samedi 28 février 2015

Birdman



Réalisation : Alejandro Gonzalez Inarritu
Scénario : Armando Bo, Alexander Dinelaris, Nicolas Giacobone et Alejandro Gonzalez Inarritu
Durée : 1 h 55
Interprétation : Michael Keaton, Edward Norton, Zach Galifianakis, Naomi Watts...
Genre : Bombe mouillée

Synopsis

Riggan Thomson était mondialement connu pour avoir interprété le super-héros Birdman. De cette célébrité il ne lui reste plus grand chose et il tente de monter une pièce de théâtre à Broadway pour renouer avec la gloire. Avant la première Riggan va devoir affronter les acteurs, ses proches, sa famille, ses rêves, son passé et surtout son égo ... 


Techniquement Birdman est impressionnant. Un peu comme si All That Jazz de Bob Fosse était retourné à la manière de Gravity. Le fait de donner l'illusion d'un immense plan séquence est à mon avis autant la force que la faiblesse du film. L'interprétation des acteurs ainsi que le rythme endiablé de la caméra sont suffisamment époustouflants pour rendre l'ensemble du film plutôt bon. On pardonne un peu un scénario qui manque de prises de risques par des scènes d'émotions et des parties plus intimistes assez plates par rapport au reste. 

On retrouve avec Birdman le réalisateur de 21 grammes à des centaines de lieues de son style pour notre plus grande surprise. On ne reconnaît que sa rigueur technique habituelle et c'est le gros point fort du film. Si Birdman se veut un ovni, il ne l'est pas vraiment. C'est un film atypique certe mais avec des ficelles et des intentions bien plus sages et bridées que l'image et l'univers qu'il souhaiterai critiquer et dépeindre. Le film est trop lissé ,compacté dans le moule hollywoodien pour séduire vraiment. Le cinéma et le métier d'acteur est toujours un sujet intéressant des cinéastes en ont fait des chefs-d'oeuvre (comme Robert Aldrich dans Qu'est il arrivé à Baby Jane ?). L'idée de base est aguicheuse avec le mélange de fantastique et de film choral de filmé de manière virtuose. On pense clairement a un croisement entre Robert Altman et de Bob Fosse, ou de Paul Thomas Anderson et de Darren Aronofsky aujourd'hui. Le cinéaste nous avait alors jusqu'à aujourd'hui habitué a des histoires travaillant beaucoup sur les points de vue extrapolés pour mettre en place des drames noirs particulièrement forts. Avec Birdman c'est une toute nouvelle aventure pour le cinéaste qui ne réalise ici hélas qu'une comédie plus douce que grinçante sur le milieu. La mise en scène aussi parfaite et soufflante soit elle en pâtit à cause du scénario parfois trop plat et de manière générale trop sage rendant la technique un peu comme un petit pétard mouillé. Le scénario ne propose que des pauses au public par des fades et banales touches d'émotions qui désamorcent toute l'originalité et la force du film. Dommage car les pointes de fantastique et de psychologie sont tout de même bien amenées, même si elles se démarquent pas plus les unes que les autres. 

Tout est au donc même niveau, le ton et le fond du film manque de cachet pour en faire un chef d'œuvre avec de la fièvre et de la grâce. Tout est axé et porté par le personnage interprété avec grande élégance par Michael Keaton. Une mise en abîme bien vue et assez jouissive sur un personnage qui représente seulement un super héros aux yeux de tous le monde, à l'image de l'acteur qu'il interprète. On retrouve donc dans Birdman un sujet intéressant avec un concept rare et une technique impressionnante. Seulement le film aurait mérité de prendre moins de chemins narratifs (ou de facilités ?) et de s'attaquer de manière plus frontale, incisive et bien plus ferme sur un ou deux des sujets abordés. Et surtout à l'image de la fougue de la mise en scène qui font passer les deux heures assez rapidement. Si la technique reste virtuose et impressionnante, le scénario manque de cachet et on apprécie finalement que les acteurs grandioses que l'on prend plaisir à revoir. L'écriture est trop fade et pas assez couillue pour parler de grand film. On est loin de l'état de grâce donné dans Black Swan et All That Jazz où la mise en scène était merveilleusement au service d'un script à peine plus sophistiqué que celui de Birdman. Tout est plus distrayant à suivre qu'un coup de maître qui prend au tripes.

Quant à la bande son elle est moyennement convaincante. On a droit a de répétition de batterie omniprésente qui est justifiée et donne l'effet d'un film de Paul Thomas Anderson qui ne s'arrête jamais. Plutôt fatigant à la longue je dois avouer et c'est dommage que cela soit mêlé avec des morceaux composés trop fades pour emporter l'adhésion. Birdman est un film assez atypique dans le paysage du cinéma contemporain mais il fait un peu l'effet d'une bombe mouillée : les intentions de bases ne suivent pas la virtuosité de la mise en scène. Comme Hitchcock avait réalisé La Corde à l'époque, on ne retiendra qu'un exploit technique bluffant et un moment de cinéma plus intelligent et agréable que les autres. A voir quand même car c'est toujours mieux et plus intelligent qu'un film comme Gravity. Sans complètement voler son Oscar, il ne vaut pas la démarche d'un film moins technique mais bien plus intelligent et pêchu comme Night Call sorti l'an dernier. 

Note : 6 / 10

mercredi 25 février 2015

Qu'est il arrivé à Baby Jane ? ( What Ever Happened to Baby Jane ?)



Réalisation : Robert Aldrich
Scénario : Lukas Heller
d'après le roman d'Henry Farell
Durée : 2 h 10
Interprétation : Bette Davis, Joan Crawford, Victor Buono...
Genre : Cauchemar génial

Synopsis :

Au temps du cinéma muet, « Baby » Jane est une grande star. Sa soeur Blanche Hudson, timide et réservée, reste dans l'ombre. A l'arrivée du cinéma parlant, les rôles s'inversent : Blanche devient une grande star, Jane est oubliée. Bien des années après, elles vivent désormais en commun une double névrose. Blanche, victime d'un mystérieux accident est invalide et semble tout accepter d'une sœur transformée en infirmière sadique qui multiplie les mauvais traitements.

Il y a des films qui sont cultes et dont on oublie trop souvent de mettre en avant ou placer dans des discussions quand on parle de cinéma, de nos films préférés, des classements des plus grands films à voir. C'est le cas de ce chef-d'œuvre intemporel Qu'est il arrivé à Baby Jane ? Plus reconnu aux Etats-Unis qu'en France, le film de Robert Aldrich est un formidable huis clos psychologique horrifique à la fois cynique et violent, à l'image du cinéma du cinéaste.

Robert Aldrich était un cinéaste qui possédait le savoir faire Hollywoodien des années 50 et 60. Il essayait tant bien que mal à l'époque de mettre en œuvre ses nouvelles idées et visions dès qu'il en avait l'occasion dans ses films. Comme Sam Peckinpah ou même Sergio Léone, Robert Aldrich est un cinéaste transitionnel entre deux courants et cultures cinématographiques complètement différents faisant de lui un maillon transitionnel aussi indispensable que fascinant. Le cinéma de Robert Aldrich n'est pas encore référencé, ni trop libre et évasif par rapport aux films de la Nouvelle Vague des années 70. Son cinéma donne l'impression de regarder un film assez classique avec un point de vue très moderne. Ses scripts et sa mise en scène ont des approches bien plus appuyées sur les parties sombres, violentes et cynique des intrigues et des personnages. Faussement classique donc, le cinéaste met un coup de poing à l'estomac et frappe souvent très fort par son culot et la façon dont il aborde des thèmes qui mettent mal à l'aise. C'est à la fois subtil et frontal, très bien équilibré et fascinant de maîtrise. Aldrich est ici au diapason de son talent et mêle de manière virtuose le meilleur du cinéma d'Hitchcock avec Fenêtre sur cour pour le huis clos et Psychose pour la psychologie et l'horreur. Seulement il reprend également un autre grand cinéaste, le grand Billy Wilder avec Boulevard du Crépuscule qui est exactement dans le même thème. Aldrich avait déjà signé quelques années auparavant l'adaptation d'une pièce de théâtre Le grand couteau qui attaquait déjà le système hollywoodien dans la peau d'un acteur interprété par Jack Palance.

