec le temps, le silence, la musique. Utilisation magistrale de la musique, très délicat et subtil dans ses mises en scène et excellent dialoguiste, il est aussi capable de changer de genre et d'insuffler partout et subtilement ses thèmes favoris (la solitude, la marginalité, l'amour, la mélancolie...). Un cinéaste qui ne fait pas de bruit et qui offre de superbes œuvres et des rôles en or à des acteurs qui ont de la gueule.
Ses incontournables : Down by law, Dead Man, Ghost dog, Only lovers left alive
Ses curiosités : Broken Flowers, Paterson
Ses dispensables : Coffee and cigarettes
Robert Altman :
Cet immense cinéaste a marqué ma cinéphilie avec MASH, Le privé, The Player ou encore Short Cuts avant que je ne me penche plus sérieusement sur le bonhomme et sa longue filmographie. On peut dire que c'est un sacré personnage. Très colérique, il aimait toujours aller plus loin. Il est capable de faire des films choraux, jusqu'à multiplier les points de vues dans un style propre au lui : Nashville et Un mariage sont impressionnants. D'un autre côté il est capable d'être beaucoup plus intimiste et de faire des films très psychologiques comme sa trilogie féminine That cold day in the park, Images et Trois femmes. On peut lui reprocher d'être irrégulier et de signer des fois des films beaucoup moins intéressants, mais il est un des cinéaste des plus virtuose et des plus cynique que je connaisse.
Ses incontournables : MASH, Images, Le privé, Trois femmes, The Player, Short cuts, Gosford park
Ses curiosités : That cold day in the park, Brewster McCloud, John McCabe, Streamers
Ses dispensables : Docteur T et le femmes, Pret-à-porter
Arthur Penn :
Peut-être le cinéaste que j'estime le plus important et le plus percutant sur l'Amérique. Sa filmographie est riche de chefs d'oeuvre. Capable d'être poignant, drôle, politique, social, grand peintre de l'Histoire des Etats-Unis ou simplement avant gardiste pour le cinéma, Arthur Penn c'est du très grand spectacle avec du fond toujours passionnant. Je l'ai découvert avec Bonnie and Clyde et Little Big Man, et quand on creuse un peu sa filmographie on peut voir qu'il parle de l'histoire de son pays à chaque fois. Et cela avec les meilleurs acteurs de l'époque (Newman, Brando, Redford, Hoffman, Nicholson, Dunaway, Bancroft...). Très grand directeur d'acteur, il est pour moi avec Michael Cimino et Sergio Léone un des plus grands cinéastes qui parle des Etats Unis en pondant des chefs-d'oeuvre. A chaque fois que je vois, revois un film de Penn, c'est une leçon d'élégance et d'histoire. Je vous recommande de voir toute sa filmo de son premier film Le Gaucher à Georgia.
Ses incontournables : Le Gaucher, Miracle en Alabama, La poursuite impitoyable, Little Big Man, Bonnie and Clyde, Georgia
Ses curiosités : Missouri Breaks, Alice's Restaurant
Ses dispensables : De ce que j'ai vu, aucun
Sam Peckinpah :
Un véritable enfer sur les tournages, comme il était un peu cinglé et pour tout arranger un gros alcoolique, on ne peut pas enlever grand chose au génie du cinéaste quand on revisionne ses films. La plupart sont impressionnants et traversent le temps. Cinématographiquement c'est un virtuose unique et passionnant. Il peut-être aussi grandiose (La Horde Sauvage) qu'intimiste (Les chiens de Paille). On peut dire qu'il n'est pas tendre et optimiste mais c'est un des cinéastes avec Arthur Penn et Sergio Léone les plus passionnants sur la violence et l'Amérique. Toute sa filmographie n'est pas brillante, mais il y a de vraies perles et ses approches sont passionnantes et jamais répétitives. Et tout comme Sergio Leone et Arthur Penn il a une maîtrise du montage époustouflante de la mise en scène, du montage et de l'espace. Parfois plus proche de la série B que de la pure fresque, son fond est tout aussi pertinent et passionnant.
Ses incontournables : La Horde Sauvage, Un nommé Cable Hogue, Le Guet Apens, Pat Garett et Billy the Kid, Croix de fer
Ses curiosités : Les chiens de Paille, Apportez moi la tête d'Alfredo Garcia, Coups de feux dans la Sierra
Ses dispensables : Même dans ses plus mineurs, il y a des choses intéressantes.
Quentin Tarantino :
Devenu très rapidement une icône, je n'aime pas toujours les films de Quentin Tarantino. Parfois il s'auto caricature et ne s'efface pas derrière son histoire, ses personnages et se contente de faire un patchwork de film. Là où Tarantino est unique et génial, c'est dans la qualité et la structure de ses dialogues. D'ailleurs c'est dans Jackie Brown et Les huit salopards que je le trouve le plus personnel, et le plus concis. Le reste de sa filmographie est plus fun et référencée avec des fulgurances. Comme pour le cinéma, on a chacun ses raisons d'aimer ou détester ce cinéaste aussi prétentieux que talentueux.
Ses incontournables : Reservoir Dogs, Pulp Fiction, Jackie Brown, Les huit salopards
Ses curiosités : Boulevard de la Mort, Kill Bill vol 1 et 2
Ses dispensables : Inglorious Basterds, Django Unchained
15 Frères Coen :
Impossible d'oublier l'impact des frères Coen pour l'amour que j'ai pour le septième art. Le plaisir de découvrir des films en salles des films comme O'Brothers ou No Country for old men est encore présent dans ma tête mais il en est de même pour quasiment toute leur filmographie, qui est d'une extrême richesse. Je suis beaucoup moins fan de ce qu'ils font récemment (une question de goût) et c'est pour cela que je ne recommande pas leurs films à tous le monde. C'est assez particulier car ils sont assez imprévisible et jouent sur tous les tableaux avec un regard assez sarcastique sur le monde et leurs personnages. Dialogues souvent géniaux, de l'humour vachard et noir avec des personnages superbement écris, on oscille entre la culture populaire et plus intellectuelle. Que du plaisir de se faire embarquer dans leur univers.
Leurs incontournables : Blood Simple, Miller's crossing, Fargo, The Big Lebowski, O'Brothers, No Country for old men, True Grit
Leurs curiosités : Arizona Junior, Barton Fink, Le grand Saut, Burn after Reading, A serious man
Leurs dispensables : Inside Llewyn Davis, Avé Cesar
John Carpenter :
Devenu culte pour l'ensemble de ses films qui questionnent, revisitent et rabattent les cartes de la peur en permanence, John Carpenter est comme Brian de Palma, un cinéaste avec une marque de fabrique indéniable. Impossible de ne pas faire le parallèle entre les deux cinéastes car ils donnent des lettres de noblesses à des sous genres dénigrés par la presse et le grand public. Impossible d'oublier le choc et l'admiration de The Thing et Christine pour ma part mais aussi de New York 1997. Si certains films ont plus vieillis que d'autres, beaucoup restent passionnants et uniques, voir cultes comme Halloween par exemple. Carpenter c'est le maillon entre le cinéma de De Palma et David Cronenberg : incontournable donc.
