samedi 26 juillet 2014

Boyhood



Réalisation et scénario : Richard Linklater
Durée : 2 h 40
Interprétation : Ellar Coltrane, Lorelei Linklater, Ethan Hawke, Patricia Arquette...
Genre : Film à concept.

Synopsis :

Pendant douze ans, le cinéaste Richard Linklater a réuni les mêmes acteurs pour un film unique sur la famille et le temps qui passe. On suit la vie de Mason de l'âge de ses six ans à l'âge adulte, le passage de l'adolescence dans une famille recomposée.

Boyhood est avant tout un film avec son concept au premier plan. Effectivement ce dernier lui donne un charme indéniable : celui de voir les acteurs vieillir réellement devant nos yeux sans artifices ni effets spéciaux dans un grand morceau de vie de douze ans. Si le fond du film du cinéaste de Rock Academy est très (trop) léger par rapport au film attendu, le cinéaste est toujours aussi honnête et une nouvelle fois loin d'être prétentieux ce qui assure quand même une belle cure de jouvence pour le spectateur.

Je suis ressorti de la séance avec un sentiment bien mitigé sur ce film. D'une part on peut être vraiment frustré que tout se repose sur le concept en dépit d'un fond complètement fantôme. D'une autre part on peut être embarqué par la fraîcheur et la simplicité du cinéaste sans prise de tête et bons sentiments à tout va et le tout avec une grande honnêteté. Les thèmes sont très universels pas vraiment originaux mais n'entrent jamais dans les carcans des clichés. Ces derniers sont parfois bien entendu présents mais tout de même bien contournés, amenés et négociés. Ce beau film est donc une expérience agréable à découvrir dans les salles obscures durant ces deux heures et demie qui se dévorent comme une série prenante qui touchera beaucoup de monde.

Boyhood est un portrait de vie actuel aussi pessimiste qu'optimiste est dressé par un scénario qui sait garder un très grand équilibre des différentes forces dramatiques pour rester constament dans la neutralité du début à la fin. Cette neutralité est ce qui empêche ce film d'être un chef d'oeuvre. Le cinéaste est également scénariste et ne prend aucun parti. Le spectateur suit agréablement sans vraiment suspense, ni but cette histoire pour le moins dénuée d'idées cinématographiques et surtout narratives. L'impression que Linklater n'a prit aucun risque au niveau de son scénario afin de ne pas abandonner le projet en cours de route en cas de changement d'opinion artistique sur la durée se ressent beaucoup et aseptise pas mal le film.

Boyhood fait un peu comme un film familial romancé réalisé avec le budget d'un film indépendant confortable. Dommage que l'on constate rapidement un manque de profondeur ou d'originalité outre le concept du vrai vieillissement à l'écran. Sinon ce film serait une très grande expérience et cela même sans s’appeler Terrence Malick. Cependant, le cinéaste avec une très belle bande sonore (comme toujours du rock indé de luxe) ainsi qu'un sens du rythme parfait ainsi qu'une belle direction d'acteur rendent un charme qui vaut assurément le coup d'oeil. Que ce soit dans la comédie ou dans l'émotion, le cinéaste vise toujours aussi juste et brille, même avec les clichés sobrement et élégamment traités. Linklater est un très bon faiseur et Boyhood le confirme une nouvelle fois. Même si la verve d'un cinéaste avec le cœur sur la main se ressent tout le long, il est bien dommage que sa sagesse et son côté conventionnel empêche tout décollage cinématographique, toute authenticité.

Après sa trilogie Before (Sunrise, Sunset et Midnight) le cinéaste confirme son savoir faire et sa simplicité enchanteresse qui fait du bien dans un cinéma souvent bien trop alambiqué et sophistiqué. En attendant son Bernie avec Jack Black (directement en dvd ?) Linklater confirme qu'il reste une référence toujours aussi fiable dans le cinéma indépendant des Etats-Unis. Boyhood est représentatif de son cinéma de manière générale par sa simplicité, son honnêteté et son côté dépaysant. A découvrir.


Note : 6/10

dimanche 20 juillet 2014

Blackpool (intégrale)



Synopsis :

Ripley Holden rêve que sa petite ville de Blackpool devienne l'antre du divertissement notamment par l'agrandissement rapide de sa salle de jeux. Seulement en ouvrant sa salle un matin, la découverte d'un cadavre vient perturber son ambition. L'inspecteur Carlisle est chargé de l'enquête.

Genre : Ovni audacieux.

Voir David Tennant et David Morrissey chanter en playback sur des tubes anglais fait de la série Blackpool une indéniable curiosité pour le spectateur. Avec un format court de six épisodes d'une heure, cette production BBC est un produit typiquement anglais, honnête et original qui vaut bien le coup d’œil.