Qu'est il arrivé à Baby Jane est donc une peinture au vitriol du rêve Hollywoodien. La morale est particulièrement violente et surtout d'une noirceur à l'amertume savoureuse. Cette satyre grandiloquente et captivante traité comme un thriller, un film noir est réalisé avec une maîtrise, un savoir faire époustouflant. Le film commence par une introduction de dix minutes qui plante parfaitement le décors, l'intrigue dramatique et psychologique de manière à la fois implacable, habile et ambiguë. Attention, le générique est aussi important que le reste du film. Tout ce qui suit ensuite est un (faux) huis clos terrifiant et étouffant sur une bataille psychologique et même parfois physique entre deux monstres du cinéma. Des monstres dans tous les sens du terme. Sur la forme, le spectateur a droit au meilleur du cinéma de cette époque : un montage accompagné d'une bande son qui prennent tous les deux aux tripes du début à la fin, le tout sans temps morts. Sur un scénario en béton possédant un crescendo exemplaire, l'écriture excelle dans toutes les pistes narratives qu'elle emprunte. Tout est formidablement écrit, à la fois solide comme le roc mais également sensible et d'une grande intelligence. Absolument rien est laissé au hasard, tout se recoupe avec élégance et habileté jusqu'au final, le tout de manière absolument pas téléphonée. Le spectateur en ressort autant bouleversé que choqué, perturbé et dérangé par ce qu'il vient de voir. Tout en parcimonie et en finesse, les différentes psychologies, les parties dramatiques et émotionnelles sont tissées les unes dans les autres d'une manière infernale et prenante. Le spectateur est clairement embrigadé dans cette tension infernale permanente, séquestré du début à la fin par la pellicule de ce chef-d'œuvre.

L'intelligence et la force du film est d'avoir utilisé deux monstres sacrés du cinéma à l'époque pour s'affronter en tête d'affiche. Comme dans le film, Davis et Crawford ne pouvaient pas se voir en peinture. Combattantes pourtant autant l'une que l'autre dans le milieu machiste du cinéma, les deux actrices étaient à l'époque à l'arrêt toutes les deux et toujours ennemies, tout comme dans le film. Ce qui rend le choix encore plus savoureux même des années après. Cette situation ainsi que le talent des actrices bien au rendez-vous rendent Qu'est il arrivé à Baby Jane épique et culte. Les actrices permettent de faire transcender totalement toutes les tensions, les ressorts et les émotions du scénario. Ce dernier serait presque écrit rien que pour elles si les intrigues n'étaient pas si riches au dessus de la toile de fond du cinéma. Sans un scénario si riche, le film ne serait qu'une série B assez savoureuse comme le film suivant de Robert Aldrich Chut chut chère Charlotte toujours avec Bette Davis. Inutile de dire que le tournage fut une sacrée paire de manches, les deux actrices se faisaient même des coups vaches entre elles et n'hésitaient pas même à utiliser la violence physique lors des prises. Le cinéaste en a tiré profit dans le bon sens du terme car ce n'est pas un film sur une lessive de linge sale entre deux actrices de l'époque. Ce serait bien mal connaître le réalisateur des Douze Salopards de penser cela. Heureusement c'est bien plus profond et pertinent. On retrouve des stars déchues qui sont devenues effrayantes par la célébrité, notamment à travers cette épave de Baby Jane aussi horrible que pathétique. De la poupée blonde gâtée pourrie et exploitée par un père égoïste, elle se transforme en monstre alcoolique odieux envers sa sœur. Si Aldrich n'hésite pas à filmer cette dernière tel un fantôme, un monstre dans des décors en référence au cinéma impressionniste et gothique, il réussit avec une grande facilité à la rendre vulnérable et pathétique dans ses délires régressifs et graves les plus extrêmes dans de formidables séquences. Ces scènes nouent l'estomac du spectateur et nous fait remonter pitié et peur à la fois. A l'image de son maquillage appuyé, Bette Davis en fait des tonnes dans le rôle mais ça fonctionne parfaitement. On reste toujours scotchés par sa prestation et même cinquante ans après. Elle est époustouflante et inoubliable, une des plus grandes et marquantes des interprétations au cinéma que j'ai eu l'occasion de voir. En face d'elle, acec plus finesse et tout aussi brillante, Joan Crawford interprète Blanche auquel le public s'identifie bien plus (du moins je l'espère). On compatit facilement, elle est invalide, victime, dépendante et enfermée auprès d'une femme flippante et manipulatrice que l'on craint aussi. Même quand tout se démêle à la fin du film, on est à la fois triste et effrayé par ces personnages odieux mais aussi pathétiques que touchants. Tout est presque poussé à la limite de la caricature, à la limite du trop pour être crédible mais tout fonctionne car l'écriture et la mise en scène sont superbes. Tout dessert magnifiquement les différentes morales et points de vue du film : notamment la monstruosité de l'homme et du succès.

Dans une intrigue un peu plus secondaire, on trouve encore un personnage aussi vache que dérangeant portant le nom d'Edwin Flagg. Ce pianiste amateur profite du délire régressif de Baby Jane pour se faire de l'argent sur elle. Il est l'antihéros parfait et qui a même une relation assez malsaine avec sa mère. Là aussi Aldrich développe son cynisme sur l'Être humain avec maestria. En complément du scénario, les dialogues sont brillants. Ces derniers sont signés par un futur grand cinéaste des années 70 et qui portait le même prénom et presque le même nom que le réalisateur du film. Je parle bien entendu du grand Robert Altman. Le film d'Aldrich ne ressemble surtout pas à du théâtre filmé. Un grand metteur en scène derrière joue sans cesse sur l'éclairage, le hors champs, les angles les plus efficaces et simples pour donner une dimension grandiose à la psychologie, à la tension des deux personnages. Les ressorts, les pauses sont d'une maîtrise jouissive et inéluctables qui donne une ampleur impressionnante à l'intrigue et aux différents messages du scénario. Aldrich accorde également beaucoup de place à ses acteurs à l'écran. Ces dernièr(e)s sont au diapason à l'image du film mais surtout pas en roue libre. Ce n'est pas un film d'interprétation, la mise en scène tenue et tendue suit tout de près au peigne fin. On dirait parfois même un ballet psychologique et horrifique tant dans le visuel, l'audio sont complémentaire à la narration. Le compositeur, inspiré lui aussi, nous fait plonger dans un premier temps une tension de plus en plus malsaine puis de plus en plus vers l'horreur psychologique absolue avec des notes simples et sobres. Une bande originale digne d'un Jerry Goldsmith ou Bernard Hermann de l'époque, très bien utilisée par le cinéaste. Le spectacle au cordeau reste toujours très moderne et d'une grande efficacité de nos jours par cette technique fluide toujours bien pensée, sans cesse au service de l'histoire comme dans les plus grands films du cinéma. Ce travail d'orfèvre virtuose est une toile de fond solide, même si on retient plus au premier plan à juste titre cette horrible et magistrale opposition entre ces deux sœurs.