Ses incontournables : Assaut, Halloween, The Thing, Christine, New York 1997
Ses curiosités : L'antre de la folie, Elvis, Invasion Los Angeles
Ses dispensables : Les aventures de l'homme invisible, Los Angeles 2013
Ridley Scott :
Ridley Scott a fait autant de chefs d'oeuvre que de navets et pas mal de films sans importances. Heureusement que sa filmographie est immense. C'est un génie visuel et de mise en scène absolu, capable de mettre en scène des films aux sujets très différents et avec une grande puissance dramatique et visuelle. Blade Runner est le film qui a marqué sa génération mais il ne faut pas oublier Alien et surtout son premier film Les Duellistes qui sont tout aussi incontournables et passionnants de diffusions en rediffusions. J'adore Thelma et Louise et Gladiator à l'époque m'avait marqué, moins avec le temps. Je pense qu'American Gangster est un de ses plus grands films tant il s'éclipse derrière et livre un grand policier moderne. Difficile d'oublier qu'il a réalisé quand même des purges comme Lame de fond, A armes égales ou Une grande année mais il garde tout de même une maîtrise remarquable parfois dans les plus beaux ratés de sa carrière, comme Robin des Bois ou Cartel. Un très grand cinéaste capable du meilleur comme du pire et des fois signe des films totalement transparents comme Les associés ou même Hannibal.
Ses incontournables : Les Duellistes, Alien, Blade Runner, Thelma et Louise, American Gangster
Ses curiosités : 1492 Christophe Colomb, Legend, Gladiator, La chute du faucon noir
Ses dispensables : Lame de fond, A armes égales, Une grande année
Terry Gilliam :
Il représente un peu les Monty Python inconsciemment mais cela se ressent par son décalage, son excentricité et sa satyre permanente dans un univers visuel et narratif bien à lui. Un peu comme Tim Burton, c'est un créateur qui a fait des chefs d'oeuvre et qui marque les esprits. Et comme tout créateur exubérant il fascine ou agace. Exactement comme pour Tim Burton ou Quentin Tarantino, j'adore certains de leurs films et je reproche parfois leur auto plagiat ou l'auto caricature de leur codes cinématographiques.
Ses incontournables : Brazil, The Fisher King, L'armée des douze singes
Ses curiosités : Toute sa filmographie
Ses dispensables : Les frères Grimm, Zero theorem
Bob Fosse :
Très inspiré du cinéma italien, Bob Fosse était avant tout un chorégraphe, puis cinéaste de temps à autre. Sa filmographie très courte (5 films) mais qui m'a fait un impact. Il me manque son tout dernier film Star 80 à voir, il est introuvable, sur la satyre du show biz américain des années 80. Que le spectacle commence m'a renversé, Lenny est époustouflant (à l'image de Dustin Hoffman dedans) et Cabaret est un classique musical incontournable.
Ses incontournables : Cabaret, Lenny
Ses curiosités : Que le spectacle commence
Ses dispensables : Pas que j'ai vu
20 Todd Haynes :
Un cinéaste contemporain que j'adore pour sa constance et son virtuose. Sa filmographie est composée de deux faces : une inspirée très mélodrame en hommage au vieil Hollywood (moderne et brillant) et l'autre beaucoup plus clinique et expérimentale (déroutant et captivant). Un cinéaste respectueux au cinéma classique comme dans Loin du Paradis, Carol et sa brillante mini série Mildred Pierce mais aussi très déroutant et brut dans ses essais comme Safe, Velvet Goldmine ou I'm not there. Son approche du biopic musical est complexe et audacieuse, loin d'être accessible mais unique.
Ses indispensables : Safe, Loin du Paradis, Carol (Mildred Pierce série)
Ses curiosités : Poison, Velvet Goldmine, I'm not there
Ses dispensables : Y en a pas
Alfred Hitchcock :
Le maître du suspense m'a toujours séduit par sa très grande maîtrise et la rigueur de sa mise en scène. Il est aussi impossible de ne pas être sensible à la qualité des scripts qu'il exigeait. Beaucoup de ses films sont d'une élégance et d'une virtuosité totale. Je ne suis pas fan de tous ses films, dont quelques uns de ses plus célèbres comme Sueurs froides, La mort aux trousses ou Les Oiseaux. Je considère Fenêtre sur cours comme son plus grand film. Hitchcock était le cinéaste populaire génial, le maillon entre Charlie Chaplin et Steven Spielberg. D'ailleurs la plus grande force d'Hitchcock est d'avoir commencé sa carrière dans le cinéma muet où tout devait passer par l'image et cela se ressent en permanence dans sa mise en scène. Sa deuxième grande force est le challenge, le défi permanent, qu'il se fixait de film en film. Rien ne lui faisait froid aux yeux et il a tenté en pleine gloire des films très ambitieux comme Pas de printemps pour Marnie ou La maison du docteur Edwardes.
Ses indispensables : Fenêtre sur cours, Psychose, Les enchaînés, L'inconnu du Nord Express, Pas de Printemps pour Marnie, La main au collet, Le crime était presque parfait
Ses curiosités : Frenzy, Rebecca, Lifeboat, Le faux coupable, L'homme qui en savait trop, Mais qui a tué Harry ?
Ses dispensables : L'étau, Complot de famille
Terrence Malick :
Certainement le plus imperceptible des cinéastes que j'adore. Un peu comme Nicolas Winding Refn ou Lars Van Trier, même si certains de ses derniers films me déçoivent, il y a tellement de cinéma dedans qu'il en est toujours passionnant. Sa filmographie entière est une curiosité, une expérience. Il me manque toujours A la merveille à voir. Seulement quatre de ses films se distinguent vraiment : La balade sauvage et La ligne rouge sont deux chefs-d'oeuvre absolus. J'aime ensuite beaucoup Les moissons du ciel et Le nouveau monde. Pas vraiment de classement pour lui (il est inclassable en même temps) mais mes deux films préférés sont ses plus classiques et accessibles, donc recommandables.
