samedi 31 janvier 2015

Phoenix



Réalisation : Christian Petzold
Scénario : Harun Farocki et Christian Petzold
D'après l'oeuvre d'Hubert Montheilhet
Durée : 1 h 45
Interprétation : Nina Hoss, Ronald Zehrfeld, Nina Kunzendorf
Genre : Le retour de Nelly de Guerre

Synopsis :

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, Nelly est une miraculée d'Auschwitz. Sans visage, elle redemande au chirurgien son ancien et souhaite retrouver Johnny, son mari. Elle s'aperçoit que Johnny l'a trahie et ne la reconnaît pas pensant que sa femme est morte dans les camps.

Voici le genre de film passionnant et bouleversant qui mérite plusieurs diffusions pour en saisir les multiples sens de lecture et différentes pistes de réflexions. Loin des machines à Oscars et des drames conventionnels, Phoenix est un peu une reprise de Sueurs froides d'Alfred Hitchcock exploitant le filon sentimental et dramatique chez une population allemande traumatisée et en totale reconstruction. Sensible, émouvant, intelligent et interprétation de Nina Hoss remarquable, Phoenix est un grand film qui vaut d'être vu.

On pense aux Yeux sans visage de Georges Franju puis à Seconds de John Frankenheimer ou même à la relecture du film d'Hitchcock de Brian De Palma Obsession. Sans trop s'appuyer sur ses différentes références, le cinéaste en tire un film hautement psychologique et émotionnel, un film unique dont rien est calculé et encore moins anecdotique. Tout y est surprenant et soulève régulièrement de nouvelles pistes de troubles et d'interprétations différentes sur les faits historiques mais également psychologiques. Si certains trouveront le jeu de dupes trop long et exagéré, pour ma part il permet de rendre le personnage de Johnny hautement plus ambigu que dans sa présentation car deux des thèmes du film des plus importants sont portés autour de lui, ceux du déni et du non dit. Coupable pas coupable ? Pour l'argent ou pas ? Si ce dernier montre officiellement une attitude de lâche, tout est bien plus intelligent et absolument pas manichéen.

Personne n'ose reparler de cette période hormis rendre hommage à ses victimes. D'ailleurs dans la mise en scène de Johnny pour l'arrivée de la nouvelle Nelly, personne ne lui posera des questions sur son passé comme il l'a prédit. L'entourloupe aurait pu fonctionner. Petzold réalise avec sensibilité un film juste et d'une densité émotionnelle formidable aidée par l'interprétation absolument renversante de Nina Hoss. A travers ses regards l'actrice transmets toutes ses émotions aux spectateurs comme dans le cinéma muet mais sans en faire trop, elle est d'une justesse époustouflante et touchante. Un talent trop rare transcendant émotionnellement le personnage de Nelly du début à la fin. Sur un filon d'histoire d'amour abîmée on trouve un scénario qui joue habilement sur le non dit et une quête passionnante sur l'identité et reconstruction d'une personne après un traumatisme. On retrouve beaucoup de symboles plus ou moins subtils mais tous traités avec une honnêteté et un sensibilité qui ne vous laisse pas indifférent.

Sur une musique Jazzy bien travaillée et bien dosée, on notera sur la très belle mise en scène une magnifique photographie. A l'image du film elle est sans fioritures, simple et d'une grande beauté. Ce film allemand est un petit chef d'oeuvre qui ne laisse pas indifférent malgré un rythme assez lent qui peut déconcentrer un peu parfois. Cependant il est pourvu d'une grande maîtrise technique et des émotions. Phoenix est ce que l'on attend d'un grand moment de cinéma, avoir des émotions ainsi que des pistes de réflexions passionnantes. Que ce soit sur la reconstruction, le choc psychologique, historique, des cultures ainsi que le regard allemand (pour une fois) de la seconde Guerre le film de Christian Petzold se doit d'être vu. Il est rempli de métaphores entre le peuple juif et allemand, l'homme et la femme, la conscience morale et culturelle de l'époque mais aussi d'aujourd'hui.