Qu'est il arrivé à Baby Jane fait partiedes plus grands films que j'ai eu l'occasion de voir et de revoir. Comme les meilleurs films, il se bonifie et dépasse plus que le simple genre du thriller horrifique. Il est à cheval sur plusieurs genres et thèmes. Le ton satyrique et les portraits psychologiques profonds sont universels et parfaitement traités. A chaque diffusions de nouvelles pistes, de nouvelles profondeurs sont trouvées. C'est le parfait compromis entre le cinéma commercial (à l'époque la presse lui a reproché de trop l'être au Festival de Cannes) et le cinéma indépendant très intelligent. Parsemés de pointes d'humour noirs on apprécie une grande couche de cynisme comme on en a toujours si peu au cinéma. La jalousie, la vengeance, la manipulation ou encore le déni se coupent, se recoupent pour exploser progressivement avant un final inoubliable et d'une cruauté absolue. On en ressort bousculé et touché, mal à l'aise et conquis de ce que l'on vient de voir. Qu'est il arrivé à Baby Jane est un film aussi terrifiant que déchirant. L'effet d'un coup de poing monumental qui se ressent toujours des années après, atypique en plus avec ce final bien loin de la bienséance habituelle, du Happy end des films de l'époque et même d'aujourd'hui. Tout cinéphile (ou pas d'ailleurs) se doit de voir ce grand classique qui en marquera plus d'un. Un des grands films psychologiques que j'ai vu et qui est un classique à faire découvrir. Il est toujours bon de redécouvrir ce film de temps en temps, de le conserver et de lui redorer le blason en le partageant avec son entourage. Ce dernier souvent ressort bien conquis, à la première comme à une énième rediffusion de ce chef-d'oeuvre.

Note : 10 / 10

PS : Le Blu ray (de grande qualité) et le dvd sont disponibles assez souvent dans les promos.

La dévédéthèque parfaite :


Boulevard du crépuscule de Billy Wilder, Fenêtre sur cour et Psychose d'Alfred Hitchcock, The Player de Robert Altman.  

dimanche 22 février 2015

Kingsman


Réalisation : Matthew Vaughn
Scénario : Jane Goldman et Matthew Vaughn
Durée : 2 h
Interprétation : Taron Egerton, Colin Firth, Samuel L.Jackson, Michael Caine, Mark Strong...
Genre : James Band 

Synopsis

Eggsy est un petit délinquant dont les services secrets britanniques essaient de former pour en faire un des agents les plus efficaces pour sauver le monde : le Kingsman.

Matthew Vaughn est un producteur qui a un très grand talent de metteur en scène. Depuis Layer Cake il est le maillon solide entre l'irrégulier Guy Ritchie et l'excellent Edgard Wright. Comme il l'a fait dans ses précédents films le cinéaste revisite avec Kingsman le genre à sa manière. Le film d'espionnage ici est revigoré en so british et pop plutôt fun. C'est drôle, violent, bourré de clin d'oeil et de suspense. Sans renouveler pour autant le genre, c'est du grand divertissement et du grand n'importe quoi maîtrisé bien jouissif.

La mise en scène est toujours impressionnante techniquement chez le cinéaste. Les scènes d'actions sont clippées et bourrées d'énergies à l'image du film. Tout reste suffisamment sobre et bien fait pour que le temps ne donne pas vraiment de coup de vieux. Sur un scénario qui prend agréablement le temps et qui fait des explosions de violences de temps à autres, on pense déjà à Tarantino. Quand on voit une fille avec des jambes de sabres tranchant les gens, un massacre dans une église, un objet important donné a un gamin provenant de son père, ou un Samuel L.Jackson qui cabotine et zozote en offrant même des Big Mac ...impossible de ne pas penser à Tarantino. C'est même un hommage. Le cinéaste revisite avec classe le cinéma du réalisateur de Kill Bill tout en lui donnant de l'ampleur et la force comique nécessaire pour que ce soit drôle et efficace et absolument pas lourd ni pompeux. Alors que dans Kick Ass c'était surtout un hommage à Kill Bill sur une musique de Morricone, ici c'est vraiment le cinéma de Tarantino qui en prend pour son grade durant presque tout le film. L'intrigue en revanche n'est pas tarantinesque et bien plus parodique car c'est une revisite originale et habile située entre X Men et James Bond particulièrement endiablée et déjantée. Ce pot pourri est aussi foutraque que bien écrit. C'est surtout très efficace dans la forme car le scénario prend une tonne de pistes assez classiques de manière assez intelligente pour ne pas lasser. Toutes ces pistes sont légèrement abordées au service d'une autre. Au final on a pas droit a une histoire d'amour bidon, ni a des bons sentiments mais a un pot pourris où tout se recoupe avec une certaine élégance à l'anglaise. Cela rend une série B de très haute volée qui passe à toute vitesse.

La très grande force, il faut avouer que c'est une nouvelle fois les acteurs qui prennent un plaisir communicatif à jouer. Samuel L.Jackson (se parodiant lui même) et Colin Firth (génial avec son accent en gentleman) les premiers devant le jeune héros (Egerton ressemble à DiCaprio) ou même le fidèle Mark Strong (cette fois du côté clair de la force). Tout est donc traité avec sérieux très référencé et traité avec virtuosité. Toutes les pistes sont abordées de manières efficaces et avec un sens du suspense particulièrement inspiré une nouvelle fois. L'alliance de l'humour, de l'action et des scènes d'anthologies sont toutes réussies. Si on alterne souvent entre le bon et le mauvais goût tout reste parfaitement dans le style du cinéaste une nouvelle fois. Comme dans son prequel d'X-men il y ajoute un côté humoristique bienvenu. C'est au final un concentré de Quentin Tarantino et d'Edgard Wright moins subtil mais sans prétention et si généreux et efficace qu'on ne peut qu'attendre le prochain film du cinéaste une nouvelle fois.


Note : 7,5 / 10

Jupiter : Le destin de l'Univers ( Jupiter Ascending )



Réalisation et scénario : Andy et Lana Wachowski
Durée : 2 h 
Interprétation : Mila Kunis, Channing Tatum, Sean Bean, 
Genre : Pot vraiment pourri

Synopsis

Jupiter, une jeune femme employée de ménage avec sa famille, attire bien des convoitises auprès des grands puissants de l'Univers. 

Cloud Atlas est pour moi un projet ambitieux qui au final s'avère une longue et paresseuse série au ton pompeux aux grandes allures nanardesques. Tout se repose sur son concept. Un peu comme si c'était une réponse au cinéma de Nolan avec Inception, cela se veut intelligent alors que pas du tout. Avec Jupiter Ascending je pense vraiment que les Wachowski devraient arrêter le cinéma pour se reconvertir dans la série. Leur film est une immense bande annonce vide de deux longues heures d'une série aux plusieurs saisons. Tout est tellement pris au sérieux (les Wachowski ne sont pas brillants en humour) que cela en fait un navet dont seul l'humour était la solution clé pour rendre le spectacle intéressant.

Jupiter Ascending n'a bien entendu pas la même forme, ni le même fond que Cloud Atlas mais reste toujours une série de science fiction très ambitieuse compactée en format long métrage. Au final j'en suis ressorti dans le même état : épuisé de ce spectacle creux, artificiel et ringard. Le scénario ne possède aucune coupe, aucun élagage ni de véritable clarté hormis une histoire d'amour aussi commerciale que mauvaise. Un flot d'intrigues tombent sur la tête du spectateur tel un saut d'eau. Effectivement c'est la douche froide pour ce dernier car aucunes des différentes histoires ne sont développées ni abordées de manière concises et honnêtes. Aucune intrigue ne prend l'ascendant sur les autres et en plus on se contrefout de tous les personnages tous présentés à l'arrachée. Jupiter est un personnage plat et contradictoire. Mila Kunis n'y croit pas et nous non plus. Elle est dans la merde et fait tout pour en sortir, tout comme nous, même si c'est plus facile de quitter la salle comparé a cette bouillie foutraque dans laquelle elle est engluée. Ce patchwork grossier de Matrix et Cloud Atlas est un spectacle technique épuisant par sa vitesse et sa niaiserie où le too much finit par avoir finalement son dernier mot. Rapidement tout prend le chemin du nanar technologique à la mode, peut-être plus référencé que les autres mais tout aussi vain.