David Lynch :
Dans le genre inclassable, David Lynch se défend plutôt bien également. Capable de signer des films beaucoup plus académique comme Elephant Man, Dune ou Une histoire vraie, il a son univers, ses thèmes récurrents qui sont ré-explorés, revisités à chacun de ses films avec la célèbre série Twin Peaks en matrice de son oeuvre. Blue Velvet fut un choc à sa découverte, Lost highway peut-être le film le plus angoissant que j'ai eu l'occasion de voir et Sailor et Lula un ovni punk à la trace indélébile. L'auteur contemporain le plus expérimental qui creuse son univers de film en film, pour le meilleur ou le pire. Je considère Mulholland drive comme son dernier bon et grand film, ensuite il a tendance à s'auto caricaturer et ne chercher qu'a dérouter sans chercher forcément de la cohérence.
Ses incontournables : Elephant Man, Blue Velvet, Lost Highway, Mulholland Drive
Ses curiosités : Eraserhead, Sailor et Lula, Twin peaks, Une histoire vraie
Ses dispensables : Dune, Inland Empire
Billy Wilder :
Comme Alfred Hitchcock, quand on se penche sur le travail de Billy Wilder, il impressionne par la maîtrise des codes, et non seulement dans la comédie, mais dans les différents genres. Sa filmographie est dense, il m'en manque encore à découvrir, mais la plupart sont des leçons de scénario, de direction d'acteurs, de rythme et de concision. Certains l'aiment chaud est si souvent diffusé à la télévision en période de Noël que ce fut son premier film qui m'a été donné de voir. Puis comme nombreux cinéphile, impossible d'oublier Boulevard du Crépuscule, peut-être son plus grand film et l'un des meilleurs du et sur le cinéma. Sa filmographie est d'une belle homogénéité, et pour ne citer que trois films au genres différents Témoins à Charge, Assurance sur la mort ou La garçonnière : cela suffit pour voir que Billy Wilder est un brillant cinéaste. Un peu comme Hitchcock, sa grande efficacité est avant tout d'aller d'aller à l'essentiel en permanence. Un cinéaste exemplaire et dont pas mal rêverait avoir une si belle filmographie.
Ses incontournables : Boulevard du Crépuscule, Certains l'aiment chaud, La garconnière, Assurance sur la mort, Témoins à charge, La vie privée de Sherlock Holmes...
Ses curiosités : Le gouffres aux chimères, Le poison, La grande combine, Stalag 17...
Ses dispensables : Pas que j'ai vu
25 Elia Kazan :
Encore un vieux de la vieille mais comment oublier le travail de Kazan et des oeuvres comme A l'Est d'Eden, Sur les Quais ou La fièvre au corps ? Impossible pour moi tant ses films m'ont marqués. Je suis un peu plus réservé avec son "plus célèbre" Un Tramway nommé Désir qui est un peu ennuyeux mais surtout faute à la pièce un peu trop théâtrale de Tennessee Williams. Il me manque toujours à voir America America son film le plus autobiographique, mais on peut dire que son ultime Dernier Nabab est un brillant testament. Ses films sont de superbes reproductions avec une grande émotion, une grande intensité dramatique, romantique et filiale qui ne laisse pas indemne. Du cinéma social avec de superbes scénariis, des acteurs brillants (le meilleur rôle de James Dean) et une mise en scène sensible et d'une beauté toujours époustouflante. Comme chez Chaplin, l'émotion reste intacte avec les décennies qui défilent.
Ses incontournables : A l'Est d'Eden, Sur les Quais, La fièvre au corps, Le dernier Nabab
Ses curiosités : Panique dans la rue, Un homme dans la foule, Viva zapata
Ses dispensables : Pas que j'ai vu
Tim Burton :
Bien que parfois décevant, Tim Burton est un très grand réalisateur qui sait utiliser aussi bien les nouvelles techniques d'effets spéciaux que la simplicité de l'animation, avec des décors ou pratiques à l'ancienne. Son univers est très personnel et toujours assez singulier pour que le grand public le suive dans ses délires plus ou moins farfelus. Si des fois il connaît des baisses de rythme, il travaille toujours avec beaucoup de sincérité et de modestie ce qui en fait un cinéaste exemplaire. Ses deux Batman (surtout le second) sont deux bijoux gothiques et font partis des premiers et meilleurs films de super-héros adaptés au cinéma. Impossible d'oublier Edward aux mains d'argent, un conte qui se savoure toujours comme un bonbon sucré aux saveurs nostalgiques. Sleepy Hollow est peut-être un de ses meilleurs film avec Ed Wood, radicalement différents même si c'est Johnny Depp est en tête d'affiche dans les deux. Tim Burton est un brillant cinéaste à l'imaginaire et à la créativité constante. Avec ses films d'animations, il confirme qu'il est un des bourgeons de Walt Disney dans la culture populaire, un créateur aussi enfantin que passionné au fil des années.
Ses incontournables : Batman, Batman returns, Edward aux mains d'argent, Ed Wood, Sleepy Hollow, Charlie et la Chocolaterie
Ses curiosités : Beetlejuice, Mars Attack, Big Fish, Big eyes
Ses dispensables : La planète des singes, Alice aux pays des merveilles, Dark Shadows
James Gray :
S'il y a bien un cinéaste qui manque de reconnaissance de nos jours, c'est bien lui. Aussi doué que Francis Coppola et Sidney Lumet, James Gray est un des seuls à tenir le fleuron du film noir et filial de nos jours. Ecriture remarquable, mise en scène détonante avec des castings merveilleux avec les meilleurs acteurs américains du moment, James Gray marche dans l'ombre de Paul Thomas Anderson car il est formellement beaucoup plus classique et moins choc. Pourtant, il faut voir la façon dont il commence les hostilités avec le brillant Little Odessa dans la mafia russe. Un petit film qui ne paye pas de mine aux premiers abords mais qui gagne en puissance de visionnage en visionnage. Il creuse le sillon avec The Yards et atteint son apogée avec La nuit nous appartient. Il revisite Match Point à sa manière avec Two lovers et tente une fresque avec le curieux The Immigrant avant de faire son grand film The Lost City of Z. Rien est à jeter dans sa filmographie pour l'instant, c'est un auteur brillant et important.
Ses incontournables : Little Odessa, The Yards, La nuit nous appartient, The lost city of Z
Ses curiosités : Two lovers, The Immigrant
Ses dispensables : Y en a pas.
Sam Raimi :
Un autre maître de l'horreur qui vient de la même promo que les frères Coen. Sam Raimi est un cinéaste visuel admirable. Très inspiré de la bande dessinée, ses films s'en ressentent beaucoup souvent dans son découpage et les compositions de cadre. Très doué également dans son ambivalence, il ne fait pas que des films d'horreurs. Sa trilogie Evil Dead est un délire effroyable, le meilleur cinéma horrifique qui concilie parfaitement humour et la peur (qu'elle soit primaire ou viscérale). Même s'il renie le troisième opus de Spiderman, il faut quand même avouer que sa trilogie est brillante. Avant l'homme araignée, il a fait un premier essai remarquable avec Darkman dans les années 80. C'est un cinéaste virtuose qui donne beaucoup d'ampleur à des scripts pas toujours facile à réaliser grâce a des trouvailles visuelles marquantes. Dommage que les grands studios en fassent pas plus souvent appel à lui car même quand Disney lui donne une réadaptation du Magicien d'Oz, un peu banale niveau scénario, le cinéaste nous offre un de meilleurs films en 3D actuels.
