mercredi 29 avril 2015

Sea Fog - Les Clandestins ( Haemoo )



Réalisation : Sung Bo Shim 
Scénario : Bong Joon-Ho et Sung Bo Shim
Durée : 1 h 45
Interprétation : Yung Seok Kim, Park Yu Chun, Han Ye-Ri... 
Genre : Brouillard coréen 

Synopsis

Capitaine d'un bateau de pêche menacé d'être vendu par son propriétaire, Kang décide lui même d'acheter le navire afin de sauvegarder son poste et son équipage. Criblé de dettes et la pêche insuffisante, en désespoir de cause il accepte de transporter des clandestins venus de Chine. La traversée va se transformer en véritable cauchemar.

Le cinéaste Bong Joon-Ho offre à son co scénariste de Memories of Murder l'opportunité ici de réaliser son premier film. En plus de la production, le réalisateur du Transperceneige collabore même une nouvelle fois au scénario de Sea Fog. Le film est d'une grande maîtrise de mise en scène, surtout pour une première réalisation, le scénario fluide, violent et loin des clichés mais il demeure loin de la personnalité des films de Bong Joon Ho. 

Si le film est bien rythmé et réalisé avec beaucoup de rigueur, je suis sorti de la séance tout de même avec une impression un peu mitigée. Sea Fog reste un moment de cinéma qui remplit tout de même bien ses promesses. On retrouve du social bien mêlé aux émotions et à la violence, sans niaiseries et filmé de manière virevoltante et bien noire. Seulement le film n'est pas vraiment clair dans ses objectifs et intentions. Disons plutôt de manière pas vraiment franche. Dans une première partie le scénario prend le temps d'instaurer une tension entre l'équipage et les clandestins pour trop rapidement virer vers un film d'action 
menée avec classe. Si tout est bien fait de manière générale, cette première partie laisser supposer à suite bien plus subtile et originale. C'est assez frustrant pour ma part car cette tension devenait assez intéressante, cela s'approchait un peu des thèmes du Transperceneige

La seconde partie reste distrayante, tendue et très bien jouée. On retrouve tout le savoir faire virtuose de ce cinéma asiatique tant appréciable. Dommage que la bande originale manque de relief et de cachet de manière globale, donnant l'impression de regarder un film un peu plat et impersonnel. Le final est quant à lui un peu inutile même si assez réussi par son non happy-end évidemment. Comme le début du film, cette fin est trop écrite et finalement ne pas apporter grand chose. On retrouve de bons acteurs, de bonnes idées de plans et de montage que l'on peut retrouver dans The Chaser d'Hong-jin Ha ou encore Breathless d'Ik-june Yang des premiers films qui ont du cran, la personnalité en moins. 

Sea Fog est un bon film mais à mon goût il manque d'accroche et d'un scénario plus pêchu. Le film manque de crescendo est un peu trop hybride entre l'action et le film social captivant, il est plus divertissant que frustrant mais cette balade en mer n'est pas la plus belle croisière cinématographique du cinéma. Les fans de cinéma asiatiques seront tout de même ravis de cette virée en mer, car vous l'aurez compris si ce n'est certainement pas le meilleur film exporté, il est tellement rafraîchissant et plus débridé que ce que l'on voit d'habitude sur les écrans qu'il fait du bien de voir ce genre de cinéma. Si la maigre distribution vous le propose dans votre salle (il a fallu attendre un mois pour qu'il passe à Lyon) je vous le recommande car c'est toujours agréable de voir ce genre de film en salles. 

Note : 6 / 10

vendredi 24 avril 2015

Broadway Therapy ( She's Funny That Way )



Réalisation : Peter Bogdanovich
Scénario : Peter Bogdanovitch et Louise Stratten
Durée : 1 h 30
Interprétation : Imogen Poots, Owen Wilson, Rhys Ifans, Jennifer Aniston, Cybill Sheperd, Kathryn Hahn...
Genre : Feel Good Therapy

Synopsis :

Lorsqu'Isabella rencontre Arnold, un metteur en scène de théâtre à Broadway, sa vie bascule. A travers ses souvenirs plus ou moins farfelus qu'elle confie à une journaliste, l'ancienne escort girl de Brooklyn venue tenter sa chance à Hollywood raconte comment ce « rendez-vous » lui a tout à coup apporté fortune et une chance qui ne se refuse pas.