Il est surtout agaçant de voir un pot pourri si massif défiler de manière si peu convaincante devant nos yeux. Pour des scénaristes comme les frères Wachowski c'est même lamentable. Tout est bien trop référencé pour en être original, tout manque de travail, de subtilité de crescendo, de crédibilité et surtout de cohérence. L'ensemble est honteusement emballé et pesé comme un blockbuster tout ce qui a de plus classique. La mise en scène et son mauvais scénario essaient tant bien que mal de remplir la durée du film d'un maximum d'informations qui donnent envie à en savoir plus dans les pistes lancées. Seulement on aura que trop peu de clés, des réponses à la va vite qui virent forment des incohérences et des débilités affligeantes. Si on a la sensation au début d'avoir droit à un film des Wachowski libre et à l'aise au final on est largué et agacé car ils prennent tous cela avec trop de sérieux. C'est le gros problème du film c'est de ne pas assumer et de ne pas prendre leur pensum avec humour. Même pour la scène en référence à Brazil de Terry Gilliam (avec le réalisateur même en train de jouer dedans d'ailleurs) c'est mou du genou et terriblement fade. La grande impression qu'elle n'est là que pour la référence plane aussi. Leur traitement de l'univers capitaliste est vraiment d'une bassesse dégoulinant de cliché mal et peu exploités. On finit par suivre le film finalement comme un nanar, laissant les fans des réalisateurs dans un pensum de leur cinéma et de séries peut-être y trouver leur compte. Ce sera sans moi, pour ma part au bout d'une heure j'étais sur le banc de touche et j'ai trouvé le temps long. Un spectacle vide, sans ton avec un petit savoir faire de montage où il n'y a que des références et plus aucune audace. Tout m'a profondément attristé. Les acteurs eux aussi ne sont pas brillants, tous jouent de manière plate ou dans le sur jeu too much, on peut parler de naufrage en tout point.

Dans leurs deux premiers films, Bound et Matrix, les Wachowski avaient déjà des références bien appuyées et assumées mais avaient de l'audace et des scripts qui revisitaient audacieusement le genre. Tellement que Matrix est devenu culte non pas par hasard. Depuis que les budgets de leurs films sont bien plus élevés, on ne voit qu'un développement technique plutôt bien exécuté le jour de la sortie. Leur cinéma au final est à l'image leurs deux suites de Matrix, des blockbusters d'actions au scénario plutôt paresseux et répétitif bourrés d'effets spéciaux. Depuis ils veulent toujours faire visionnaire mais en oublient le script et c'est une grosse erreur. On voit clairement que les Wachowski s'intéressent plus aux effets spéciaux qu'à faire vraiment du cinéma. Faire une série ou un film a tout petit budget comme leurs deux premiers longs métrages pourraient sauver encore leurs talents de conteur. S'ils n'ont pas déjà épuisés toutes leurs cartes depuis Matrix, ce qui au fond ne m'étonnerait pas du tout.


Note : 2 / 10

jeudi 19 février 2015

American Sniper



Réalisation : Clint Eastwood
Scénario : Jason Dean Hall
Durée : 2 h 10
Interprétation : Bradley Cooper, Sienna Miller, Luke Grimes, Jake McDorman...
Genre : Artillerie lourde

Synopsis

La vie de Chris Kyle, véritable légende au sniper de l'armée américaine en Irak. 

Comme beaucoup de personnes, j'aime le cinéma de Clint Eastwood. Cela même si je trouve qu'après Mystic River il est devenu un cinéaste comme Woody Allen : très prolifique mais avec plus grand chose d'intéressant et de neuf à nous raconter. Ce n'est pas American Sniper qui me fera changer d'avis. Au contraire même, on y retrouve son grand savoir faire dans un film patriotique dépourvu de toutes nuances et subtilités.

Sur la forme technique c'est du Clint Eastwood en bonne forme. Malgré son âge il tient encore un sens irréprochable du travail bien fait, toujours en compagnie de son monteur Joel Cox au travail moderne et pro. Le spectateur a droit ici un Bradley Cooper aussi musclé qu'investit dans son rôle. Autour de lui le casting est propre et l'interprétation plutôt sobre. L'idée de prendre Sienna Miller paraît surprenante, elle fait le boulot même si parfois elle surjoue. Rien à redire sur la forme qui ne rend pas vraiment American Sniper comme un film à Oscars ou comme un film à thèse bien ennuyeux sur un sujet pareil. C'est même d'ailleurs le seul point positif du film, d'avoir un savoir faire distrayant où l'on ne s'ennuie pas.

On en a vu, on en voit et on en verra souvent des films de Guerre sur les écrans étant donné que la Guerre est la grande intrigue de l'Histoire. Que ce soit au Vietnam, en Corée ou en Irak, le choix est large selon les époques. American Sniper lui prend le biopic de base d'un soldat américain patriotique devenu une légende du sniper. Pourquoi pas. Le problème c'est que la mise en scène et le scénario suivent droit dans le sens de l'idéologie et du patriotisme du personnage principal. Au final ça donne une morale manichéenne bien lourde et débile : les américains c'est bien, les irakiens c'est le mal. En gros c'est l'idée du film qui est sans recul et avec un premier degré dérangeant. Je savais Clint Eastwood dans cette veine là mais jamais cela ne s'était autant ressenti auparavant dans un de ses films. Le scénario offre un ennemi à la hauteur du héros qu'il décide seulement de tuer qu'au bout d'une heure et demie de film. Le script cherche avant tout à rendre hommage à cette légende que de rendre une intrigue principale intéressante à son spectateur. Cela se voit avec une narration plate comme une autoroute belge toute neuve : tout ce qui aurait pu être intéressant a été enlevé pour laisser place à une morale américaine frontale. C'est flagrant comme le nez au milieu de la figure. Comme si toute les nuances avaient été coupées au montage et parfois même au scénario par le gouvernement américain. Le personnage du frère du héros ne sert à rien, la rencontre et les confrontations avec sa femme ne sont que des clichés platement développés tout comme les tensions sur la guerre et les terroristes. Que ce soit politique ou même humain ça file droit dans la défense de la nation et sans point de vue extérieur ce qui donne aucune profondeur finalement à Chris Kyle. Ce n'est finalement qu'un homme né génétiquement marine pour défendre le drapeau américain et qui ne se défile pas. La frustration arrive surtout à la fin quand l'intégralité du mal être psychologique du personnage (de la légende excusez moi Clint !) à son retour de Guerre est complètement torchée d'un revers de main. En quelques plans le film repart comme si rien ne s'était passé psychologiquement sur cet héros national qui ne vit que pour défendre sa patrie et le drapeau américain. C'est affligeant et tellement gros qu'avec un peu se second degré c'est une formidable parodie de film républicain. Pour rester sérieux, là où le film commençait à devenir intéressant, il est coupé et terminé en hommage républicain bidon.

On ne pense donc pas, on suit ce drame trop patriotique bien cliché et bien léché pour le moins consternant dans le fond. Plus que jamais ici Eastwood finit d'enterrer son cinéma avec ses idées. Que l'on partage ou pas son point de vue, American Sniper est un film pro américain bien vide qui handicape toute once d'intelligence et de subtilité. Avant le cinéma du cinéaste était bien plus nuancé, touchant et subtil. Voilà une dizaine d'année que la tendance s'inversait et maintenant on abouti à l'inverse absolu de son cinéma original, si fantastique. Le réalisateur de Million Dollar Baby met tout son savoir faire pour essayer de toucher la masse de monde avec son talent de conteur hypnotiseur qu'on ne peut que constater une nouvelle fois. Seulement ici c'est trop car Eastwood n'a pas d'humour et nous le laisse à aucun moment penser. Il a eu le sens de l'humour mais c'était il y a bien longtemps que maintenant c'est révolu.