Ses incontournables : Trilogie Evil Dead, Trilogie Spiderman, Jusqu'en enfer
Ses curiosités : Un plan Simple, Darkman, Mort sur le Grill, Le monde Fantastique d'OZ
Ses dispensables : Mort ou vif
Steven Spielberg :
Incontournable pour tous les cinéphiles, un monument pour la culture populaire, Steven Spielberg est une institution. Le plus surprenant chez ce cinéaste reste sa capacité à réussir dans tous les domaines. Il aura marqué les esprits de la culture populaire dans différentes décennies avec Les dents de la mer, E.T et Jurassic Park. On peut dire qu'il n'y a pas de mauvais films de lui mais des films mineurs. Polyvalent dans les genres, Spielberg grandit avec l’évolution du cinéma sans être dépassé. Au contraire il reste souvent un des pionners de nouvelles technologies et capable d'être poétique, émouvant, drôle ou haletant. J'adore Spielberg car il ne se contente que très rarement de son savoir faire et ses précédent films. Souvent il signe de surprenantes réussites. Il est dans la continuité d'Hitchcock et avec une touche d'imaginaire et de tendresse à la Tim Burton en plus, dans le cinéma populaire. D'ailleurs mon premier souvenir de Spielberg est son premier film Duel, un passage de relais entre le cinéma d'Hitchcock et celui que sera celui de Spielberg plus tard. C'est à dire référencé, novateur, flippant et culte. Viendra ensuite des films comme E.T et la trilogie Indiana Jones. Comme beaucoup j'ai été bouleversé par La liste de Schindler, absolument adoré Arrête moi si tu peux et Minority Report et apprécie de plus en plus Munich avec le temps. Il y a de tous les genres chez Spielberg et c'est aussi sa grande force. Ce n'est pas seulement de la nostalgie, il fait des véritables chefs-d'oeuvre.
Ses incontournables : Duel, Les dents de la mer, Les aventuriers de l'Arche Perdue, E.T, Indiana Jones et la dernière croisade, La liste de Schindler, Minority Report, Arrête moi si tu peux
Ses curiosités : Sugarland express, La couleur pourpre, Jurassic Park, Munich, Tintin, Le pont des espions
Ses dispensables : Always
30 Ken Loach :
Icône du cinéma social moderne, Ken Loach m'a marqué particulièrement avec deux films. Le premier est Kes, un superbe drame sur l'histoire d'un enfant et de son aigle. Un véritable chef d'oeuvre qui m'a bouleversé des années avant de prendre une autre claque monumentale avec Le vent se lève. Ces deux films sont ceux qui m'ont le plus marqués. Mais Ken Loach est un cinéaste productif avec toujours autant d'impact, que ce soit dans le fond comme parfois la forme. Même dans ses films mineurs, il y a des fulgurances et toujours un message salutaire pour le spectateur.
Ses incontournables : Kes, Ladybird, Land and freedom, Sweet sixteen, Le vent se lève, It's a free world
Ses curiosités : Raining Stones, The Navigators, Just a kiss, My name is Joe, Looking for Eric
Ses dispensables : Il m'en manque mais pas que j'ai vu.
Un autre anglais engagé et humaniste, Mike Leigh est plus proche du théâtre que son acolyte Ken Loach, et cela même pour la conception de ses films. Une véritable troupe de cinéma. Ce que j'adore chez ce cinéaste c'est sa liberté, sa direction d'acteur époustouflante et surtout la folie, le génie total de ses dialogues fins, virtuoses et cyniques. Ses personnages sont superbes et son regard humain et parfois très amer donne une profondeur folle à ses films. Parfois il est extravagant et hystérique mais c'est pour mieux nous toucher de plein fouet avec son fond d'une grande tristesse comme dans Deux filles d'aujourd'hui. Mike Leigh est impressionnant sur le détail psychologique. J'ai adoré Secrets et mensonges et Another year et je n'ai vu aucun mauvais film de lui. Ses courts métrages A sense of History ou The short and the curlies sont excellents également. Son cinéma est sublime avec un sens du détail unique.
Ses incontournables : Naked, Secrets et mensonges, All or nothing, Vera Drake, Another Year
Ses curiosités : Deux filles d'aujourd'hui, Be Happy, Mr Turner
Ses dispensables : Pas que j'ai vu
Costa Gavras :
Un autre cinéaste engagé, décidément, qui a eu une courte période américaine plutôt intéressante. J'ai découvert l'an dernier son premier film Compartiment tueurs qui est une merveille de polar. Ensuite il a enchaîné deux chefs d'oeuvre : Z et L'aveu avec Yves Montand dont il est impossible d'oublier. Section spéciale et Etat de siège sont deux très grands films également réalisé avant de partir aux Etats Unis réaliser Porté Disparu, un tout aussi grand film. Impossible aussi d'oublier Music Box, un brillant film de procès avec une Jessica Lange dans un de ses meilleurs rôles. Et dernièrement il a signé peut-être un des meilleurs films sur le travail avec un José Garcia génial en tête d'affiche : Le couperet. Il a signé des films plus mineurs mais qui n'ont absolument rien de déshonorant, comme l'adaptation du roman Clair de femme de Romain Gary, un polar du dimanche soir bien ficelé opposant Dustin Hoffman et John Travolta dans Mad City et un téléfilm/film avec Tom Beranger sur le thème rare du Klu klux klan avec La main droite du diable. Toujours avec du fond et une certaine maîtrise dramatique qui ne laisse pas indifférent et dans l'air du temps, Costa Gavras est un cinéaste essentiel et incontournable.
Ses incontournables : Compartiment tueurs, Z, L'aveu, Etat de siège, Section Spéciale, Missing, Music Box, Le couperet
Ses curiosités : Un homme de trop, Clair de femme, La main droite du diable, Amen
Ses dispensables : Conseil de famille
Jean-Pierre Melville :
Mon cinéaste français favori, un véritable modèle. L'armée des Ombres est peut-être un des plus grands films réalisés et un de ceux que j'ai le plus admiré en VHS. Comment ne pas être subjuguer par le virtuose de ce cinéaste devant des films comme Le deuxième souffle, Le Samouraï ou Le cercle rouge. Un cinéaste pour le cinéma français aussi important que Stanley Kubrick en outre atlantique. Très mégalo, très strict mais ses films sont de véritables monuments qui se bonifient avec le temps. Même dans ses films les plus mineurs il brille par des idées de mise en scène et de casting. Sa seule excursion aux Etats Unis avec Deux hommes dans Manhattan est décevante mais signe un polar plutôt tenu. La France l'inspire bien plus.