Le final est sublime, soulevant l'émotion bien sûr à son paroxysme ainsi que l'un des dilemmes les plus durs : la volonté d'avancer en prenant une indépendance totale vis à vis de son passé ou au contraire reprendre son passé, se le réapproprier, le guérir et avancer avec. Phoenix n'est pas qu'un film de réflexion pour autant, c'est un formidable drame sentimental, un des plus bouleversants que j'ai vu depuis des années. Bien entendu, il ne restera pas longtemps à l'affiche alors je ne peux que vous recommander de vous jeter dessus, à la condition de ne pas être trop déprimé à l'entrée de la séance.


Note : 9,5 / 10

lundi 26 janvier 2015

Detroit Rock City


Réalisation : Adam Rifkin
Scénario : Carl V. Dupré
Durée : 1 h 30
Interprétation : Edward Furlong, James DeBello, Sam Huntington...
Genre : Kiss my...

Synopsis :

En 1978, trois adolescents fans du groupe Kiss essaient de les voir coûte que coûte en concert.

Il y a des films qui ne révolutionnent pas leur genre mais sont si bien fait formellement et si généreux dans leurs ingrédients qu'ils en deviennent totalement jouissifs, voire même culte. Detroit Rock City fait partie de cette race de film, un peu comme les 21 et 22 Jump Street de Phil Lord et Chris Miller qui sont des comédies de haute volée dans l'humour de bas étage. 

Avec le petit synopsis on pouvait craindre le pire, surtout quand on survole les différents CV des membres de l'équipe frôlant les American Pie. Il n'en est rien car le développement est une réussite d'écriture et d'humour. Un exemple de comédie comme on aimerait en voir plus souvent car nous avons droit au meilleur de la comédie américaine et le meilleur du Teen Movie se dérouler à toute vitesse devant nos yeux. Si on y trouve un filon sentimental bien entendu, un humour violent, parodique et déjanté bien au premier plan et excellent nous assure du pur plaisir du début à la fin. On retrouve au niveau du ton et de la mise en scène un peu un mixe du cinéma d'Albert Dupontel, d'Edgar Wright et le côté plus classique de Joe Dante.

Avec cette mise en scène inspirée, le scénario au fond simple et efficace est bien rythmé, très rock et particulièrement endiablé. Si l'humour ne fait pas toujours dans la dentelle il reste constamment efficace et n'est jamais lourd. Il ne rate jamais sa cible. On retrouve une distribution convaincante avec l'oublié Edward Furlong (Little Odessa, American History X) autour d'un casting composés d'inconnus chez nous qui assure le show. Ils sont drôles, crédibles et mêmes attachants. Que vous soyez fan de Kiss ou pas, le film plaît également par sa formidable bande son qui va de AC/DC à David Bowie et bien d'autres. Que ce soit sur la musique, sur le comique de situation ou même dans certains dialogues, il y a de l'humour à revendre, c'est toujours agréable pour les rediffusions.

Sorti directement en dvd et relativement inconnu pour beaucoup de monde, Détroit Rock City ravira du monde et je le conseille fortement. Surtout pour ceux qui ont aimé Rock Academy de Richard Linklater avec Jack Black, The Rocker de Peter Cattaneo avec Rainn Wilson et qui font de culte les Wayne's World. Voici le film qu'il vous faut pour votre collection de film pour ados rockeurs. Dans tous les cas, c'est un grand moment de divertissement à découvrir pour tout le monde.


Note : 8 / 10

dimanche 25 janvier 2015

Top 5 des acteurs oubliés aux Oscars

Les Oscars récompensent bien sûr de manière plus ou moins justes les meilleurs films, réalisateurs, performances d'interprétations, la technique de l'année cinématographique qui vient de se dérouler, même si c'est avant tout celui qui fera la meilleure campagne marketing. Bien entendu on voit de tout et comme dans toutes les compétitions il y a des surprises, des polémiques, des déceptions. Cette année on voit bien la faille du système avec une énième nomination de Meryl Streep qui peut jouer dans n'importe quel navet et sera nominée. 

On peut trouver également des cinéastes qui n'ont pas eu de récompenses mais j'avoue que les acteurs tournent plus que ces derniers de manière générale et parfois ne sont pas récompensés pour leurs nombreuses performances. 