Après John Boorman en début d'année, c'est au tour du vétéran du cinéma Peter Bogdanovich de signer un ultime film. Le cinéaste signe une comédie à l'ancienne plutôt jouissive dans l'univers New Yorkais névrosé si cher à Woody Allen. Sans révolutionner le genre, voilà un film qui fait du bien, il ne prend pas la tête et il est très réussi dans le registre, très proche du vaudeville que l'on voit généralement en France. On notera une séquence surprenante et décalée avec un chauffeur de Taxi. Je n'en dis pas plus.

Si ce n'est pas un chef d'oeuvre, Broadway Therapy n'est pas qu'un simple divertissement pour le cinéphile. Ce dernier sera couvert de références excellentes aux vieilles comédies américaines et anglaises tout au long d'un scénario au début un peu alambiqué (comme les séries télés vous me direz) mais rapidement très aéré et surtout très drôle. Sans prétention, on savoure de bons dialogues et surtout d'excellents comédiens qui se donnent à cœur joie de jouer, se faire plaisir et nous faire rire. De Rhys Ifans au personnage poilant à Owen Wilson cabotin de première, de la jeune talentueuse Imogen Poots à la psychologue tordante Jennifer Aniston à son meilleur, tous les interprètes sont excellents et valent le détour. On retrouve même de seconds petits rôles irrésistibles (George Morfogen surtout en privé ridicule) et des petits caméos bien placés comme Michael Shannon et Quentin Tarantino. Tout est dans une bonne humeur pour le moins communicative.

Le cinéaste ne s'enlise jamais car il n'y a aucun temps mort dans le film. L'ensemble est porté comme dans les vieilles comédie par les dialogues et les acteurs seulement Bogdanovich ne fait jamais ressentir l'effet de théâtre filmé comme on peut le voir généralement, notamment en France. Il travaille avec beaucoup de finesse l'espace et ses cadres pour donner un produit qui donne de l'air au personnage et au public. Si le délire aurait pu dégénérer plus loin à la fin et que le film ne bouscule finalement pas assez les codes du genre, voilà une bonne comédie qui fait du bien. C'est à voir au moins pour les numéros d'acteurs et les dialogues au poil. Pour le cinéphile c'est sans prétention, plus pétillant que d'habitude et ce serait bien dommage de passer à côté. 


Note : 7 / 10

jeudi 23 avril 2015

Good Kill



Réalisation et scénario : Andrew Niccol
Durée : 1 h 40
Interprétation : Ethan Hawke, Bruce Greenwood, January Jones, Zoë Kravitz...
Genre : Brûlot bouillonnant

Synopsis :

Le commandant Tommy Elgan est un pilote de chasse reconverti en pilote de drone. Douze heures par jour il combat les talibans derrière sa télécommande à une base à Las Vegas. Le reste du temps Tommy reste avec sa femme et ses enfants qu'il perd de plus en plus en vue. Suites à de nouvelles directives de plus en plus radicales, Tommy se remet en question et se demande s'il ne génère pas davantage de terroristes qu'il n'en extermine.

Andrew Niccol revient avec un sujet brûlant avec son dernier film Good Kill. Si le cinéaste n'obtient pas le virtuose, l'inventivité et le cynisme de ses deux grands précédents films que sont Bienvenue à Gattaca et Lord of War, il signe un pamphlet particulièrement nuancé sur la guerre technologique de nos jours. Que le film plaise ou pas, il soulève toutes les questions qu'American Sniper de Clint Eastwood sur le même thème n'abordait pas. Ethan Hawke brille dans un film maîtrisé et qui porte surtout à la réflexion.

La première heure du film est d'une grande efficacité que ce soit dans le scénario et la mise en scène. Dans l'anti américanisme, l'anti guerre ou la psychologie tendue et ambiguë de ces soldats tout est réalisé d'une impressionnante montée en ébullition. Le crescendo de la violence des missions est également de plus en plus insoutenable pour le spectateur. Dommage que la dernière demie heure soit plus sage dans le fond comme dans la forme. Je regrette que les intentions du scénario n'aillent pas plus loin dans les pensées et les actes du personnage de Tommy, elles paraissent même sectionnées. Cependant elles restent assez intéressantes dans le thème de la violence et de la vengeance. La fin, faussement bonne, a le grand mérite de déranger intérieurement notre vision de la justice, de la Guerre et de sa violence.