Ses incontournables : Le deuxième souffle, L'armée des ombres, Le Samouraï, Le cercle rouge
Ses curiosités : Le silence de la mer, Leon Morin prêtre, Le doulos
Ses dispensables : Un flic
Stanley Kubrick :
Pas besoin de s'étaler longtemps dessus, Kubrick n'a fait presque que des chefs d'oeuvre. Orange Mécanique m'a marqué à vie, Barry Lyndon est peut-être le plus beau film que j'ai vu et 2001 reste toujours une expérience hypnotique. Cependant j'ai tendance à considérer Les sentiers de la Gloire comme son plus important et fort, surtout si on le compare à Full Métal Jacket, malgré sa première heure incroyable. Lolita est moins bon que le roman et paraît un peu surfait par rapports aux autres de ses films. Eyes Wide Shut quant à lui gagne en prestige de visionnage en visionnage. Stanley Kubrick c'est du cinéma atmosphérique, stratosphérique par moment, avec un génie visuel irréprochable. Souvent considéré comme un cinéaste glacial et sans sentiments (il a donné à Steven Spielberg AI intelligence artificielle à cause de cela) il est notable qu'il a tout de même réussit dans Spartacus à rendre la scène finale comme l'un des moments les plus tragiques et émouvants de l'Histoire du cinéma. Je considère Les sentiers de la Gloire comme la plus belle synthèse de son savoir faire, il y a tout dedans ce qu'est capable de faire Kubrick.
Ses incontournables : Les sentiers de la Gloire, Spartacus, 2001, Orange mécanique, Barry Lyndon, Shining, Eyes Wide Shut
Ses curiosités : L'ultime Razzia, Docteur Folamour, Full metal Jacket
Ses dispensables : Fear and Desire (qu'il renie).
35 François Ozon :
Ce n'est pas forcément le plus évident à dire et parfois défendre, mais François Ozon est au cinéma français ce que sont des cinéastes comme Richard Linklater ou Steven Soderbergh aux Etats-Unis. C'est à dire des réalisateurs qui tournent beaucoup et qui innovent, tentent des choses et sont capables de signer aussi de belles commandes. C'est une histoire de goût mais je trouve son cinéma vraiment riche et dense. Très maîtrisé il y a un grand amour au vieux cinéma mais aussi à l'approche bien plus clinique et glaciale. Vous pensez à Todd Haynes ? Moi aussi. Alors des fois ça passe ou ça casse comme dans Une nouvelle amie ou son dernier L'amant double. Mais quand il signe un film comme Dans la maison ou dernièrement Frantz il démontre en grand son talent. Quand il paraît plus en verve, il faut juste se méfier de son classicisme car il y a souvent beaucoup de trouble ou de profondeur derrière, comme Sous le sable ou Le temps qui reste. Il est également très bon scénariste et dialoguiste. Bref un cinéaste complet que le public et la presse suit ou pas dans ses expérimentations et c'est tout à son honneur.
Ses incontournables : Sous le sable, 8 femmes, Dans la maison, Frantz
Ses curiosités : Angel, Potiche, Une nouvelle amie, L'amant double
Ses dispensables : 5X2
Michael Cimino :
Il a signé peut-être un de mes dix films préférés, Voyage au bout de l'enfer, puis La porte du Paradis, chef-d'oeuvre réinstauré et restauré récemment. Rien que pour ça il mérite son étoile. Puis il faut avouer que j'aime beaucoup son premier film Le canardeur et L'année du dragon est un très grand film également. Je n'ai toujours pas vu La maison des otages mais son précédent film Le sicilien est un ratage. C'est pardonnable, ça arrive même au plus grand mais prendre Christophe Lambert en tête d'affiche c'est déjà se tirer une balle dans le pied. Il a payé très cher. Son dernier film The Sunchaser est trop poussif pour convaincre, on dirait que son talent s'est disloqué en réalisateur pour Disney malgré quelques fulgurances. Il reste quand même un des cinéastes les plus importants et majeurs sur les Etats Unis avec Arthur Penn et Sergio Leone (je me répète). Rares des films aussi profonds, violents et émouvants n'ont atteint ses peintures cinématographiques.
Ses incontournables : Voyage au bout de l'enfer, La porte du paradis, L'année du dragon
Ses curiosités : Le canardeur
Ses dispensables : Le sicilien
John Boorman :
Cinéaste souvent oublié, John Boorman est pourtant un auteur pour le moins sensationnel. Toujours avec beaucoup de souffle, de personnalité et ses thèmes il a une maîtrise technique simple et impressionnante. Son cinéma est onirique, d'une violence viscérale, folle et voire parfois irrévérencieuse tout en parlant de l'Homme et son rapport à la nature, l'enfance ou le parcours initiatique. Il est un peu la doublure, l'ombre de Ridley Scott. On pourrait même dire son frère cinématographique car tous les deux sont de la même décennie et anglais. Il a signé de véritable bijoux devenus cultes (Delivrance, Excalibur) et des films plus personnels (Hope and Glory, Queen and Country). Un cinéaste génial qui change de genre et insuffle des superbes idées de mise en scène et visuelles qui m'impressionnent toujours. J'adore Le point de non retour, son premier, un film noir à sa sauce, soit complètement fou et toujours furieux dans la forme. La forêt d'Emeraude est un très bon film d'aventures à redécouvrir tout comme Duel dans le pacifique, une prouesse impressionnante. Le tailleur de Panama et sa suite personnelle de L'exorciste sont sous estimés et Zardoz une tentative plutôt unique. Je n'ai jamais vu un mauvais film de ce cinéaste et il est clair qu'il fait partie de mes modèles. Quand on parle de cinéma plein de "bruit et de fureur" je pense bien avant tout à lui plutôt que Georges Miller.
Ses incontournables : Le point de non retour, Delivrance, Excalibur, Hope and Country, Le général
Ses curiosités : Duel dans le pacifique, Zardoz, L'exorciste 2, La forêt d’émeraude, Rangoon, Le tailleur de Panama, Queen and Country
Ses dispensables : Pas que j'ai vu
Samuel Fuller :
Ancien vétéran et journaliste, ce cinéaste avait un esprit de synthèse assez incroyable et surtout inné. Quand on regarde un film de lui, on a toujours droit à des séries B époustouflantes de modernité et de réalisme. Ses films restent des bijoux de concision plaçant l'homme à la place du rat de laboratoire dans la société ou pendant la Guerre. Quarante tueurs est un western bluffant de technique et fort, Shock Corridor est une version de Vol au dessus d'un nid de coucou radicale et choc et son témoignage de soldat avec Au dela de la Gloire est un des meilleurs film du genre. Fuller a souvent exploré le film noir et de guerre mais il est notable qu'il a adapté un livre de Romain Gary de manière brillante avec White Dog.