Voici donc le top 5 des acteurs qui mériteraient d'avoir une récompense un jour :





1 - Matt Damon



Voilà presque vingt ans que Matt Damon est bien présent dans le paysage cinématographique américain. Il joue dans beaucoup de films qui en plus sont souvent très bons. Malgré un jeu d'acteur de plus en plus surprenant et maîtrisé chez des cinéastes prestigieux, les récompenses ne suivent pas les différentes performances de cet acteur paradoxalement discret mais heureusement pour nous très souvent sur les écrans. Qu'il soit en imposteur nommé Mr Ripley, en cow boy moustachu chez les frères Coen, en agent Jason Bourne devenu culte, en ordure géniale dans Les Infiltrés ou souvent chez son ami le cinéaste Gus Van Sant il étonne, il brille en permanence. Personnellement je lui souhaite un "rôle à Oscars" pour qu'il l'emporte un jour, il le mérite amplement.






2 - Leonardo DiCaprio


Bien sûr que DiCaprio le mérite son Oscar malgré sa grande notoriété. Je l'ai aimé dans Gilbert Grape avant de le trouver plutôt banal durant pas mal d'années, avant qu'il ne croise la route de Steven Spielberg et bien entendu de Martin Scorsese. Dans Arrete moi si tu peux il excelle à l'image du film et si on l'oublie dans Gangs of New York tout comme sa collègue Cameron Diaz c'est la faute à une partition folle de Daniel Day Lewis en face qui balaye tout son entourage comme d'habitude. Ce sera ensuite dans Aviator qu'il prouve son talent puis par la suite Les infiltrés et Shutter Island le confirme comme un acteur incontournable de sa génération et du cinéma. C'est surtout sous la direction de Scorsese qu'il éclate et détient ses meilleurs rôles et performances. Il reste plus en verve chez Scott, Nolan ou Tarantino, car oui DiCaprio tourne peu mais plutôt dans des films avec des grands cinéaste et qui ont un certain cachet. Pourvu que ça dure.






3 - Joaquin Phoenix


C'est dans la peau de Johnny Cash que Joaquin Phoenix s'est fait connaître un peu plus aux yeux du grand public. Pourtant il brille dans Gladiator et reste un pilier du cinéma de James Gray. C'est un acteur exceptionnel. L'an dernier il porte intégralement la force du film de Spike Jonze Her après avoir démontré face au regretté Philip Seymour Hoffman dans The Master qu'il pouvait égaler le jeu et grimer également Daniel Day Lewis. Après un buzz comme quoi il arrêtait le cinéma pour faire de la musique, il est certainement l'acteur capable de tout jouer et de sauver un film. Un sacré acteur qui mérite une récompense aux oscars, et pas comme pour Al Pacino pour un film du dimanche, un vrai film. 




4 - Jake Gyllenhaal


Il joue depuis jeune et bien. Depuis Le secret de Brockeback Mountain d'Ang Lee où il fait jeu égal avec Heath Ledger, il est nominé pour le second rôle alors qu'il est aussi important que son collègue. Il faut avouer que Jake Gyllenhaal est un acteur plutôt injustement relayé en seconde zone, au même titre que Matt Damon. Seulement il joue dans de bons films et tel un caméléon perfectionniste il joue à merveille des rôles riches et forts chez de grands cinéastes. L'an dernier dans Night Call il explose ouvertement dans un rôle surprenant et complet à l'image du film. Depuis même Zodiac il confirme qu'il est un acteur d'une trempe exceptionnelle qui vaut d'être récompensé. 





5 - Christian Bale

Dommage que Christopher Nolan ne lui a pas offert plus que de supers gadgets dans sa trilogie et du coup il parait un peu plat. Dommage car cet acteur et c'est bien connu est d'une prestance incroyable. Ou qu'il passe il marque par sa force d'interprétation. Dans American Psycho ou The Machinist il délivre des performances mémorables. Perfectionniste total, Bale est un acteur de la même sphère que Daniel Day Lewis ou même Joaquin Phoenix. Un immense acteur qui aura certainement un oscar de premier rôle un jour, car celui de second rôle pour Fighter ne suffit pas à côté de son talent. 

