jeudi 30 juin 2016

Le Monde de Dory




Réalisation : Andrew Stanton et Angus MacLane
Scénario : Victoria Strouse et Andrew Stanton
Durée : 1 h 30
Avec les voix de : Céline Monsarrat, Franck Dubosc, Mathilde Seigner, Philippe Lellouche, Timothé Vom Dorp, Kev Adams...
Genre : Dory movie 

Synopsis

Dory, le poisson chirurgien bleu amnésique, veut retrouver ses parents. Marin et Nemo se joignent à elle pour l'aider à les retrouver, mais c'est surtout à sa mémoire qu'elle doit le plus solliciter. 

Un peu comme Monstres et Cie faire une suite au Monde de Nemo était dispensable. Seulement quand il s'agit des studios Pixar on en redemande à la fin de la séance tant leur (brillant) savoir faire est rafraîchissant. Leurs ficelles sont virtuoses et surtout pleines d'énergies positives, Le Monde de Dory n'échappe pas à la règle de la redite mais n'empêche pas d'entrer dans la catégorie des bons films de la firme. 

Faire une suite au Monde de Némo, le grand classique Pixar qui nous avait éblouit il y a déjà treize ans, relevait d'immenses pièges narratifs. Cependant le plus grand défi était de prendre comme personnage principal un poisson très drôle mais aussi plus pathétique : Dory. Au final tous les redoutables pièges sont gentiment contournés et évités avec beaucoup de bonne humeur. On zappe les narrations à la Memento et des thrillers avec le thème de la mémoire, on zappe également le fan service même si Nemo et Marin sont encore de la partie, on prolonge le côté décalé du monde marin avec des personnages secondaires, tous fameux. Tout ce qu'il y a d'un bon Pixar est présent ici, même si l'originalité et les ambitions des plus grands ne sont pas aussi hautes et brillantes. 

Le Monde de Dory réussi avant tout un beau compromis entre la quête initiatique, une belle fable sur l'acceptation et le handicap. C'est aussi une leçon d'amitié, peut-être un des buddy movie les plus réussis de ces dernières années entre un poisson et une pieuvre. Si l'on sent un peu plus de mal à concentrer l'émotion chez Andrew Stanton que chez Pete Docter, il faut avouer que l'humour y est généreux et la galerie de personnages tous réussis et bien developpée. Que ce soit au niveau des dialogues, du rythme ou même des différents retournements de situations (qui font penser aux meilleurs productions de chez Dreamworks) tout est extrêmement plaisant et plein de fougue. Rien est ennuyeux et à aucun moment les créateurs ne se reposent sur leurs lauriers. Le final est rempli d'énergie positive, à l'image du personnage de Dory, folle et attachante à souhait. Animation et musique comme d'habitude sont tout deux très réussis, un beau compromis entre les graphismes du Monde de Nemo et l'animation actuelle (qui a bien évoluée cela va sans dire). 

Comme d'habitude le spectacle plaira aux petits et aux grands. Sans prétention, Le Monde de Dory s'impose comme un bon Pixar et comme souvent le divertissement solide de cet été à ne pas louper. Une replongée réussie et toujours aussi rafraîchissante. 

Note : 8 / 10

samedi 18 juin 2016

The Neon Demon



Réalisation : Nicolas Winding Refn
Scénario : Mary Laws, Polly Stenham et Nicolas Winding Rejn
Durée : 2 h 
Interprétation : Elle Fanning, Jena Malone, Bella Heathcote, Abbey Lee, Christina Hendricks, Karl Glusman, Keanu Reeves...
Genre : Expérience pimpante

Synopsis

Une jeune fille débarque à Los Angeles, son rêve est de devenir mannequin. Son ascension fulgurante due à sa beauté pure suscite de la jalousie auprès de ses concurrentes. Ces dernières sont prêtes à tout pour s'emparer de cette beauté. 

Nicolas Winding Refn est un cinéaste qui continue à développer son sens de l'esthétisme, son talent et toujours avec une volonté de proposer quelque chose de nouveau. Avec ce nouvel ovni, le réalisateur de Pusher mise tout sur l'esthétisme et le symbolisme pour donner une forme assez sensationnelle à son The Neon Demon. Le film est agréable à suivre car la mise en scène est somptueuse, intense quand elle n'est pas magistrale. Seulement comme l'an dernier avec Birdman d'Innaritu, l'ensemble me laisse une pointe d'amertume, toute cette virtuosité appuyée pointe rapidement les limites d'un scénario aux intentions mi figue mi raisin. 