Good Kill marque surtout par les questions universelles et modernes qu'elles bousculent en nous. Niccol ouvre des pistes et veut avant tout montrer que les américains sont aussi, voir plus horribles et sanguinaires que leurs ennemis. Avec leurs moyens, ils se permettent même de tuer en masse pour bêtement « protéger les Etats-Unis d'Amérique ». C'est le conflit avec la nouvelle technologie à distance qui agite la lâcheté et les remords chez l'homme qui est certainement le plus pertinent, le plus intéressant dans ce film. L'immersion du spectateur du personnage de Tommy est très réussie. Avec vulnérabilité, le cinéaste dépeint un homme qui a un self control douteux et surprenant qui donne une ampleur et une densité essentielle au film. L'entourage nuance bien les portraits et les messages même si on retrouve bien entendu les clichés, les caricatures. Malgré tout le cinéaste joue avec ces derniers et s'en sert pour bien équilibrer ses idées et démontrer qu'avant tout la guerre est ce qu'il y a de pire pour tout le monde et pour l'Homme. Il n'y a aucune solution. A l'image d'Outrages de Brian De Palma, si nous ne sommes pas dans un grand film de Guerre, Good Kill est un brûlot efficace et pertinent contre les États-Unis mais surtout la guerre de manière générale. Dans les deux camps, la mal évolue à l'image de la technologie, de manière foudroyante et se propage de manière insondable et sourde sur les victimes encore vivantes. Un combat sans fin dans une époque où la violence prend une dimension virtuelle de plus en plus grande, au dessus du simple bain de sang et des tensions psychologiques de la Guerre Froide. L'impression que tout devient surtout de plus en plus incontrôlable.

Après le film d'Eastwood qui se contentait de suivre un texan idiot et borné dans ses actes républicains, Good Kill fait du bien et largement plus intelligent. Si la forme et les messages ne sont pas aussi subtils, tranchés et incisifs que les meilleurs films du cinéaste, il reste dans Good Kill quand même de la richesse dans ses pistes de réflexions, ce qui est toujours rare dans les salles de nos jours. Le cinéaste s'est fait produire par un français, celui de Démineurs de Kathryn Bigelow à l'époque, car les États-Unis ne voulaient pas le faire. Sans être inoubliable, l'ensemble du film est d'une facture plutôt honnête et efficace. Good Kill reste aujourd'hui indispensable à voir dans le genre comme pour le sujet. 


Note : 7 / 10

mercredi 22 avril 2015

En route ( Home )



Réalisation : Tim Johnson
Scénario : Matt Ember et Tom J Astle
Durée : 1 h 30
Avec les voix de : Jim Parsons, Rihanna, Jennifer Lopez, Steve Martin, Alex Lutz, Leïla Bekhti, Jacques Frantz...
Genre : Et Rihanna ricana

Synopsis :

Les BOOVS, aliens à l'ego surdimensionné, choisissent pour échapper à leur pire ennemi Les GORGS de faire de la Terre leur nouvelle planète d'adoption. Mais OH, l'un d'entre eux, va révéler accidentellement la cachette de son peuple. Contraint de fuir, il va rencontrer TIF, une jeune fille qui recherche sa mère. Ensemble ils vont devenir des fugitifs et amis.

Dans ce Dreamwoks assez mineur, on retrouve les avantages et les défauts de la firme. C'est à dire que d'un côté Dreamworks n'y va pas de main morte au niveau de l'humour et de leurs délires, une fois de plus assez irrésistibles. De l'autre côté de l'émotion sage, bien pensante et proprette. Seulement, ces séquences émotions (ou les musiques de Rihanna la plupart du temps) sont directement collées aux séquences humoristiques. Le manque de liant et de cohésion se ressent fortement sur l'ensemble du film, ce qui handicape vraiment En route d'être un bon film. Le résultat est donc trop hybride, soit trop déjanté ou trop mièvre pour le public. Le fond et la morale bien pensante sont cependant assez bien négocié par une forme efficace et une idée de base séduisante jusqu'à la fin.