Je pense aussi à Edward Norton, Michael Shannon, Ralph Fiennes, Robert Downey Jr, Alan Rickman, John Malkovitch et bien d'autres que j'oublie et dont je ne pense pas. 

mercredi 14 janvier 2015

Queen and Country



Réalisation et scénario : John Boorman
Durée : 1 h 50
Interprétation : Calum Turner, Caleb Landry Jones, Pat Shortt...
Genre : Qui a volé a volé a volé la pendule du Sergent

Synopsis :

En 1952, Bill a l'avenir devant lui. Il rêve d'aborder une fille qu'il croise de temps en temps. Cette idylle naissant est contrarié par ses deux années de service militaire obligatoire. Bill sera instructeur dans un camps d'entrainement pour jeunes soldats partant pour la Corée. Il se lie d'amitié avec Percy, un grand farceur dépourvu de tout principes, avec lequel il compte faire tomber de son piédestal le psychorigide Sergent Major Bradley. Lors d'une ses rares sorties, il rencontre la fille qu'il croisait de temps en temps à l'opéra.

Après Hope and Glory ( La Guerre a sept ans en français), voici une sorte de suite avec Bill, l'alter ego du cinéaste, pour un nouveau film autobiographique sur la décennie suivante. Au programme, l'armée, l'amitié, l'amour et le tout parfumé de cinéma. Avec Queen and Country le cinéaste de Delivrance signe un film tout aussi drôle que MASH de Robert Altman à son époque dans une Angleterre à l'empire colonial partant en lambeaux. Comme souvent les films de John Boorman sont des réussites, Queen and Country ne déroge pas à la règle.

John Boorman reste dans les manuels de cinéma et dans les mémoires des cinéphiles surtout pour Délivrance. Seulement, il a une filmographie si riche et intéressante que ce serait dommage de ne pas s'y pencher plus dessus. Boorman est un grand cinéaste et à en voir son dernier film, il le prouve une nouvelle fois car c'est d'une drôlerie particulièrement réussie à tous les degrés. Satyrique, cynique ou même bouffonnerie sont au rendez vous de manière rythmée, régalant de décadence. Le film parle ouvertement des grands classiques, des références du cinéma de Boorman. On suit également l'éducation sentimentale du cinéaste, des anglais de cette époque avec un choc des générations souvent traités au cinéma de manière très dramatique. Boorman le fait avec humour majoritairement et parfois glisse du drame, du noir et de l'émotion de manière subtile et délicate qui rend le résultat jouissif et sans cesse surprenant. Un vrai travail d'orfèvre se ressent tout le long, tout est bien plus réussit et honnête que la plupart des films que l'on peut voir d'habitude. Le parfait compromis entre film d'auteur et commercial.

Avec peu de fil narratif principal, Queen and Country possède plusieurs sous intrigues qui développent les différents thèmes de manière ample et généreuse pour ne pas s'ennuyer et ne jamais donner l'impression au spectateur d'avoir raté quelque chose d'important dans la vie du cinéaste pour comprendre. C'est à la fois simple et bien plus fin qu'il n'y paraît au vu de certains passages humoristiques. Les personnages sont bien développés avec des portraits bien brossés, tous très emprunt de drôlerie et de mélancolie. On notera une interprétation juste et délicate de tous les acteurs pour faire passer dans tous les états le spectateur, lui au paradis. Sans prétention et loin de faire un film d'auteur nombriliste, le cinéaste nous divertit, nous transporte et nous offre à nous un public un témoignage touchant et intéressant sur sa vie de cinéaste, sa passion et également celle de l'Angleterre. Le cinéaste joue ici plus la corde sensible proche d'Hope and Glory donc que la plupart de ses films plus secs et efficaces.

Un mélange des genres particulièrement brillant, innovant et extrêmement frais fait de Queen and Country le très bon film de ce début d'année 2015. Si le cinéaste de 81 ans ne signe peut-être pas un chef d'œuvre, il offre un testament historique et de son cinéma brillant qui plaira énormément aux cinéphiles, tout comme au grand public. Un brassage des émotions virtuose dont il est une nouvelle fois dommage que la publicité et la distribution soit presque complètement transparente (visible dans un seul UGC à Lyon). Je recommande de guetter le cinéma d'art et essais ou la sortie en dvd Blu ray. Boorman n'a jamais fait de navet, c'est une valeur sûre. 


Note : 9 / 10

mercredi 7 janvier 2015

L'affaire SK1





Réalisation : Frédéric Tellier

Scénario : Frédéric Tellier et David Oelhoffen
Durée : 1 h 50 
Interprétation : Raphael Personnaz, Nathalie Baye, Olivier Gourmet...
Genre : Le singe du Zodiac

Synopsis

Retour sur l'affaire SK1 qui dura plus de dix années à Paris jusqu'au procès du tueur Guy Georges, le tueur de l'Est Parisien. 