Ses incontournables : Le port de la Drogue, Underworld USA, Shock Corridor, The Naked kiss, Au dela de la gloire
Ses curiosités : Quarante tueurs, White Dog
Ses dispensables : Pas que j'ai vu
Wim Wenders :
Très grande filmographie, irrégulière mais avec de purs chefs d'oeuvre, il est un cinéaste qui m'a marqué avec Paris Texas et Les ailes du désir. L'ami américain est un très grand film qui ne laisse pas indemne. Je suis loin d'avoir vu et de maîtriser toute sa carrière mais je n'oublie pas Buena Vista Social Club qui est culte dans le genre musical et dernièrement son documentaire Le sel de la Terre, d'une pure beauté. Chez ce cinéaste il y a de véritables moments de grâce et ce n'est pas donné à tous les réalisateurs d'en avoir. Forcément il m'a marqué.
Ses incontournables : L'ami américain, Paris Texas, Les ailes du désir, Le sel de la Terre
Ses curiosités : Nick's movie, Buena Vista Social Club, Don't come knocking, Lanf of planty
Ses dispensables : Pas que j'ai vu mais je suis loin d'avoir tout visionné.
40 Sergio Léone :
Comme pour nombreux cinéphiles, Sergio Leone a été un impact. Déjà la plupart de ces films sont des chefs d'oeuvre et puis il a son style unique : intrigue faussement simple avec des acteurs charismatiques le tout avec la musique épique d'Ennio Morricone derrière. Deux trilogies différentes, avec des films tous authentiques. Impossible d'oublier le spectacle visuel et le fond toujours passionnant de ces films. Souvent traité avec beaucoup d'ironie, Leone tient peut-être son chef d'oeuvre et l'un des plus grands films de l'Histoire du cinéma rien qu'avec son dernier : Il était une fois en Amérique. Je considère tous ses films brillants à leur manière. Je ne compte pas son premier qu'il renie et ses co réalisation qu'il. Le bon la brute et le Truand beaucoup trop encensé à côté du sous estimé Il était une fois la Révolution. Bref qui dit cinéma dit Sergio Léone. Comme Kubrick, impossible de passer à côté.
Ses incontournables : Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus, Le bon La brute et le Truand, Il était une fois dans l'Ouest, Il était une fois la Révolution, Il était une fois en Amérique
Son film dispensable : Le colosse de Rhodes
Robert Aldrich :
S'il y a un bien un cinéaste qui me tient à coeur de mettre en lumière c'est lui. Réalisateur de studio souvent étiqueté en tant que bon faiseur (comme pas mal à cette époque) il faut quand même avouer que c'est un cinéaste redoutablement efficace et qui a réalisé de superbe films. Capable de réaliser un huis clos, un film de guerre ou un thriller psychologique, ce cinéaste est surprenant. Malgré tous les problèmes que lui ont imposés les studios, il s'en sort souvent admirablement et ses films restent toujours de superbes produits. Il a insufflé de l'audace et du virtuose dans un cinéma commercial plutôt figé à l'époque et a pris gentiment le relais d'Hitchcock. Vera Cruz est son premier grand film, un western complètement décomplexé, puis En quatrième vitesse un film noir unique assez fou, la matrice de toute la filmographie et le cinéma de David Lynch. Impossible d'oublier sa version géniale de Boulevard du crépuscule avec l'adaptation du livre Qu'est il arrivé à Baby Jane et son histoire de tournage mythique (la série Feud est brillante d'ailleurs). Ensuite je retiens deux autres grands films : un connu, Les douze salopards qui est toujours d'une grande classe, mais surtout L'ultimatum des trois mercenaires soit l'aboutissement du cinéma d'Aldrich. Un pur chef d'oeuvre tronqué à sa sortie mais récemment remis dans sa version d'origine pour notre plus grand plaisir. Bref Aldrich c'est du costaud et puis même si certains de ces films sont moins bons, peu de réalisateurs peuvent se vanter d'avoir une si belle filmographie.
Ses incontournables : En quatrième vitesse, Qu'est il arrivé à Baby Jane ?, Les douze salopards, L'ultimatum des trois mercenaires
Ses curiosités : Vera Cruz, Branco Apache, Le grand couteau, Chut chut chère Charlotte, Pas d'orchidée pour Miss Blandish, Fureur apache
Ses dispensables : Pas que j'ai vu mais il m'en manque
Kathryn Bigelow :
Parce que ce top manque de femmes, à Hollywood aussi malheureusement, je souhaite mettre en avant le talent de Kathryn Bigelow. Je ne connaissais quasiment d'elle que le culte Point Break il y a deux ans (excusez moi d'avoir oublié k-19, un film du dimanche soir inoffensif) mais avec la découverte de Strange Days et de Démineurs, elle m'a bluffé. Elle dénonce la politique américaine avec le brillant Zero Dark Thirty. Incroyable cinéaste qui pour le coup fait des films d'hommes. Elle place l'adrénaline au centre de ses obsessions de mise en scène et même en fait un film de deux heures avec Demineurs. Un film de pure folie. Strange Days est peut-être son plus grand film, un polar sombre sur fond de SF brillante écrit par Jay Cocks (scénariste de Scorsese) et James Cameron. Une cinéaste impressionnante et aujourd'hui incontournable.
Ses incontournables : Point Break, Strange Days, Démineurs, Zero Dark Thirty
Ses curiosités : Aux frontières de l'aube
Ses dispensables : Pas que j'ai vu
William Friedkin :
Il est obligé d'y figurer tant il m'a chamboulé. Inoubliable souvenir de L'exorciste qui m'a hanté et fait flipper des nuits entières plus jeune. Puis le culte French Connection et ses courses poursuites ponctué d'un Gene Hackman au meilleur de sa carrière. Si la ressortie méritée de Sorcerer l'a remis en vogue, je considère que son meilleur film est pour moi sans aucun doute Police Fédérale Los Angeles. C'est un polar magistral, unique et purement dans la veine du cinéaste. Peut-être le meilleur polar des années 80 avec Le sixième sens de Michael Mann. Killer Joe est sa dernière grande claque qui offre au passage peut-être le rôle le plus frappant et impressionnant de McConaughey. Entre temps Friedkin a eu des passage à vide mais reste toujours interessant. Avec Bug il signe un huis clos assez fou et radical. Même son film complètement charcuté, La Chasse est un film unique et puissant lorgnant dans le style de Lumet (a qui le film était destiné à l'origine d'ailleurs). En parlant de Sidney Lumet, Friedkin a fait un remake de 12 hommes en colère pour la télévision plutôt honorable dans les années 90. Un grand, très grand cinéaste qui a une très grande force de l'art scénique, ainsi qu'une très bonne direction d'acteur. Il est capable d'aussi bien filmer la tempête que le calme total et pour le polar forcément ça fait des étincelles.