L'introduction est sans doute ce qu'il y a de plus réussi dans le film. Elle associe l'humour avec la narration et les portraits de personnages avec beaucoup de légèreté et de rythme. Pendant une petite demie heure on avance même comme dans un Pixar en pleine forme soit du très bon Dreamworks. Ensuite on a quand même l'impression de sentir une pub pour la musique de Rihanna quand il faut faire pleurer dans les chaumières. On a du déjà vu sympathique avec des personnages et un rythme qui n'ont pas le temps de nous lasser. Tout reste distrayant et jamais vraiment larmoyant, les grosses ficelles narratives et la musique ne dégoulinent à aucun moment. Globalement c'est distrayant et traité avec assez de sobriété, cela aurait pu être bien pire.

Sur sa fin tout est hélas plus calme niveau humour mais aussi bien maîtrisé pour rendre l'ensemble cohérent. Un peu comme pour Monstres contre Aliens, on se retrouve devant un film mineur de la firme mais les délires et les personnages sont si jouissifs qu'ils font passer un très agréable moment et font presque pardonner des erreurs plus grossières. L'animation est de bonne qualité, le doublage français également, En route est un Dreamworks bien différent que ce que la bande annonce nous vendais ( et tant mieux !) mais est ce que les enfants aimeront ? Je ne sais pas. Dreamworks a du mal à cibler le plus grand public en dehors de Dragons et des Cinq Légendes. En route possède le double tranchant des ficelles grand public (Cinq Légendes) et de leurs délires (Madagascar ou Megamind) le tout enrobé par la musique de Rihanna, anecdotique et fade. Nous passons un agréable moment et ne sommes pas pris pour des idiots, les grandes closes du contrat sont remplies, c'est déjà une bonne chose. 


Note : 6 / 10

samedi 18 avril 2015

Une Belle Fin ( Still Life )



Réalisation et scénario : Uberto Pasolini
Durée : 1 h 25
Interprétation : Eddie Marsan, Joanne Frogatt, Karen Drury, Andrew Buchan...
Genre : Deux pieds sur Terre

Synopsis :

Modeste fonctionnaire dans une banlieue de Londres, John May se passionne pour son travail. Quand une personne décède sans famille connue, c'est à lui de retrouver les proches. Malgré sa bonne volonté, il est toujours seul aux funérailles, à rédiger méticuleusement les éloges des disparus. Jusqu'au jour où atterrit sur son bureau un dossier qui va bouleverser sa vie : Billy Stoke, son propre voisin situé en face de son appartement.

Le thème de la solitude a souvent été traité au cinéma, certains en sont des chefs d'œuvres, mais de la manière que propose Uberto Pasolini assez peu. Sans être un grand film, Une belle fin traite sans grands sentiments, sans niaiseries mais avec beaucoup d'élégance, de sobriété et avec une touche typiquement british délicieuse, un sujet particulièrement touchant au plus profond de nous même. Drôle, attachant et désespérément triste, le film est à l'image du fonctionnaire interprété par le formidable Eddie Marsan souvent hélas cantonné aux seconds rôles.

On peut reprocher au film d'être un peu mou et par moment trop scolaire. Seulement, le scénario et l'interprétation sont au service de l'émotion, du message du film. On notera aucun artifice, aucun remplissage ni effets inutiles. La première partie du film décrit le quotidien du personnage et permet de donner toute la perspective à l'émotion procurée sur la fin de l'histoire. C'est bien écrit, bien joué et loin de tout les tires larmes que l'ont peut voir dans le genre. Le film nous plonge dans un monde rangé, organisé, triste mais également humain, sensible et triste. Pas de clichés, pas de fioritures et encore moins de musiques niaises, nous plonge sur l'enquête d'un personnage très nuancé, victime de la société et du genre humain. On se retrouve en quelque sorte un peu entre The Best Offer de Giuseppe Tornatore et la série Six Feet Under traîté à l'anglaise.