Je reprendrai les mots de la critique de Télérama qui résument bien : "Le film fait penser à un Zodiac à la française. Le mystère en moins, l'humanité en plus." L'enquête originale ou plutôt le sujet de cette affaire est suffisamment nuancée pour donner un certain intérêt de manière générale au film. Cependant tout ce que le scénario essaie de développer autour reste trop superficiel car vite trop vite traité, ce qui donne la sensation de remplissage absolument peu convaincant. 

Ce qu'il y a de plus intéressant dans le film reste l'enquête. En même temps c'est le titre du film vous me direz et l'honneur est sauf, on ne nous trompe pas sur la marchandise. On garde le doute sur les différentes affaires qui se croisent ou pas, si le meurtrier est bien coupable, s'il y en a plusieurs. Puis on se rabat sur Guy Georges qui même après ses aveux sème toujours le doute, le trouble et la polémique qu'il a procuré. 

L'interprétation est à l'image du film du début à la fin sur le fil entre la justesse et le sur jeu avec des dialogues souvent sur écrit. Le scénario garde sans cesse un aspect trop respectueux du fait divers et manque clairement de personnalité de manière générale. Tout reste trop bancal et trop brouillon de manière générale pour en faire un polar bien tenu. La psychologie du personnage de Personnaz (impeccable) reste clichée et vraiment pas nuancée. Nathalie Baye a un peu de mal à convaincre, tout comme Adama Niane qui n'est pas toujours très bon mais tiens quand même le trouble quant à sa pathologie. 

Côté mise en scène Tellier est complètement transparent, fantomatique, signe un produit digne d'un téléfilm qui suit que platement son script. L'image a moitié soignée qui tremble, la musique rarement utilisée à bon escient et sauf pour la scène de l'arrestation, on ne retiendra pas de tentatives de mise en scène. Ce n'est pas dans l'avantage du film car on retient du coup surtout une forme bien trop brouillonne pour convaincre. Un très grand manque de savoir faire se ressent même si le rythme est quand même bien maîtrisé. On suit un film qui ne décolle jamais malgré la touche réaliste voulue, bien loin des films comme L627 de Bertrand Tavernier.


Heureusement sans niaiseries, le film manque d'ampleur, de force et de patte cinématographique. C'est assez dommage car hormis un scénario de manière globale pas trop mal, le reste trop faible fait plus basculer L'affaire SK1 dans les petits polars à refaire que dans les bons thrillers. L'affaire est donc plus palpitante que le film et de loin. Cela aurait pu faire un objet cinématographique bien plus fort avec un cinéaste avec un parti prit. Autant lire directement le wikipédia sur Guy Georges on en sort plus interloqués, secoués qu'à la fin du film. 

Note : 4,5 /10

mardi 6 janvier 2015

Les pingouins de Madagascar



Réalisation : Eric Darnell et Simon J Smith
Scénario : John  Aboud, Michael Colton et Brandon Sawyer
Durée : 1 h 30
Avec les voix de : Tom McGrath, Chris Miller, John Malkovitch, Benedict Cumberbatch...
Genre : Divertissement de haute volée

Synopsis :

L'histoire dès le début des quatre pingouins du film Madagascar. Ils va falloir qu'ils sauvent le monde du terrible docteur Octavius.

Après l'excellent Mr Peabody et Sherman : Les voyages dans le temps de Rob Minkoff sorti en début d'année, on ne peut que constater la grande forme des studios Dreamworks pendant l'année d'inactivité de Pixar. Ce spin off est à la hauteur des Madagascar, les enfants comme les amateurs de la trilogie animalière particulièrement délirante devraient apprécier ce dépoussiérage jouissif du film d'action et d'espionnage. 

On retrouve le rythme, le ton parodique et truffé de clin d’œil des Madagascar dans cette aventure James Bondienne de la banquise plutôt inspirée. Un fil émotionnel simple et efficace avec le jeune pingouin qui doit s'imposer dans le groupe et l'affaire est dans le sac, l'avalanche de gags plus ou moins attendus mais tous irrésistibles peut commencer. Si cela ne renouvelle en rien le genre, on se retrouve dans du divertissement de grande qualité où le temps mort et la panne d'idée ne sont pas invités au festin. 