Assez souvent on sent que le cinéaste se regarde filmer. Cependant comme le film est dans le monde publicitaire et le milieu de la mode : c'est dans le thème et ça fonctionne. The Neon Demon a tout pour être un grand film et on peut le défendre facilement. Nicolas Winding Refn signe un film à l'image des critères de la beauté : envoûtant visuellement mais terriblement superficiel dans le fond. C'est assez réussi car le scénario est une coquille vide qui se contente d'enchaîner des symboliques de manière plus ou moins intéressantes et subtiles. Cependant ce qui me gêne le plus dans tout ça reste l'intention du cinéaste j'ai l'impression n'assume pas tant que ça de suivre son chemin. Par moments j'ai eu la désagréable impression que des scènes ne sont là que pour ses envies esthétiques et l'envie de nous choquer. Des scènes s'enchaînent sans forcément aller dans une direction particulière ou un crescendo, comme celle d'une fille qui fait l'amour sur un cadavre ou encore des personnages masculins sous exploités. Peut-être que je me trompe et que tout à une signification mais je trouve que malgré sa belle forme, le film est souvent hasardeux dans ses propos et sa narration saccadée l'empêche d'aboutir à quelque chose de fort. 

Sur les pas de Kubrick et d'Argento, Winding Refn continue a appuyer son style avec une bande originale  très eighties, on entend les inspirations de Vangelis à plein tympan. Un peu comme Sorrentino, Winding Refn manque par moment de franchise et de dépasser le simple exercice de style inspiré de ses modèles. Le réalisateur de Drive est un grand cinéaste qui a du mal à se démarquer par rapport à des films références plus importants comme ici La féline de Jacques Tourneur, Suspiria de Dario Argento ou encore le cinéma électrique de David Lynch, qui se démarque par ses pistes mais également ses thèmes et son style personnel. Le film m'a fasciné autant qu'il m'a agacé, séduit et choqué à la fois mais je n'ai pas eu l'impression d'être devant un film qui ne prend jamais une dimension grandiose et intelligente. J'ai pris du plaisir à voir de la belle mise en scène et de belles séquences mais j'ai plus de mal à saisir l’intérêt et l'orientation des pistes qui restent finalement trop vaines pour saisir le pourquoi du comment. On est loin d'avoir un discours fort et pertinent, ni même clair. J'ai plus l'impression de ressentir de la masturbation d'un cinéaste qui a indéniablement du talent mais n'arrive pas forcément à l'exploiter.

Du début à la fin, tout le film reste dans la plastique et je doute que ce soit clairement assumé par le cinéaste sur la longueur. Sa volonté à faire un ovni se ressent sur tous les plans. C'est par moment fatigant mais souvent virtuose heureusement. C'est un cinéaste que j'aime beaucoup (Bronson reste un de mes films préférés) je reste un peu dubitatif sur ce dernier The Neon Demon. Son film le plus léché serait également son plus vain ? Une belle forme ne fait pas forcément un bon film mais rend l'arnaque tout de suite plus agréable à suivre (Drive ?). The Neon Demon est quand même une expérience cinématographique qui vaut le détour et mérite de s'y attarder dessus.  

Note : 6 /10

dimanche 12 juin 2016

Elle



Réalisation : Paul Verhoeven
Scénario : David Birke
Tiré de l'oeuvre de Philippe Djian
Durée : 2 h
Interprétation : Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Anne Consigny, Charles Berling, Virginie Efira, Jonas Bloquet, Alice Isaaz...
Genre : Inabouti

Synopsis

Michèle fait partie des femmes que rien ne semble atteindre. Elle gère ses affaires comme sa vie sentimentale : d'une main de fer. Sa vie bascule quand elle se fait violer chez elle par un mystérieux inconnu. Michèle ne va pas à la police mais se met à traquer son agresseur. Un jeu étrange entre eux s'installe. 

Le retour du cinéaste de Total Recall presque dix ans après la sortie en salles du brillant Black Book était attendu de la part de pas mal de cinéphiles. Le cinéaste n'était pas forcément attendu en France ainsi qu'avec une critique d'une telle unanimité de la part de la presse au Festival de Cannes. Lui qui a toujours suscité comme Brian De Palma la controverse, ma curiosité fut alors aguichée malgré la bande annonce assez rebutante. Quelques jours après le visionnage, je reste toujours assez partagé sur le film. 

Un peu comme le scénario du film, je ne sais pas trop par où commencer. Le film a énormément de thèmes intéressants (plus ou moins clichés) dont malheureusement je trouve rien n'est approfondi et encore moins abouti. Ce sera pareil pour toutes les nombreuses pistes qui se retrouvent toutes secondaires pour laisser place en premier plan au jeu d'Isabelle Huppert, qui reste hélas dans la caricature de son jeu habituel. Le scénario oscille entre la comédie, la perversion, le deuil, le regret, la mort (soit un peu tout ce qu'aime le cinéaste) mais aucune dramaturgie ou axe directionnel ne semble orienter tout cela vers quelque chose de précis et de vibrant. Elle ressemble à un patchwork du cinéma de Paul Verhoeven distrayant mais qui ne décolle jamais faute à une non écriture, une non intrigue et un jeu souvent plat ou faux des interprètes. 

