Réalisation et
scénario : Richard
Linklater
Durée : 2 h 40
Interprétation :
Ellar Coltrane, Lorelei Linklater, Ethan Hawke, Patricia Arquette...
Genre : Film à concept.
Synopsis :
Pendant douze ans, le
cinéaste Richard Linklater a réuni les mêmes acteurs pour un film
unique sur la famille et le temps qui passe. On suit la vie de Mason
de l'âge de ses six ans à l'âge adulte, le passage de
l'adolescence dans une famille recomposée.
Boyhood est avant
tout un film avec son concept au premier plan. Effectivement ce
dernier lui donne un charme indéniable : celui de voir les acteurs
vieillir réellement devant nos yeux sans artifices ni effets
spéciaux dans un grand morceau de vie de douze ans. Si le fond du
film du cinéaste de Rock
Academy est très (trop) léger par rapport au film
attendu, le cinéaste est toujours aussi honnête et une nouvelle
fois loin d'être prétentieux ce qui assure quand même une belle
cure de jouvence pour le spectateur.
Je suis ressorti de la
séance avec un sentiment bien mitigé sur ce film. D'une part on
peut être vraiment frustré que tout se repose sur le concept en
dépit d'un fond complètement fantôme. D'une autre part on peut
être embarqué par la fraîcheur et la simplicité du cinéaste sans
prise de tête et bons sentiments à tout va et le tout avec une
grande honnêteté. Les thèmes sont très universels pas vraiment
originaux mais n'entrent jamais dans les carcans des clichés. Ces
derniers sont parfois bien entendu présents mais tout de même bien contournés, amenés et négociés. Ce beau film est donc une
expérience agréable à découvrir dans les salles obscures durant
ces deux heures et demie qui se dévorent comme une série prenante
qui touchera beaucoup de monde.
Boyhood est un
portrait de vie actuel aussi pessimiste qu'optimiste est dressé par
un scénario qui sait garder un très grand équilibre des
différentes forces dramatiques pour rester constament dans la
neutralité du début à la fin. Cette neutralité est ce qui empêche
ce film d'être un chef
d'oeuvre. Le cinéaste est également scénariste et ne prend aucun parti. Le spectateur suit agréablement sans vraiment
suspense, ni but cette histoire pour le moins dénuée d'idées cinématographiques
et surtout narratives. L'impression que Linklater n'a prit aucun risque au
niveau de son scénario afin de ne pas abandonner le projet en cours de
route en cas de changement d'opinion artistique sur la durée se ressent beaucoup et aseptise pas mal le film.
Boyhood fait un
peu comme un film familial romancé réalisé avec le budget d'un
film indépendant confortable. Dommage que l'on constate rapidement un manque de
profondeur ou d'originalité outre le concept du vrai vieillissement à l'écran. Sinon ce film
serait une très grande expérience et cela même sans s’appeler Terrence Malick. Cependant, le cinéaste avec une très belle bande
sonore (comme toujours du rock indé de luxe) ainsi qu'un sens du
rythme parfait ainsi qu'une belle direction d'acteur rendent un
charme qui vaut assurément le coup d'oeil. Que ce soit dans la
comédie ou dans l'émotion, le cinéaste vise toujours aussi juste
et brille, même avec les clichés sobrement et élégamment traités.
Linklater est un très bon faiseur et Boyhood le confirme une
nouvelle fois. Même si la verve d'un cinéaste avec le cœur sur la
main se ressent tout le long, il est bien dommage que sa sagesse et
son côté conventionnel empêche tout décollage cinématographique, toute authenticité.
Après sa trilogie Before
(Sunrise, Sunset et Midnight) le cinéaste
confirme son savoir faire et sa simplicité enchanteresse qui fait du
bien dans un cinéma souvent bien trop alambiqué et sophistiqué. En
attendant son Bernie avec Jack Black (directement en dvd ?)
Linklater confirme qu'il reste une référence toujours aussi fiable
dans le cinéma indépendant des Etats-Unis. Boyhood est
représentatif de son cinéma de manière générale par sa
simplicité, son honnêteté et son côté dépaysant. A découvrir.
Note : 6/10