Avec une belle animation et une 3D sympathique, le délire a été communicatif pour ma part. La firme est une nouvelle fois très en forme dans le genre de l'humour aux différents degrés. Les adultes seront même un peu plus gâtés que les enfants. Même si le divertissement pour les plus petits est bien entendu assuré, le ton est comme toujours bon enfant et comme souvent parsemés d'un humour sans cesse sur le qui vive et particulièrement explosif. Si c'est parfois à la limite d'être répétitif, tout est assumé. 

Les pingouins de Madagascar est un Spin Off au délire donc aussi assumé et réussi. On retrouve tout le travail scénaristique des films plus mineurs de la firme, qui sont pour ma part les plus drôles comme Megamind. Ces produits sont peut-être mineurs oui mais les plus détachés, les plus fous, les plus funs, les plus délirants et les moins cul cul que les plus gros blockbusters. Ces pingouins ont désormais un film a eux et il est à leur image : déjanté avec un humour honnête et particulièrement de haute volée. Une première pour des pingouins.

Note : 8 / 10

lundi 5 janvier 2015

A Most Violent Year



Réalisation et scénario : J.C Chandlor
Durée : 2 h
Interprétation : Oscar Isaac, Jessica Chastain, Albert Brooks...
Genre : Quelques nuances de (James) Gray

Synopsis :

En 1981 à New York, le marché du pétrole se heurte à la corruption. Comment continuer son business honnêtement dans la violence galopante et la dépravation de l'époque ? Abel Morales tente de diriger son marché et garder les banquiers de son côté tout en restant dans la loi.

Après un huis clos dans le domaine de la finance et une ballade avec un vieux loup du cinéma en mer, le cinéaste prometteur J.C Chandlor se lance dans le film noir. A most violent Year possède une remarquable reconstitution, un classicisme et une mise en scène digne d'un grand Lumet, Scorsese ou encore Coppola ainsi qu'une beauté formelle proche d'un classique du cinéma. Rien que ça oui ! Seulement l'impression que le film est constamment réalisé au ralenti et ne soulève finalement que de trop brèves intrigues se fait vite ressentir, le temps est long et au final sauf une énième peinture grise du système américain, le film n'est pas du tout captivant.

La qualité ainsi que la grandeur de la mise en scène du cinéaste sont bien présentes. C'est certainement le meilleur savoir faire dans le genre que l'on puisse voir et fait directement penser au cinéma James Gray. Seulement le seul autre point commun entre James Gray et J.C Chandor sera d'avoir du goût pour les très bonnes références dans le genre. Chandor n'a étonnamment pas de ton, ni de personnalité et une intrigue qui reste collée au sol et qui ne décollera jamais. L'impression de regarder un classique du cinéma dénué de suspense, d'innovation et surtout, et c'est le plus grave, de ton. Tout tourne au ralenti et on voit tous les rouages d'une mécanique pas infernale du tout tourner de manière pépère et uniforme. Comme si l'on mettait des films comme La nuit nous appartient ou The Yard à seize images secondes et qu'on le visionne. Un peu comme si l'on plaçait le film sur un banc de contrôle technique et l'on voyait tout le millimétrisme du cinéaste l'un après l'autre, tour à tour. Alors certes les ficelles sont dignes des plus grands réalisateurs techniquement mais tout, y compris l'écriture, manque de cruellement de souffle.

Même si les acteurs sont tous bons, avec un tel casting aussi y a pas de risques, ils jouent eux aussi au ralenti et on voit sur leur visage le travail expressif et geste totalement calculés, à l'image de la technique. A Most violent Year fait deux très longues heures sous la direction de Chandor, il aurait fait une heure trente sous James Gray et Francis Ford Coppola et une heure sous Scorsese. Temps auquel le scénario aurait pu plus développer des personnages secondaires étonnamment transparents et sous exploités pour le genre. Le scénario se contente de dépeindre faiblement le désenchantement de l'Amérique un peu sur le même tableau que Margin Call. Seulement son premier film avait un scénario plus rythmé et plus solide même s'il était loin de Robert Altman et Sidney Lumet encore une fois. Ici les références fusent mais absolument tout, y compris le couple principal au centre du film, reste superficiel et finalement trop pauvre pour savourer quelque chose autre que l'ennui. Le cinéaste et scénariste ne pose que trop peu de questions à son spectateur, il l'aveugle avec son travail d'orfèvre dénué de niaque.