Dans tout cela il y a de bonnes choses, des moments comiques plutôt réussis et des pistes d'interprétations intrigantes à souhait quant au passé de cette femme et cette famille. On en revient même à se demander si le cinéaste ne veut pas innover dans le thriller plus subtil qu'à l'accoutumée. Le cinéaste y parvient des fois mais c'est bien trop rare, c'est avec les gros sabots qu'il se sent toujours le plus à l'aise. Pendant deux heures le scénario nous dépeint une femme super intéressante sur le papier mais tout reste linéaire et plat, un peu comme si le cinéaste était dès le début fatigué de suivre cette femme presque aussi nuancée et morte socialement que Rachel Stein dans Black Book

Le film est aussi riche en thème que vide dans son développement. Beaucoup de pistes narratives nous sont présentées pour finalement que ne pas être abordées. On peut reprocher au film de ne pas aller au fond des choses, tout comme une multitude d'intrigues secondaires, distrayantes certes, mais en majorité sans saveurs et vraiment inutiles pour la suite de l'histoire et parfois la narration. Moi qui aime beaucoup les films du cinéastes là je trouve que pour le coup c'est assez raté. Surtout parce que je pense que la démarche du film n'est pas franche ni sincère. Elle est un film comme Passion de Brian de Palma, un retour d'un cinéaste qui ne marche plus, ou ne colle plus au moule Hollywoodien et qui est dans ses thèmes récurrents. Seulement je trouve que Brian de Palma est plus honnête et franc du collier que Paul Verhoeven. Même si je dirai qu'Elle est plus interessant que Passion il est beaucoup plus fade, beaucoup plus anecdotique. Comme pour le film de De Palma on reste formellement proche du téléfilm moche qui marque la fin d'un cinéaste qui se répète ou qui ne retrouve plus la forme d'antan, et ce sur toutes les coutures. 

Un film est souvent réussi par l'honnêteté du metteur en scène dans son histoire et ici je trouve qu'Elle est assez anecdotique avec le jeu (sans risque) d'Isabelle Huppert toujours adulé par les critiques et des thèmes tellement nombreux qu'on ne peut pas dire que le film ne soit pas intéressant. Un peu comme si on m'avait offert six mignardises et qu'on me demande de noter le repas, je conclurai que ce dernier film de Paul Verhoeven est bien maigre et ne renoue ni avec la forme ni avec le fond et encore moins les brillants ressorts scénaristiques d'antan. Black Book avait des défauts de finesse propre au cinéaste mais balayés par un sens de la mise en scène et dramatique fort. Elle a tout de moyen et s'avère être un exercice de style raté. Comme je doute toujours des intentions principales du film, je ne crierai pas au navet mais assurément de déception. 

Note : 4 / 10

Retour chez ma mère



Réalisation : Eric Lavaine
Scénario : Hector Cabello Reyes et Eric Lavaine
Durée : 1 h 30
Interprétation : Alexandra Lamy, Josiane Balasko, Mathilde Seigner, Philippe Lefebvre, Jérôme Commandeur, Didier Flamand...
Genre : Comédie 

Synopsis

La vie de Stéphanie est partie en éclats. Elle se retrouve dans l'obligation de retourner vivre avec sa mère. La famille va se retrouver pour un repas de famille où tout va éclater aussi.  

Eric Lavaine est un réalisateur de comédies assez surprenant. Capable du pire avec Poltergay comme du sympathique Incognito, il est à ce jour à son meilleur niveau avec son dernier film, proche d'une pièce de théâtre. 

On retrouvait déjà un peu la démarche de la comédie italienne dans son précédent film Barbecue qui cernait et ciblait la génération des quinquas dans leurs déboires. Le film était porté, et sauvé à la longue, par la présence de Lambert Wilson, toujours rassurante. Eric Lavaine cette fois creuse le sillon et le genre avec une histoire simple et de plus en plus universelle avec un casting bien vu qui ne repose sur aucun acteur, ni actrice en particulier. Le scénario et la mise en scène contourne de justesse le pathos pour laisser place à quelques beaux moments de rires et d'émotions. Dommage que tout ne soit pas régulier. 