Une belle fin est autant un feel good movie qu'un feel bad movie. Il est déchirant, montre le fait de mourir seul, loin de tous le monde mais donne également envie de connaître la vie de tout notre entourage (voisin, collègue...) dans un monde où la solitude est de plus en plus présente. Le film enchaîne tranquillement les moments d'émotions et de tendresses pour nous proposer une très belle fin comme le titre français (pour une fois réussi) nous l'indique. On regrettera peut-être un manque de rythme et un cachet qui font des grands films donnant un aspect un peu terne, anecdotique et sage à l'ensemble. Cependant sur le sujet et surtout si l'on compare à la plupart des films qui sortent, c'est à voir absolument. Il montre même l'exemple car peu de cinéastes proposent de nos jours un traitement qui mise sur le côté humain désabusé et surtout à plusieurs lectures. Je vous conseille si vous le pouvez d'aller d'aller le voir pour encourager ce genre de petits grands films qui méritent ses louange et bien plus de succès. Une petite programmation et peu de promotion comme d'habitude vont le faire oublier aux yeux de beaucoup de monde mais pas pour ceux qu'ils l'auront visionnés car il est impossible de ne pas être touché. Un beau film.


Note : 7,5 / 10

mardi 14 avril 2015

La Nuit des généraux ( The Night of the generals)



Réalisation : Anatole Litvak
Scénario : Paul Dehn et Joseph Kessel
d'après le livre d'Hans Hellmut Kirst
Durée : 2 h 25
Interprétation : Omar Sharif, Peter O'Toole, Philippe Noiret, Donald Pleasance....
Genre : Atypique

Synopsis :

En 1942 à Varsovie, une prostituée est sauvagement assassinée. Le Major allemand Grau est chargé de l'Enquête et la piste le dirige rapidement vers trois généraux allemands. Grau est muté à Paris pour abréger l'affaire. Deux ans plus tard Grau retrouve les généraux à Paris et un autre meurtre similaire se reproduit. Grau cherche absolument à condamner ce meurtrier, général ou pas. Seulement un complot contre Hitler se planifie en même temps et l'enquête est ralentie.

Voici un drôle d'ovni signé par le très grand cinéaste Anatole Litvak. Sans doute une des plus grandes productions européennes réalisées avec un casting international aussi prestigieux et surtout qui a la très grande particularité de nuancer le côté allemand durant la Seconde Guerre Mondiale. Sur un rythme et une mise en scène virtuose, Anatole Litvak signe un morceau de bravoure formidable qui oscille entre policier et guerre avec au scénario original et passionnant. Le tout porté par de formidables acteurs, américain anglais et français. 

Tout commence par une bande originale de Maurice Jarre aussi marquante que magnifique. La musique donne le ton sur une séquence d'introduction très audacieuse qui nous plonge dans une enquête passionnante et loin de tous les clichés. Grande production oblige, on a droit a une histoire d'amour un peu cucul au début mais finalement maîtrisée et très bien exploitée sur sa fin. L'écrivain Kessel et le scénariste Paul Dehn manipulent avec grande aise et élégance les flash back entre les années quarante et soixante dix. Anatole Litvak aime beaucoup cette vitesse dans la narration et cela se ressent comme pour ces précédents films. Le scénario nuance encore plus le côté allemand en incorporant dans la deuxième heure la fameuse affaire Walkyrie dans une enquête principal qui semble perdue d'avance par l'excellent Omar Sharif. Les tensions et les intrigues sont toutes traitées avec de l'humour, de la violence, de l'ambiguïté et souvent beaucoup finesse rendant La nuit des Généraux un petit chef d'oeuvre au savoir faire flamboyant. Une des très grande force du film est d'avoir un scénario original et fort dont rien est cousu de fil blanc. 

On retrouve Henri Decae comme directeur de la photo qui avait travaillé chez Melville pour Le Samouraï ou même Plein Soleil de René Clément, le travail du cadre est une nouvelle fois saisissant. La mise en scène et le montage sont toujours d'une grande modernité et la force d'interprétation intense et inoubliable toujours exemplaire et magistrale. J'ai particulièrement beaucoup d'admiration pour ce cinéaste hélas trop oublié alors qu'il est le chaînon entre le cinéma Alfred Hitchcock et ici de Roman Polanski. Il n'y a qu'a voir la facilité dont il utilise le vocabulaire cinématographique, la force des dialogues, de la direction des acteurs, de la photographie, de la musique dans ce film pour en être convaincu. On dirait un mélange du meilleur cinéma français, américain et anglais de l'époque, c'est de très grande classe. Si l'interprétation est à l'image du casting, c'est à dire impressionnante, je m'arrêterai sur la prestation monumentale du regretté Peter O'Toole ici dans la peau d'un général allemand inoubliable. Il me hante toujours, surtout devant l'autoportrait de Van Gogh. Nous avons droit à du pur cinéma. 