Pour ma part le dernier bon film de Clint Eastwood reste L'échange et son dernier grand film Mystic River. Si on regarde ses films suivants, qu'ils soient plus ou moins distrayants, on a droit a du cinéma assez fermé et de plus en plus pompeux. Même les blagues et les clichés ici sont assez vieillot et éculés. Clint nous avait fait déjà avertit il y a quelques années avec Mémoires de nos pères et avait signé Les Lettres Iwo Jima ensuite pour nuancer ( à sa manière ) son patriotisme. Ici, même s'il avait le temps, cela m'étonnerait qu'il fasse un film sur l'ennemi direct, les irakiens, les terroristes ou même Mustafa. D'ailleurs je n'en verrai pas l'intérêt car avec une seule balle ( et bien américaine) il a mit un terme à tout cela à la première tentative. Trop fort ces ricains. American Sniper n'est rien d'autre qu'une caricature d'un film de propagande si ce n'était pas Clint Eastwood aux manettes. Seulement ne nous y trompons pas ! Tout reste artificiel et bidon à l'image des bébés en plastique utilisés dedans. Pas plus, ni moins.

Note : 3 / 10  

Les nouveaux Héros ( Big Hero 6 )




Réalisation : Don Hall et Chris Williams (II)
Scénario : Jordan Roberts, Robert L Baird et Daniel Geirson
Durée : 1 h 40
Avec les voix de : Scott Adsit, Ryan Potter, Daniel Henney...
Genre : Pas mal pour la santé

Synopsis

Un petit génie de la robotique, Hiro Hamada, découvre un complot criminel qui menace la ville de San Fransokyo. Avec l'aide de Baymax, son robot infirmier et de ses compagnons il va tout faire pour sauver la ville et la population. 

Avec Les nouveaux Héros les studios Disney restent comme toujours distrayant. Cette fois nous avons droit à une relecture sans grandes surprises des films de supers héros. Bien sûr destinés aux petits et grands, les Geeks trouveront suffisamment de références pour bien se bidonner. Finalement cela reste un Disney mineur où BayMax est la seule originalité réussie.

Autant le dire de suite, les intrigues sentimentales et émotionnelles sont pas réussies en plus d'être étonnamment séparées du filon narratif tel de l'huile dans l'eau. On a vu des Disney plus simples, plus subtils et surtout bien plus convaincants pour tenter de nous mettre la larme à l'œil. On a droit à la recette classique d'une introduction sympathique et rythmée qui présente bien le contexte et des personnages plutôt naïfs et attachants. Le reste est cousu de fil blanc niveau intrigue, cette revisite des films de super héros reprend grossièrement les idées de Spiderman, des X Men et des Quatre fantastiques. On remarquera même un pied de nez à Dreamworks avec une séquence qui copie de manière plus ou moins réussie celle de Dragons lorsque nos deux héros volent dans le ciel. On retrouve un gros point commun également entre le rapport enfant et son outil de guerre très attachant.

Finalement le grand point commun des Nouveaux Héros avec le film de Dreamworks ce serait d'avoir un énorme atout qui cache bien toutes ces ficelles usées : un personnage secondaire excellent. Le film aurait pu s'appeler BayMax. Effectivement ce robot sortit tout droit d'une pub Michelin est drôle et original chose qui n'est pas arrivé à Disney depuis un petit moment. Il est bien dommage que le film autour manque de cette fraîcheur car on aurait pu espérer un film à la Pixar. On reste finalement bien loin des Indestructibles de Brad Bird ou même dans le camps adverse du délire Megamind de Tom McGrath si on souhaite rester dans les animés qui dépoussièrent les films de supers héros. Les Mondes de Ralph avait une idée originale mais manquait d'originalité dans son traitement, ici c'est plutôt l'inverse. Tout est trop classique comparé à tous les films de supers héros qu'on nous offre presque toutes les semaines depuis des années comme dans une orgie. Cependant comme je le disais il possède un personnage très bon, ce qui n'empêche pas pour autant de ranger les deux films dans le même panier des Disney mineurs.

Si La reine des neiges et Raiponce sont exactement leurs doubles par leurs démarches dans le monde des princesses, Les mondes de Ralph et Les nouveaux Heros sont destinés aux ados particulièrement geeks. Tout cela reste distrayant mais bien loin des meilleurs films de la firmes. Les graphismes sont soignés malgré une 3D inutile une nouvelle fois. On peut regretter également de la part de Disney de faire des films à la mode et qui risquent de prendre des gros coups de vieux avec le temps. Comme vous l'aurez compris, j'en suis sorti diverti mais pas conquis pour autant.


Note : 5 / 10

Great Balls Of Fire !


Réalisation : Jim McBride
Scénario : Jack Baran et Jim McBride
Durée : 1 h 45
Interprétation : Dennis Quaid, Wimona Ryder, Alec Baldwin...
Genre : Endiablé

Synopsis

La vie sulfureuse du pianiste rockeur Jerry Lee Lewis. 

Voilà un film à l'image de son sujet principal : électrique. Great Balls Of Fire ne se détache pas vraiment des autres biopics par son histoire mais il vaut tout de même le coup d'œil par le ton parodique et celui plus dramatique tous deux parfaitement complémentaires l'un de l'autre et utilisés, dosés avec virtuosité. En prime le spectateur a deux acteurs exceptionnels qui sont là pour assurer le spectacle : Dennis Quaid est époustouflant face à une Wimona Ryder émouvante.

Sur un rythme à l'image de la musique de Jerry Lee Lewis, le film possède un scénario qui manque de manière générale de continuité émotionnelle et un peu d'originalité pour en faire un grand film. Cependant il faut avouer que c'est avec un certain plaisir que l'on suit son histoire notamment pour l'énergie qu'il dégage et ses différentes performances. Déjà la forme est très distrayante et c'est un bon point car ce n'est pas le cas de tous les films. Il y a du rythme, des dialogues vifs et efficaces rendant l'heure cinquante comme un bon moment de cinéma. Le cinéaste a trouvé le parfait équilibre entre la parodie musicale bien pop enlevée (du style Grease de Randal Kleiser) et le drame plus grave et émotionnel. Tout est maîtrisé d'une main de fer par une sobriété exemplaire ne laissant jamais place au too much ni au pathos. C'est un peu comme du Baz Lhurmann mais en réussit car l'ensemble est beaucoup plus sobre, moins exubérant et surtout pas niais. Sobre est la mise en scène, peut-être parfois un peu trop que ça en fait téléfilm mais cela ne dérange pas pour autant car tout reste cohérent.

Le scénario est fidèle à la vie de Jerry Lee Lewis. Il fait bien ressortir l'authenticité de sa carrière et vie personnelle ainsi que le ton dynamique du chanteur, son originalité et sa personnalité. Seulement là où le film gagne de sa force c'est surtout par la prestation hallucinante de Dennis Quaid dans la peau du rockeur. A l'image du film il en fait des tonnes mais ça fonctionne car il est d'une justesse imparable. Il est aussi insupportable que talentueux en gosse ayant des problèmes à régler avec soi même et attirant bien des polémiques. Il est attachant et détestable à souhait bien qu'intelligemment nuancé. Le scénario utilise souvent l'humour pour faire passer pas mal de ressorts dramatiques et sérieux et ça fonctionne très bien, à l'image du cabotinage d'un étonnant Alec Baldwin en chrétien moralisateur. Sur le côté émotionnel, Dennis Quaid assure bien entendu le tournant car je le rappelle il est le grand moteur de ce film mais il accompagné en face d'une toute jeune Wimona Ryder absolument parfaite et touchante en gamine amoureuse. Jamais en porte à faux, jamais dans le sur jeu elle apporte une surprenante touche de sensiblerie et avec son jeune âge de la noirceur, de la gravité dans ce film musical endiablé.