Le film ne reste pas mémorable faute à une intrigue et un fond un peu light. Heureusement la forme est souvent drôle ou plus subtilement amenée. Patrick Bosso en conseiller Pôle Emploi est drôle, Alexandra Lamy assure, Mathilde Seigner horrible à souhait et Josiane Balasko amène la touche d'humour qu'il faut. On peut regretter que le film ne passe pas la bonne comédie par des scènes qui ne vont pas au bout de leur démarche. Surtout une fin de repas de famille un peu brouillonne et pas aussi maîtrisée que son début qui faut l'avouer est brillante.

Retour chez ma mère est une comédie sympathique sans prétention qui aurait pu être meilleure mais aussi bien plus lourde. Un bon moment de divertissement qui rappelle les comédies d'Etienne Chatillez des années 90 et 2000. Eric Lavaine assure la relève de ce dernier et j'avoue que ce n'est pas déplaisant. 

Note : 6 / 10

samedi 4 juin 2016

The Nice Guys




Réalisation : Shane Black
Scénario : Anthony Bagarozzi et Shane Black
Durée : 1 h 50
Interprétation : Ryan Gosling, Russell Crowe, Matt Bomer, Angourie Rice, Margaret Quallet, Kim Basinger...
Genre : Buddy movie terne

Synopsis

Alors que les membre d'une équipe de tournage d'un film porno se fait éliminer progressivement, deux privés aux tempéraments opposés mènent l'enquête. 

Il faut être fan du style Shane Black sans quoi vous passerez à côté de The Nice Guys. Un peu comme moi. Le scénariste de Last Action Heros remet donc le couvert avec une histoire volontairement abracadabrantesque et avec un duo épatant comme gros ressort comique. Comme d'habitude, il y a des moments très bien mais l'ensemble est paresseux, classique et culcul la praline. Shane Black reste toujours le Tarantino du pauvre. Même si ses dialogues sont bien plus travaillés que la plupart des films que l'on voit aujourd'hui sur les écrans, il manque de prises de risques, de fraîcheurs et de surprises pour être mémorables.

The Nice Guys est le film noir pour les beaufs américains comme l'était L'arme Fatale dans le film d'action. Je ne suis pas fan de 80 % de l'humour de ce genre de film, je le trouve surtout fade. Il est en permanence niché entre la provocation trop calculée et le bien pensant étouffant. Cependant tout est propre et plutôt efficace dans son registre et ce serait faux de dire que rien ne fonctionne. Certains gags font mouches même si trop souvent ils se font désirer ou sont trop répétitifs au point de bâcler la scène. Le film est distrayant par les personnages en roue libre et le cabotinage des interprètes (Ryan Gosling en tête). Le soucis dans tout cela reste que Shane Black n'est toujours pas un metteur en scène, il reste un illustrateur trop sage. On se retrouve presque comme devant American Ultra, avec un scénario mieux écrit mais toujours au niveau zéro de l'audace cinématographique. La mise en scène est aux abonnés absentes, transparente et ne possède que deux idées en cherchant bien. Sur une heure cinquante de film c'est trop pauvre pour convaincre, à l'image de l'enquête policière, très banale. Une impression de gâchis reste à la fin de la séance comme si le scénario était passé à côté de la cible d'aller un peu plus loin qu'une comédie populaire banale. L'impression que Shane Black se contente une nouvelle fois d'être cool et de se reposer intégralement sur le jeu kamikaze de son duo et ses quelques ressorts comiques. Dommage que ses rebondissement soit rouillés et souvent éculés.

Niveau musique à part quelques bons morceaux de disco et de funk de l'époque, c'est de la musique d'ascenseur tout le long. Un peu comme le montage, il manque du corps à cette mise en scène et même un moment avec un morceau de bravoure. On est presque dans du champs contre champs non porté par une structure du scénario qui ne prend jamais vraiment d'ampleur. C'est frustrant quand on pense ce qu'aurait pu faire un cinéaste comme William Friedkin, Quentin Tarantino, Sam Raimi ou encore Edgar Wright sur un sujet comme ça. C'est le style Shane Black que l'on aime ou pas. Pour tout vous dire, il me laisse trop indifférent. Son humour me distrait mais me déçoit plus que je le trouve généreux. Tout l'inverse d'Edgar Wright qui même s'il est également très classique dans le fond, est référencé, drôle et également audacieux. 

The Nice Guys colle plus au personnage interprété par Ryan Gosling, extravagant et foutraque mais terriblement niais au fond. Il manque de charisme et de force, contrairement à Russel Crowe qui est ici massif à souhait. Shane Black a un atout de force pour lui, celui de ne pas être prétentieux mais son cinéma ne casse pas trois pattes à un poulet. De cette petite comédie il me restera juste deux choses notables : un Ryan Gosling au top et une Kim Basinger à côté de la plaque. Deux choses peu communes contrairement au film. Même si tout est à la cool dedans, les ingrédients et le style sont bien trop singuliers et impersonnels pour être mémorables. 

Note : 4 / 10