Ses incontournables : French Connection, L'exorciste, Police Fédérale Los Angeles, Killer Joe
Ses curiosités : Sorcerer, La chasse, Traqué, Bug
Ses dispensables : Têtes vides cherchent coffres pleins, L'enfer du devoir
Paul Thomas Anderson :
Le genre de cinéaste que l'on accroche ou pas. Il fait parti de ceux qui m'ont, comme Malick ou Van Trier, touché puis parfois déçu mais je ne peux absolument pas remettre en question leur cinéma et leur apport. Je n'ai vraiment pas aimé The Master mais je respecte la démarche. Son film le plus anecdotique, mais brillant formellement, est son tout premier Double mise. Il est ennuyeux tout simplement car il ne tente rien hormis quelques cadrages. C'est avec Boogie Nights qu'il est entré dans le Panthéon des cinéastes géniaux. Une leçon de mise en scène, de fresque dramatique à la Scorsese dans l'univers du porno avec humour. Une vraie leçon de rythme et de montage (peut-être le film le mieux rythmé du cinéma avec Casino du même Scorsese). Rebelote avec le puissant Magnolia, cette fois très proche du cinéma de Robert Altman. Déroutant car il commence par la tempête pour aller vers le calme, il possède l'un des meilleurs rôles de Tom Cruise, peut-être son film le plus ambitieux et réussit avec son grand chef d'oeuvre There Will Be Blood. Je n'ai pas vraiment aimé Punch Drunk Love et apprécié son Inherent Vice, mais ce sont deux ovnis bien spéciaux et authentiques. Un cinéaste fou, avec du génie et qui marque les esprits. Pas besoin de justifier plus.
Ses incontournables : Boogie Nights, Magnolia, There will be blood
Ses curiosités : Punch Drunk Love, The Master Inherent vice
Ses dispensables : Double mise
45 Milos Forman :
Rien que pour Vol au dessus d'un nid de coucou, un de 10 de mes films préférés, Forman est un cinéaste en état de grâce. Cependant, il a fait aussi d'autres grands films comme Amadeus, incroyable d'intelligence et de virtuose sur la vie de Mozart et Man on the Moon ne laisse pas non plus indifférent. Ses premiers films sont intéressants, à l'image de son tout dernier Les fantômes de Goya ou son adaptation des Liaisons dangereuses avec Valmont. Hair est devenu culte dans le genre musical et dans la même veine Taking off un pur produit générationnel incontournable et unique. Il serait dommage de ne pas voir son brillant biopic sur le sulfureux Larry Flynt ainsi que Ragtime, son film le plus tronqué, qui a quand même de la gueule. Comme tous les grands cinéastes ses films ne laissent pas le cinéma indifférent et personnellement j'admire son talent.
Ses incontournables : Vol au dessus d'un nid de coucou, Hair, Amadeus, Man on the Moon
Ses curiosités : Taking off, Ragtime, Larry Flynt
Ses dispensables : Pas que j'ai vu
Gus Van Sant :
Figure du cinéma indépendant américain des années 90, finalement je préfère le mettre en avant à la place de Steven Soderbergh. Aussi parce que ses films m'ont plus marqués. Je n'ai pas tout vu, il y en a de mauvais et de moins bons, mais il y a une superbe cohérence et beaucoup d'inventivité et de sincérité dans sa filmographie. Elephant est sans aucun doute son plus marquant et son plus esthétique, My own private Idaho est un film inoubliable, une réussite marquante justement devenue culte avec le temps. Un peu comme les frères Coen, il s'essaie parfois dans d'autres genres comme la comédie : et ça passe ou ça casse. Prête à tout révèle Nicole Kidman et Joaquin Phoenix et reste encore une comédie noire intéressante. Drôle d'idée que de faire un remake de Psychose d'Hitchcock plan par plan, la prouesse n'est que technique car au final je trouve ça assez inutile. Van Sant est un grand directeur d'acteurs mais surtout un très grand dramaturge dans l'étude de l'adolescence. Il est brillant en studio quand il signe Will Hunting et A la rencontre de Forrester ou encore des biopics plus calibré pour les Oscars comme Harvey Milk. Il est aussi déroutant que fascinant dans ses essais plus intimistes comme Drugstore Cowboy, Gerry, Last Days ou Paranoid park. Avec Restless il reprend un peu l'idée du culte Harold et Maude mais avec deux adolescents et plus de pathos, mais pas moins sincère que d'habitude. Gus Van Sant est un cinéaste assez formidable qui n'a pas peur d'aller au bout et c'est ce que j'aime. Je n'ai pas tout vu mais ce cinéaste fait partie de ma génération et reste toujours l'un des plus talentueux.
Ses incontournables : My own private Idaho, Will Hunting, A la rencontre de Forrester, Harvey Milk
Ses curiosités : Drugstore Cowboy, Prête à tout, Elephant, Gerry, Last Days, Paranoid park
Ses dispensables : Even cowgirl get the blues, Psycho
Joseph L Mankiewicz :
Un des cinéastes et scénaristes des plus impressionnants. Parfois on peut lui reprocher une abondance de dialogues mais l'écriture de ces derniers relèvent tellement du génie qu'on a pas le droit de se plaindre. Surtout reconnu pour son grand chef d'oeuvre Eve il est notable que même dans ces films plus mineurs la mise en scène excelle, la direction d'acteur est sublime comme chez Ford, Curtiz ou Lang. Soudain l'été dernier est une pièce complètement folle qu'il a réussit à transposer de manière marquante à l'écran. Très grand dramaturge, il se montre à l'aise dans beaucoup de domaines. Impossible d'oublier L'aventure de Mme Muir, une des plus belles histoires d'amour du Cinéma et même quand il revisite Cendrillon il a un cynisme particulièrement grinçant dans La comtesse aux pieds nus. Bref pour une leçon de dialogue, de mise en scène et de scénario, Mankiewicz est le professeur parfait.