Cette touche est vraiment intéressante et donne un côté atypique au film réussit. Cette touche est illustrée avec un des meilleurs savoir faire du cinéma des années quatre vingt, c'est à dire sobre là aussi. Il faut avouer que la musique des années soixante est plus rétro et donne un cachet plus fort et moins ringard à la bande son des films des années quatre vingt. Contrairement au film Tina de Brian Gibson avec des morceaux composés particulièrement horribles dessus, la bande son ici est vraiment dans le style rock année soixante, composée uniquement de morceaux de Jerry Lee Lewis. C'est bien plus classe. La mise en scène et la photographie restent suffisamment dépouillés de fioritures et d'effets de style pour rendre un film toujours propre et bien tenu malgré. C'est si rare pour un film de cette décennie que ça mérite d'être souligné. Je recommande donc ce biopic qui ravira les fans de musique et de rock ou pas. Une réussite à redécouvrir. 


Note : 7, 5 / 10

mercredi 18 février 2015

L'incompris ( Incompreso )




Réalisation : Luigi Comencini
Scénario : Piero De Bernardi, Lucia Drudy Demby, Giuseppe Mangione et Leonardo Benvenuti
D'après l'oeuvre de Florence Montgomery.
Durée : 1 h 40
Interprétation : Anthony Quayle, Stefano Cologrande, Simone Gionnozzi...
Genre : Cinéma italien

Synopsis :

Le consul du Royaume-Uni à Florence, Sir Duncombe, vient de perdre son épouse. Il demande a Andrea, son fils aîné, de ne rien dire à son jeune frère Milo. Andrea, désespéré par la mort de sa mère, ne parviendra jamais à communiquer avec un père qui le croit insensible.  

L'incompris avait reçu à sa sortie un accueil plutôt timide de la part de la presse. Les critiques considéraient le film de Luigi Comencini comme du cinéma populaire et trop mièvre. De l'eau a coulé sous les ponts depuis tout comme les avis de pas mal de cinéphiles et de critiques de cinéma qui considèrent ce film aujourd'hui, et justement, comme un classique du cinéma.

Souvent oublié à côté des grands classiques et des réalisateurs les plus prestigieux du cinéma italien, il faut avouer que le film de Luigi Comencini a prit un sacré coup de vieux au niveau de sa mise en scène. Les éditions Carlotta ont eu du mal à faire une bonne restauration tant le matériel de base était médiocre. Si le grain et l'étalonnage sont désormais soignés, les restaurateurs n'ont pas pu bien sûr sauver une base avec une technique souvent bancale et souffrant d'un manque de professionnalisme pour le moins étonnant. Dès l'introduction la mise en scène pique les yeux et ce sera ensuite plus ou moins flagrant jusqu'à la fin. Le cinéaste capte cependant la force du scénario et des comédiens avec une justesse et habileté tout à fait dans le registre et le savoir faire du grand cinéma italien de l'époque. Toute la force de ce cinéma là met le naturel au premier plan. Clairement en avant ici aussi quelques illuminations techniques parsèment le film et permettent de donner une dimension émotionnelle pour le moins exceptionnelle. Je parle surtout du dernier plan du film qui est à l'image de la dernière séquence : bouleversante. L'image et le son ainsi que les mouvements de caméra sont tous secondaire pour le cinéaste. On dirait que le cinéaste est comme embarrassé par la technique par moment. Ce qui au final donne un film pas vraiment maîtrisé formellement. Heureusement le film ne compte que peu sur cela et ne pénalise à aucun moment la force du scénario et c'est l'essentiel. C'est même le contraire. Peu de plans particulièrement léchés, un découpage un peu hasardeux par moment mais l'émotion et les tours de forces fonctionnent quand il le faut.

Ce n'est donc pas dans le domaine technique que le film éblouit mais par la force émotionnelle de son scénario. L'écriture est aussi adulte qu'enfantine à la constante frontière entre la naïveté et de la maturité du jeune Andrea dans cette étape de la vie difficile. Le point de vue emprunte un chemin universel tel un film de Chaplin dans le regard de l'enfance et le thème du deuil. C'est particulièrement fort et touchant. La relation entre le père et le fils est belle et nuancée. Le père est aimant malgré ses apparences et son ancrage dans le travail et l'éducation de l'époque. Son personnage est loin d'être une caricature, c'est une peinture touchante autant sociale, historique que psychologique. Milo incarne la jeunesse et l'innocence avec une fraîcheur qui fait replonger le spectateur dans son enfance, lui ravivant également une infaillible nostalgie. Les deux frères, aussi complices qu'émouvants, laissent une marque indélébiles dans nos mémoires tant on s'identifie à eux. Un peu à l'image plus récemment du Tombeau des Lucioles, l'émotion monte légèrement par paliers avant d'exploser à la fin dans une dernière séquence inoubliable sur la musique de Mozart. Avec de l'humour et de la candeur mais aussi de situations psychologiques réalistes et dures, le scénario distille une émotion progressive qui ne peut que nous remuer, nous tourmenter intérieurement. L'intrigue simple et l'écriture soignée et délicate rend un film subtil et profond qui touche à vif notre émotion.

On retrouve dans L'incompris au final le meilleur de la force du cinéma italien de cette époque là. Une simplicité loin des bons sentiments et une émotion forte et touchante au diapason mise en service par un scénario merveilleusement écrit, au déroulement implacable et subtil comme les grands chefs d'œuvres. Même si la mise en scène n'est pas exceptionnelle on ne s'ennuie pas car le film est rythmé et jamais dans l'erreur. Le travail des acteurs, particulièrement les enfants, rend le film intemporel. Ce film a fait pleuré, il fait toujours pleurer et fera toujours pleurer comme les plus grands films du cinéma. Sans artifices, ni fioritures, L'incompris est un grand film, le maillon émotionnel entre Le Kid de Charlie Chaplin et Le tombeau des Lucioles d'Isao Takahata. Un grand film bouleversant qui donne envie de voir et revoir ces classiques italiens bien que pas mal hélas soient plus ennuyeux que celui-ci. Est-ce pour cela que le film de Comencini fut boudé à l'époque ? Parce que l'on ne s'ennuie pas devant que ça ne fait pas assez "film d'auteur" ou grand film que ce fut boudé par la presse ? En tout cas il serait dommage de ne pas voir aujourd'hui ce très beau film et qui reste dans le domaine un de mes drames favoris. 

Note : 9,5 / 10

La dévédethèque parfaite :

Le Kid de Charlie Chaplin, La vie est belle de Franck Capra, Le Tombeau des Lucioles d'Isao Takahata et La vie est belle de Roberto Benigni 

mercredi 11 février 2015

The Imitation Game



Réalisation : Mortem Tyldum
Scénario : Graham Moore
Durée : 1 h 50
Interprétation : Benedict Cumberbatch, Keira Knightley, Marc Strong...
Genre : Cliché même du film aux oscars

Synopsis :

En 1940, Alan Turing, mathématicien et cryptologue, est chargé par le gouvernement britannique de percer le secret de la célèbre machine de cryptage allemande Enigma.