Psychologiquement et historiquement le film est d'une immense puissance et d'un grand intérêt. C'est du grand cinéma sur tous les fronts attaqués. Un pot pourri bien ficelé et unique. La Nuit des généraux est donc un très grand film de Guerre. Plus encore, un blockbuster intelligent et audacieux fait par le meilleur du savoir faire d'Anatole Litvak. Après une carrière aux Etats-Unis, le cinéaste insuffle son talent technique ainsi que le souffle nécessaire à un scénario tous les deux bien loin des conformités hollywoodiennes. L'équivalent moderne du Ghostwriter de Roman Polanski dans la carrière du cinéaste. L'avant dernier film du cinéaste a eu à l'époque un grand succès en salles et il est tombé maintenant dans l'oubli sauf pour une petite poignée de cinéphiles. Je recommande donc à tous les passionnés de cinéma et notamment de celui des années soixante de le voir. Pour ma part, c'est un film culte car il m'a marqué et reste une oeuvre virtuose. Un film au grand savoir faire, à la plume dense et un résultat bien à part dans le genre. 

Note : 9,5 / 10

jeudi 2 avril 2015

Shaun le mouton




Réalisation et scénario : Max Burton et Richard Starzak
Durée : 1 h 20
Interprétation : Justin Fletcher, John B Sparkes, Omid Djalili...
Genre : Aardman pur laine

Synopsis

Une bêtise de Shaun entraîne accidentellement le fermier jusqu'à la Grande Ville devenant sur le coup amnésique. Shaun avec l'aide de Bitzer et du reste du troupeau vont essayer de le chercher dans ce monde inconnu et dangereux. 

Comme d'habitude les studios Aardman nous régalent par leur inventivité virtuose et leur bonne humeur communicative destinés pour petits et grands. Cette adaptation de la série du petit mouton Shaun est fidèle à la recette délicieuse des studios. C'est drôle, émouvant, mignon et truffé de clins d’œil... tout est savoureux une nouvelle fois dans cet opus qui a la particularité de ne pas avoir de dialogues. 

Les deux cinéastes signent un excellent divertissement avec ce nouveau bijou dérivé et produit par les créateurs de Wallace et Gromit. Cette fois c'est le petit mouton de Rasé de près qui a droit à son film. Les amis des animaux, de l'humour anglais ainsi que de la comédie d'aventures vont se régaler. Tout est une nouvelle fois bien écrit, bien pensé avec un magistral sens du rythme et des gags. C'est de l'humour universel jamais être vulgaire et encore moins cliché. Tous les ingrédients des précédents films de Chicken Run aux Pirates bons à rien mauvais en tout sont de nouveaux réunis pour notre plus grand plaisir. Les recettes utilisées ne sont jamais redondantes, ni lourdes encore moins épuisées, elles restent délicieuses et rafraîchissantes. 

Si vous aimez les précédents films des studios Aardman ne ratez donc pas cette nouvelle pépite qui plaira à tous le monde. Foncez dans les salles de cinéma et savourez de ce grand moment de cinéma ! Si Shaun le mouton n'est pas le meilleur, il est tout aussi aussi bon que Wallace et Gromit : Le mystère du Lapin Garou et Chicken Run, les plus réussis. Il ne faut pas le rater car ce n'est pas tous les jours que l'on peut voir ce genre de réussite dans les salles. Comme toujours au générique de fin (excellent lui aussi) on en sort comblé et les larmes aux yeux du spectacle qu'il vient de se dérouler devant nos yeux. Un très grand film d'animation incontournable et so british. 

Note : 9,5 / 10

La dévédéthèque parfaite

Chicken Run de Peter Lord et Nick Park, Wallace et Gromit Le mystère du Lapin Garou de Nick Park et Steve Box et Les pirates bons à rien mauvais en tout de Peter Lord. 

Les courts-métrages de Wallace et Gromit Une grande excursion, Rasé de près, Un mauvais pantalon et Un sacré Pétrin sont également à posséder.