Pourtant toutes les questions et les thèmes sont toujours d'actualités et je comprend l’intérêt et la démarche du film. On trouve une peinture sur la lutte commerciale, le partage du bien et du mal sur les procédés de travailler dans une société en crise et de plus en plus violente et bien entendu la difficulté d'avoir son identité propre aux Etats-Unis quand on est immigré. Plein de questions toujours d'actualités, vues et traitées multiples fois. Le scénario est paresseux à l'image du film, d'une platitude totale par rapport à son ambition. On retrouve deux scènes d'actions, une piquée dans French Connection de William Friedkin, la suivante dans L'impasse de Brian de Palma et elles paraissent uniquement mouvementées car le reste du film n'est que du chloroforme sur pellicule. La mise en scène manque de puissance, de magnétisme, de cachet et tourne souvent à vide, un peu comme l'a été Paul Thomas Anderson avec The Master. Dénué de cynisme et d'originalité, tout est frustrant. 

Pour celui qui rentre dans ce (faux) classique du polar new yorkais particulièrement plat et soporifique et y trouve son bonheur tant mieux. Pour ma part Chandor finalement n'a pas grand chose à dire de plus sauf que c'est un très bon cinéaste dans le classicisme. Il est quelque part niché entre Paul Thomas Anderson et James Gray mais avec un millimétrisme proche de Christopher Nolan qui n'est pas du tout le bienvenu pour ce genre de film. Son film ne manque surtout pas de références loin de là, mais il manque d'âme, d'innovation, de mordant et surtout de personnalité. Une très grande déception pour ma part.


Note : 3,5 /10

dimanche 4 janvier 2015

Top 5 des biopics musicaux attendus (ou pas)

Il en sort un presque chaque semaine dans les salles obscures mettant au défi et en lumière un acteur ou une actrice pour incarner les traits d'une personnalité plus ou moins célèbre. Il est placé entre le nombre d'adaptations d’œuvres littéraires au cinéma et celles de bandes dessinées depuis une dizaine d'années maintenant, il est hélas bien devant la création originale. Je parle bien entendu du biopic, un envahisseur de plus en plus éreintant, disons plutôt une mode fatigante qui ne faiblit pas tant que ça au niveau de ses productions. 

Si généralement ils sont très bien réalisés et brillamment interprétés, il faut dire que comme dans tous les genres, la recette est souvent la même et finit par vite lasser. Cette recette existe depuis très longtemps étant donné qu'elle est un peu synonyme de clé aux multiples récompenses aux oscars que ce soit pour l'acteur comme pour le cinéaste. Une mine d'or pour les producteurs car si le succès n'est pas en salles, il le sera en récompense ou en nominations.

La liste des biopics est si longue que d'en faire un top ce serait tout bonnement impossible. Il faudrait au moins une cinquantaine car on retrouve beaucoup de vraies perles, autant que de personnalités intéressantes et des cinéastes qui ont parfaitement su traités des thèmes psychologiques, universel ou historiques dessus. Les musiciens ont également un sacré panel de biopics à leur égard, je n'en citerai également aucun car ce n'est pas le but de cet article. Je préfères donc imaginer, attendre et surtout désirer sur ce qui n'a pas été encore fait ou même sur ce qui serait à refaire.

Voici une liste de 5 biopics musicaux qui pourraient voir le jour dans les années à venir, ou auquel je pense il serait intéressant de voir sur les écrans :





Michael Jackson - Envisagé.

Un peu comme le biopic de Franck Sinatra avec Leonardo DiCaprio sous la direction de Martin Scorsese, on avait eu une brève annonce il y a trois bonnes années maintenant sur la préparation d'un biopic sur le Roi de la Pop Michael Jackson. Alors qu'il n'y avait pas encore de metteur en scène dessus on parlait de Johnny Depp dans le rôle principal. Depuis plus un seul bruit. Sachant que ce sera sous l'œil vigilant de la famille du chanteur avec les droits d'auteur, le film a de très grandes chances d'être particulièrement convenu sur la face torturée du chanteur. Ensuite qu'il soit plus musical, dans les sentiments ou plus dans les multiples procès du chanteurs, on en sait pas vraiment à quoi s'attendre. Un mélange serait parfait mais superficiel si ce n'est pas une grande pointure qui s'y attelle. Le plus judicieux serait clairement un parcours artistique du chanteur avec une grande part à l'imagination sur son passé et ses différentes polémiques. Si Martin Scorsese ou même John Landis seraient deux cinéastes de grands luxes, des tas de réalisateurs pourraient également bien faire le boulot comme James Mangold, Taylor Hackford, Cameron Crowe ou encore Baz Lhurmann. Mais de là a ce qu'ils soient intéressant pas si sûr que ça.