L'histoire tout comme celle de la vie d'Alan Turing ont été tenus confidentiels durant des années et officialisées il y a très peu de temps. Les deux sont vraiment intéressantes et auraient même pu être passionnantes si le traitement du film n'était pas si proche de la catastrophe. Sur le plan formel et surtout réflectif c'est un plantage sur toute la ligne. Si on ne peut que reconnaître une nouvelle fois le talent de l'acteur anglais Benedict Cumberbatch, Imitation Game est d'une fadeur pour le moins déconcertante dans un peu tous les domaines. Dans la peau d'Alan Turing l'acteur retrouve le personnage aussi antipathique et attachant et avec un peu l'ambiguïté du personnage qui l'a révélé en Sherlock. Dommage que lui aussi soit trop sérieusement et sévèrement poncé, lissé pour les Oscars.

Il est vrai que les films à Oscars on les repère vite. Académisme plombant, lourdeurs, prétention et des démonstrations en veux tu en voilà. Si on peut reprocher au Discours d'un Roi de Tom Hooper à l'époque d'avoir un académisme trop scolaire et d'une absence de personnalité, il faut quand même avouer que l'interprétation transcendante du duo principal et le scénario bien écrit rendait le film plutôt réussit. Ici ça ressemblerait plus au film de Ron Howard Un homme d'exception auquel on aurait dépouillé, aseptisé totalement le scénario et le savoir faire (pourtant classique) du cinéaste pour en faire un téléfilm niais et grand public à l'image de La couleur des sentiments de Tate Taylor. C'est impersonnel, fade, sirupeux, c'est du cliché pour du cliché trempé dans du mielleux. Une mise en scène d'un académisme terne sans ton, ni fougue encore moins d'audace et de prise de risque. Cette illustration plate de ce scénario très fade est surtout plombé par une musique aussi envahissante que ratée d'Alexandre Desplat pour couronner le tout. Si c'est vrai que l'on suit le film sans grandes difficultés, il faut avouer que tout est calibré et aussi fluide qu'un téléfilm de l'après midi. Même les petites pointes d'humour anglais sentent le réchauffé et tombent toutes à plat. C'est dire à quel point c'est la catastrophe. 

L'âge des acteurs principaux ne correspond pas d'une dizaine d'années avec leurs personnages. Le peu de ressorts narratifs sont tous éculés. Tout est d'une insipidité totale et prend le spectateur par la main du début à la fin bien sûr, sans lui donner la peine de le laisser apprécier et réfléchir sur ce qu'il regarde. Il n'y a pas grand chose à sauver malgré une technique soignée mais loin d'être bien dosée et utilisée à bon escient. A l'image même du rôle de Cumberbatch sur sa fin avec la fameuse "séquence émotion", tout manque de nuance, de naturel et de surtout de franchise. Si par malheur les émotions pointent leur nez, elles manquent de subtilités. Beaucoup de sous-thèmes sont traités de manière niaises et sans intérêts. La seule piste intéressante abordée est lors de l'interrogatoire quand Turing cherche à se faire juger. Seulement elle est trop vite enterrée comme celle de son enfance (inutile presque) pour se concentrer à nouveau sur l'intrigue principale. Cette dernière d'ailleurs manque de tout et à commencer de profondeur et de suspense bien amené, bien construit. Imitation game est finalement qu'un film historique plat et mou sans aucune personnalité mais surtout maladroit. Le cliché même du film à Oscars qui n'a aucun intérêt.

Tout est sans intérêt cinématographique sauf d'avoir un des meilleurs acteurs actuels rendant hommage à un mathématicien qui le mérite amplement. La démarche initiale est salutaire je l'avoue mais si seulement elle n'est pas trop proche des billets verts et avec les frères Weinstein à la production c'est vraiment pas sûr. Après Le discours d'un Roi, Argo et 12 Years a Slave le film historique se porte bien à l'académie des Oscars. Imitation Game est anecdotique ne serai ce qu'en suivant le filon. Le résultat est une niaiserie sans audaces aux ficelles immenses faite pour plaire à l'académie des Oscars et au grand public qui se focalise juste sur l'histoire. En tant que passionné de cinéma, le mot frustration me paraît bien pour résumer le tout, même si on ne sait pas sur quel problème pointer du doigt en premier. Un vrai mathématicien serait le bienvenu pour démêler toute cette arnaque.


Note : 3 /10

It Follows




Réalisation et scénario : David Robert Mitchell
Durée : 1h40
Distribution : Maika Monroe, Keir Gilchrist, Daniel Zovatto...
Genre : Maladie sexuellement horrifique

Synopsis :
Après une expérience sexuelle apparemment anodine, Jay se retrouve confrontée à d'étranges visions et l'inextricable impression que quelqu'un, ou quelque chose, la suit. Abasourdis, Jay et ses amis doivent trouver une échappatoire à la menace qui semble les rattraper...


Qu'on se le dise, It Follows n'est pas un simple film d'horreur. C'est avant tout un drame psychologique, utilisant l'horreur comme métaphore, à l'instar de grands films comme Carrie, Shining, ou encore certains films de Cronenberg.

Dès l'introduction, le spectateur est plongé dans l'angoisse et l'horreur. En effet, nous voyons cette fille apeurée, courant en rond, pour échapper à quelque chose dont elle n'échappera jamais... En 2 minutes on voit une ado sexy en petite tenue, un père, la mer, et du sang. Voilà le résumé du film.
Car effectivement tout le film tourne autour de ces sujets : l'adolescence, le sexe, l'eau, l'angoisse, et plus discrètement la filiation.

Le film en lui-même est assez distrayant. Trop sensible pour m'intéresser de près aux films d'horreur, je flippe un peu mais prend néanmoins du plaisir à suivre cette petite bande de potes livrés à eux-même dans une banlieue qui nous rappellera évidemment celle d'Halloween de Carpenter. C'est une première qualité. La photographie est très réussie. Beaucoup de symétrie comme j'aime, on pensera parfois à du Kubrick, notamment à la vilaine de la baignoire de Shining qui avance lentement en plein centre de l'écran. La musique n'est pas en reste, ultra présente et très efficace, on pense de nouveau à Carpenter avec ces synthétiseurs très 80's, et parfois aussi au Ligeti de Shining avec ses nappes angoissantes. Inutile de le dire, ce film est très référencé, et on prend plaisir à découvrir ces références. Cela peut d'ailleurs justifier les notes dithyrambiques des critiques journalistes : forcément, plus on s'y connait en ciné, plus on voit les références, et plus on est contents (tant que ça reste des références et pas du pompage bien sûr). Pour ce qui est des acteurs, ils ne crèvent pas l'écran, mais ils ne sont pas pour autant mauvais.