Sans être inoubliable, cette série est assez ovni dans son genre et son traitement. Dès le départ elle possède des clichés tellement appuyés et assumés que l'on prend tout vite au second degrés et qu'on se focalise plus par le talent des acteurs, des excellents dialogues ainsi que des numéros musicaux, plutôt funs. Si le fond et la trame principale n'ont absolument rien de novateurs et d'originaux, l'écriture vaut la peine de s'y attarder quand même dessus car cette dernière est tout l’intérêt de la série. Elle se repose sur la psychologie de la famille Holden ainsi que celle de Ripley qui éclate au grand jour du début à la fin. David Tennant interprète le policier qui pique la femme de ce dernier et enquête plus sur la famille Holden que sur le meurtre. Avec une certaine parcimonie le scénario réussi à rendre ce qui aurait pu être complètement ridicule assez crédible par un style juste et enlevé dont seul les anglais sont capables de faire. Les musiques collant parfaitement à la narration, l'originalité est plus dans le style du scénariste Pete Bowker à amener les choses par son imprévisibilité que dans l'enquête policière.

Mêlant l'humour, l'émotion ainsi que le dramatique Blackpool est un cocktail typiquement british plaisant. La série souffre d'un rallongement flagrant sur l'intrigue principale dont on regrette souvent plus de coupures : un ou deux épisodes en moins ne seraient pas vraiment gênant tout comme une révélation finale un peu mieux amenée. Cependant les acteurs, et particulièrement David Morrissey, s'en donnent à coeur joie d'alourdir les points positifs de l'autre côté de la balance avec une interprétation pour le moins grandiose. Les numéros musicaux ne sont pas tous très bien mis en scène mais l'ambiance générale et le ton de la série emporte rapidement tout sur son passage et gomme beaucoup de défauts. Comme il n'y a vraiment que les anglais capable de produire ce genre de série, original, bien joué et honnête : on ne va pas y cracher dedans.

A défaut d'avoir un scénario béton et une virtuosité comme la plupart des grandes séries, Blackpool est une série ovni, unique par son culot et son audace qui en surprendra plus d'un. Un exemple à suivre plus souvent par les producteurs.


Note : 6/10

jeudi 3 juillet 2014

Dragons 2



Réalisation et scénario : Dean DeBlois.
Durée : 1 h 40
Interprétation : Jay Baruchel, Cate Blanchett, Gerard Butler...
Genre : Episode 2.

Synospis :

Cinq années après leur rencontre, Harold et Krokmou vont se battre pour défendre les valeurs et préserver le destin des Hommes et des dragons.

Dean DeBlois se sépare cette fois de Chris Sanders pour la suite de Dragons, le très bon rafraichissement de Dreamworks sorti il y a quatre ans. Bien que le divertissement soit quand même au rendez-vous, Dean DeBlois signe une suite un cran en dessous.

Toujours aussi spectaculaire avec ces envolées dragonnesques en compagnie de l'irrésistible Krokmou , toujours le grand point fort du film, Dragons 2 déçoit par son scénario qui manque de souffle et d'originalité dans un savoir faire parfois dépaysant, parfois déprimant. On regrettera une émotion et une psychologie bien lisse à côté d'un univers plus vaste et des dragons plus charmants et décidément bien moins ennuyeux que les Humains.

Le scénario reprend de manière classique les conventions d'une séquelle sans vraiment y ajouter la fraîcheur et la fougue aventureuse du premier opus. On a donc droit a pas mal de scènes d'émotions fades ainsi qu'un humour tantôt drôle tantôt lourd destiné plus particulièrement aux adolescents parsemés dans des batailles spectaculaires qui en revanche ne manquent pas de nous en mettre plein les mirettes. C'est donc avec un scénario pour le moins décousu que nous suivons les aventures de notre « Furie nocturne » préférée. Chacune des apparitions de Krokmou fonctionnent et nous font encore plus regretter le vide abyssale côté psychologique.

Les grosses ficelles se ressentent donc beaucoup plus que dans le premier opus mais le divertissement reste tout de même présent notamment avec les personnages très « Harry Potterisés » dont nous avons été attachés dans le premier opus. Ces derniers très représentatif du film d'ados tiennent le cap niveau humour même si c'est parfois plus téléphoné qu'auparavant. Si les dragons sont les stars il est difficile de ne pas penser à Avatar par moments ainsi qu'aux suites des films d'animations du même type (Age de Glace, Madagascar ...) par la facilité de l'intrigue et les mêmes procédés d'écritures et de mise en scène.

Dans le fond comme dans la forme, Dragons 2 est un produit conforme du blockbuster d'animation comme le premier opus, la fraîcheur et l'originalité de l'univers en moins. Si le divertissement reste propre et la 3 D parfois très réussie, cette suite est moins bonne avec un certain goût d'amertume : celui d'avoir été plus envahit par les Hommes que les dragons. Espérons que le trois opus se débride plus du côté du scénario et revienne plus proche de la facture généreuse du premier opus.


Note : 5,5 /10