Ses incontournables : L'aventure de Mme Muir, Chaînes Conjugales, Eve, Le limier
Ses curiosités : On murmure dans la ville, L'affaire Cicéron, La contesse aux pieds nus, Soudain l'été dernier, Le reptile
Ses dispensables : Pas que j'ai vu
Roman Polanski :
Peut-être dans mes dix cinéastes favoris. L'incontournable Roman Polanski que tout le monde s'acharne à descendre médiatiquement qu'on en oublierai presque sa carrière géniale. Même si bien entendu il y a du moins bon dedans, il a signé des chefs d'oeuvre qui ne laisse pas indemne. Sa trilogie de l'appartement (Repulsion, Rosemary's Baby et Le locataire) est sublime, Chinatown est un des plus grands film noir du cinéma, Tess un des plus grands films historique avec Barry Lyndon de Kubrick et bien entendu Le pianiste. Cul de sac est peut-être son exercice de style le plus dingue. The Ghostwriter serait son film le plus personnel avec La vénus à la fourrure qui résume avec deux acteurs au sommet parfaitement son génie et une partie de son oeuvre dans un concentré de simplicité, trouble, perversion, paranoïa, de double jeu... Son premier film Le couteau dans l'eau est déjà troublant et fortement influencé de Plein soleil de René Clément. On peut dire de même pour son premier film américain Le Bal des vampires, une comédie horrifique très référencée et esthétique. Lune de Fiel est ce qui aurait pu être un autre chef d'oeuvre si tout n'était pas si évident. C'est un beau film sur l'amour avec beaucoup de ces thèmes mais Roman Polanski reste bizarrement trop impersonnel et sage, un peu comme son Pirates, film d'aventures aussi sympathique qu'oubliable. Frantic reste un de ces bons films sous estimé ainsi que La jeune fille et la mort. Son plus gros ratage reste La neuvième porte, mais j'avoue que j'ai de la sympathie quand même pour ce film car la première partie est quand même du grand Polanski. Passionnante filmographie, riche et d'une ampleur exemplaire, on a beau critiquer le personnage pour ses actes mais c'est un cinéaste majeur du septième art.
Ses incontournables : Rosemary's Baby, Chinatown, Tess, Le pianiste, The ghostwriter
Ses curiosités : Répulsion, Cul de sac, Le locataire, Frantic, La jeune fille et la mort, La vénus à la fourure
Ses dispensables : What ?
Clint Eastwood :
Un grand ponte du septième art à la bonne école avec Don Siegel et Sergio Léone. Même si je suis un peu moins fan de ce qu'il fait dernièrement, j'adore beaucoup de film de Clint Eastwood. Un monde parfait et Impitoyable sont deux grands bijoux et Mystic river un superbe drame policier qui me bouleverse à chaque fois. Très grand technicien et faussement académique, il transcende le genre et cela dès ses premiers films. Un frisson dans la nuit est toujours intrigant et L'homme des hautes plaines, son premier western reste un bijou d'humour et de noirceur, peut-être un de ses meilleurs films. On le catalogue à tord maintenant comme un cinéaste porté vers le mélodrame (Sur la route Madison) et le drame plus massif (Million Dollars Baby), ou lourdeau comme on veut, Mais Clint c'est aussi celui qui signe des films pour le moins surprenants. A commencer par une adaptation de Minuit dans le jardin du bien et du mal qui pourrait être un grand film de Robert Altman, une fiction docu sur le cinéaste John Huston dans Chasseur Blanc Coeur Noir excellent, un film très proche du cinéma de Milos Forman avec l'étonnant Breezy, de Franck Capra avec l'amer Bronco Billy ou un des meilleurs biopic musical avec Bird. Pas besoin d'en dire plus Eastwood est un cinéaste unique et d'une importance considérable dans la culture populaire et du cinéphile. Il a réussi malgré ses rôles charismatiques chez Sergio Léone ou Don Siegel à s'imposer dans l'inconscient collectif comme metteur en scène avant même acteur. Un sacré tour de force.
Ses incontournables : L'homme des hautes plaines, Bird, Impitoyable, Un monde parfait, Sur la route de Madison, Mystic River, Million Dollar Baby, L'échange
Ses curiosités : Un frisson dans la nuit, Bronco Billy, Honkytonk Man, Pale Rider, Chasseur Blanc Coeur Noir, Minuit dans le jardin du bien et du mal, Sully
Ses dispensables : Firefox, La relève
50 David Fincher :
David Fincher est le cinéaste à ne surtout pas oublier. Simplement parce qu'il a marqué les esprits avec Seven et Zodiac : deux oeuvres opposées mais complémentaires et passionnantes. Il renie un troisième Alien qui est loin d'être mauvais. Même dans ses films les plus mineurs (Panic Room et The Game pour moi), ses mises en scène sont impressionnantes. Impressionnant de maîtrise il l'est toujours et surtout d'un beau classicisme dans Benjamin Button, qui ferait regretter que ce soit le scénariste de Forrest Gump derrière cette fresque. Il impose sa grandeur de cinéaste avec The Social Network magistral dans la forme au fond glaçant. Le film aussi d'ailleurs est un bloc de glace. Quand il se pose sur des polars moins ambitieux, il offre, comme avec Seven à l'époque, une touche de noirceur viscérale, violente, malsaine et surclasse toutes les productions du genre (Millénium et Gone Girl). J'ai le grand regret qu'il ne puisse pas signer son adaptation de 20 000 lieues sous les mers ou même un bouquin comme Dix petits nègres d'Agatha Christie. C'est le cinéaste perfectionniste, le Ridley Scott du genre policier mais qui néanmoins rapidement prouvé qu'il était capable de jouer sur plusieurs tableaux. Il a marqué le grand public avec son film qui vieillit peut-être le plus dans le fond comme dans la forme : Fight Club.
Ses incontournables : Seven, Fight Club, Zodiac, The Social Network
Ses curiosités : Alien 3, L'étrange histoire de Benjamin Button, Millenium, Gone Girl
Ses dispensables : Pas de navet à déclarer.
Parce qu'il y a 100 raisons d'aller au cinéma ou de regarder un film, voici la liste des 50 autres cinéastes que j'apprécie beaucoup et qui auraient pu figurer également dans la continuité :
Steven Soderbergh, Don Siegel, Ernst Lubitsch, Lars Van Trier, Vincente Minelli,
Franck Capra, Otto Preminger, Stephen Frears, Peter Weir, Michael Powell,
Franklin.J. Shaffner, John Cameron-Mitchell, François Truffaut, Jean-Jacques Annaud, Dario Argento, Damien Chazelle, Paul Verhoeven, Fritz Lang, John Huston, Denis Villeneuve, Richard Brooks, David Lean, Michael Haneke, Ang Lee
Sam Mendes, Sidney Pollack, Edgar Wright, Park Chan Wook, William Wyler
Robert Zemeckis,Michael Mann, Michel Gondry, Guillermo Del Toro, Gregg Araki, Pdero Almodovar, Robert Wise, John MacTiernan, Alejandro Amenabar, Wes Anderson, Jean-Pierre Jeunet, Paul Greegrass, Abel Ferrara, Andrew Niccol, Barbet Schroeder, Rob Reiner, Bertrand Tavernier,Na Hong Jin, Fernando Meirelles, Philip Kaufman, Luis Bunuel...