Venons en maintenant au plus important : le fond. C'est bien simple, si on ne réfléchit pas plus que ça, on reste dans le film d'horreur de base. Une jeune fille poursuivie par une chose flippante. La seule originalité viendrait du fait que cette chose se refile comme une MST. Oui mais voilà, ce n'est pas aussi simple que ça. Tout au long du film un je-ne-sais-quoi essaie de nous faire chercher à comprendre ce que c'est que cette chose et d'où ça vient. Le cerveau est en ébullition. D'abord, il n'y a que Jay (et son minable petit copain) qui voient cette chose. On se demande alors si ce n'est pas dans sa tête, des hallucinations paranoïaques suite à un traumatisme. Puis cette chose devient de plus en plus réelle. Les amis de Jay ne la voient toujours pas, mais constatent une fenêtre brisée, puis les cheveux de Jay qui se soulèvent tout seuls, puis, crescendo, certains d'entre eux commencent même par être blessés par cette chose. Bref, ça existe pour de vrai. On notera l'absence quasi totale d'adultes pour les aider, même pire, la plupart des personnages utilisés pour représenter la chose SONT des adultes. Bon, on ne comprend toujours pas... Puis vient une scène importante d'un des mecs de la bande qui se fait tuer et violer par la chose, qui, à ce moment là a pris la forme de sa propre mère. Hum hum, des parents qui tuent et violent leurs enfants, bon, allons voir un peu plus loin. Nous arrivons à la scène très importante de la piscine. Voilà que Jay refuse de décrire quelle forme a prit la chose, alors que nous voyons un banal monsieur, rien d'effrayant. La scène se termine dans un bain de sang, qui rappellera sans doute à certains le test de Rorschach (le test des tâches d'encre en psychologie, dans lequel une réponse « sang » servira à mesurer le degré d'angoisse du sujet). La piscine se remplit de ce sang, le niveau d'angoisse est maximal... Quelques scènes plus tard, nous distinguons quelques photos de famille de Jay : le mec de la piscine était son père (semble-t-il), qu'on ne voit à aucun moment dans le film, qui est même certainement mort. J'arrêterai l'exposition des indices ici, car malheureusement, le spectateur manque d'informations pour pouvoir assembler le puzzle et donner une interprétation plausible et non raccourcie par des clichés. Nous pouvons bien sur supposer, cependant, le réalisateur a fourré tellement d'indices qu'on se demande si on peut même avoir une interprétation personnelle. C'est le défaut du film, on nous en dit trop ou pas assez, ou peut être suffirait-il d'un second visionnage... Dans tous les cas ce film fait cogiter tout en étant aussi distrayant, et c'est bon pour le cerveau et les yeux.
La fin est ouverte, c'est assez agréable, en espérant que le film ne marche pas assez (même s'il le mérite largement) pour que des producteurs aient la mauvaise idée de faire une suite.

Je donnerai la bonne note de 8/10, la forme (bien que très référencée) est très réussie, mais le fond, même s'il est très intéressant pêche un peu selon moi, je ne pourrai donc pas mettre plus.



mardi 10 février 2015

Top 5 courts-métrages



Le court métrage est l'équivalent de la nouvelle en littérature, il possède une écriture concise, efficace et doit (souvent) posséder une chute. C'est essentiel pour ne pas dire indispensable de faire des courts-métrages et de les diffuser pour devenir un cinéaste. C'est même l'unique CV pour les futurs grands de demain. Seulement le court métrage n'est jamais diffusé ou vu ailleurs que dans quelques festivals. Aussitôt vu aussitôt oublié et jeté après un an de vie festivalière. C'est triste et assez déshonorant pour le travail et les efforts qui ont été fait dessus. Heureusement que La Jetée à Clermont-Ferrand les conserve. Les grands cinéastes ont des courts-métrages de fin d'études dont leur notoriété nous les font redécouvrir par la suite, sinon ils restent rangés dans une case à vie, leur tombeau en quelque sorte. Sauf le festival de Clermont Ferrand et une petite sélection (pour les mieux produits) pour les Césars et Oscars c'est aujourd'hui du gaspillage total et tombent tous dans l'oubli de faire un court métrage.

Pourtant Youtube au début était l'occasion de faire parler de soi, de découvrir des « trucs » bien comme on dirait. Maintenant c'est la poubelle du Net bien qu'elle est sponsorisée par la pub. La solution n'est même pas faire un unique festival et même si c'est tout à l'honneur de la ville auvergnate. Non la solution est de mettre un court métrage comme le fait Pixar avant chacun longs métrages. Ce serait pour moi l'idéal à la place de la pub. Pourtant avec le fric que coûte une place de cinéma, de plus en plus automatisé par ailleurs, il n'y a pas tant besoin de pub que ça. Ce serait l'occasion de découvrir et faire découvrir des œuvres. Sans parler d'en mettre des longs, mais dans un format de 5 à 10 minutes ça peut-être sympathique comme par exemple La Révolution des Crabes




On retrouve donc vraiment de tout dans les courts-métrages, du bon et du moins bon comme au cinéma. Parce que c'est exactement comme au cinéma, on retrouve des idées, du style et des petits chefs d'œuvres et des daubes interstellaires. Les meilleurs nanars aussi et les abysses du cinéma d'auteur français. C'est même souvent avec moins de fioritures comme ça se doit viser à l'essentiel et plutôt frustrant, ou jouissif. Avec la mode de la série actuelle, on retrouve même ce format court métrage. Black Miror par exemple est pour ma part un ensemble de courts-métrages comme l'est le très bon triptyque sur Tokyo de Gondry, Carax et Joon-Ho. Souvent les courts métrages récompensés méritent leurs récompenses contrairement aux films.

Mes goûts sont plus penchés vers l'humour car je trouve que c'est le format court est idéal. Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures dit-on, et c'est vrai aussi pour pas mal de films. C'est bien entendu mon avis personnel et mon goût, mais comme dirait Nick Park la comédie est un domaine aussi indispensable que sérieux.



Restons avec Nick Park, véritable génie du genre et d'une inventivité cinématographique formidable. Les Wallace et Gromit sont des bijoux du film d'animation. Encore plus jouissifs que les Pixar car la technique exige un travail encore plus soigné et minutieux. De La Grande Excursion à Un sacré pétrin les clins d’œil, l'humour anglais pour petits et grands, ainsi qu'une véritable institution se déroule devant nos yeux. Wallace et Gromit j'adore et je suis pas objectif du coup car comme pour Chaplin je décèle de l'invention indémodable à chaque plan. Tout est y est traité de manière universelle et intemporelle. Je conseille tout de Nick Park bien sûr les longs métrages. Dans Un mauvais pantalon un pingouin un peu louche devient locataire chez Wallace et Gromit. C'est jubilatoire et devenu culte non pas par hasard.




Restons en terre anglaise, les anglophones seront ravis car le prochain est signé par le génial Mike Leigh, interprété par l'excellent Jim Broadbent. Réalisé pour la télévision, A sense of History est un faux documentaire un peu comme C'est arrivé près de chez vous où un noble anglais nous raconte comment sa famille a été décimée. Grinçant, bourré d'humour noir et comme toujours chez le cinéaste, subtil et intelligent. Les bilingues vont se régaler.




Avant de passer du côté français, je passe rapidement par les américains avec un court métrage que j'adore également. Mixez Fight Club de Fincher, Le couperet de Costa Gavras et Funny Games d'Haneke et obtenez un shaker savoureux de vingt minutes nommé K–7. Réalisé par Christopher Léone, ce court métrage virtuose est tout ce qui a de plus jouissif, intelligent et plus que jamais d'actualité. Le point de vue abordé est fort, l'humour également. Pas de sous titres hélas, les bilingues sont des veinards.



Passons maintenant vers un court métrage francophone mais ni Belge, ni Quebecois mais Suisse. Tous à table de la cinéaste Ursula Meier. Sur une simple réunion de famille et avec une simple blague le scénario part dans une grande étude des repas de familles, des liens qui les unissent tous le tout avec un humour tantôt drôle par son réalisme tantôt par les silences gênés auquel tous le monde ne peut-être que touchés. Bien écrit, bien joué et bien réalisé, petit court métrage pour un grand moment de comédie qui prend même le malin plaisir de jouer avec les nerfs du spectateur. Une grande réussite.



Il y en a certainement des meilleurs que lui mais il a été récompensé logiquement car il est simple et touchant tout simplement. Le mozart des pickpockets de Philippe Pollet-Villart réalisateur et acteur marque par sa justesse de manière générale. Je recommande également La Baguette un court métrage excellent également du même Philippe Pollet-Villard.

Évidemment il y a beaucoup de courts-métrages brillants mais il faut savoir que ce n'est pas forcément gage de certitudes : beaucoup de courts-métrages de grands cinéastes ne sont pas toujours très bons, voir souvent bien en dessous de leur œuvres.

Bon visionnage à tous !