Si j 'étais producteur, je penserai idéalement à Milos Forman de son vivant donc pas sûr que cela se puisse se faire vu son âge assez avancé et son activité aujourd'hui. Sinon je confierai le film à Todd Haynes (Velvet Goldmine, I'm not there) et surtout avec Justin Timberlake devant l'objectif dans la peau doublement colorée du Roi de la Pop. Johnny Depp l'a déjà un peu fait chez Tim Burton dans Charlie et la chocolaterie ou même dans Neverland de Marc Forster. Ces deux cinéastes d'ailleurs pourraient faire un film sur Michael Jackson. Depp par contre est un peu vieux et risque de trop en faire comme ces dernières années dans ces rôles peu différents. Et puis il n'a pas le talent de danseur de Timberlake qui en plus s'avère être un excellent acteur. Faites vos votes plusieurs combinaisons sont possibles.





Patti SmithJust Kids - Envisagé.

Alors que le biopic sur Janis Joplin se produit actuellement avec Amy Adams en tête d'affiche sous la direction de Jean Marc Vallée, le biopic musical continue à bien se produire et fonctionner. C'est plus ou moins officiel, Patti Smith est au scénario pour l'adaptation au cinéma de son propre livre. Toujours pas encore de cinéaste de prévu dessus mais le choix d'interprétation de Charlotte Gainsbourg me paraît incontestable. En tant que cinéaste, pourquoi pas le retour de Jonathan Demme, lui qui est assez proche de Neil Young comme la rockeuse. En espérant que le cinéaste retrouve le talent et le succès de ses deux films justement récompensés Philadelphia et Le silence des agneaux. Sinon je pense au Anton Corbijn, qui a signé Control très bon film sur Joy Division. James Franco devrait jouer dans le film le rôle de Robert Mapplethorpe et pourrait peut-être enfiler une nouvelle fois la casquette de réalisateur. En tout cas les possibilités sont multiples et vu les goûts de Patti, ils seront sans doute de qualités.





The Rolling StonesToujours pas fait.

On parlait il y a quelques temps une nouvelle fois de Johnny Depp interpréter Keith Richards dans un biopic qui lui serait consacré. C'était un peu déjà vu dans Pirates des Caraïbes. C'est en suspend et cela pour pas mal de temps. Si Les Beatles on eu un film Nowhere Boy de Sam Taylor Johnson plutôt bien et des bons documentaires dessus, Les Rolling Stones eux, et notamment Mick Jagger n'ont toujours pas donnés le feu vert pour faire un film sur eux. Alors que Jagger et Scorsese produisent et réalisent une série sur l'Histoire de la musique chez HBO (dont il me tarde de voir) les deux hommes auraient certainement pu faire un film sur le groupe emblématique. C'est un scénario qu'il manquerai et que Jagger a du mal à trouver. John Logan ou David Koepp seraient des scénaristes qui feraient bien le boulot ainsi qu'un cinéaste plutôt bon et talentueux comme notre faux retraité préféré Steven Soderbergh.

Personnellement si un film sur le groupe doit se faire j'aimerais vraiment que ce soit Paul Thomas Anderson au scénario et surtout à la mise en scène. Quand je vois la bande annonce d'Inherent Vice ça donne envie de le voir et si le cinéaste retrouve la fougue de Boogie Night il pourrait offrir un film excellent sur le groupe. Pour les acteurs par contre c'est un peu dur de choisir étant donné qu'il serait indispensable de choisir des jeunes. Ben Whishaw serait pour ma part un choix judicieux pour interpréter Mick Jagger.





Chopin Toujours pas fait.

Alors que Hugh Grant prête ses traits au grand compositeur dans le très oubliable Impromptu de James Lapine, rien sur Chopin n'a été vraiment fait. De la romance, de la musique et une histoire classique qui pourrait pourtant plaire au grand public. Sans demander de faire un nouvel Amadeus (ce qui serait impossible de nos jours) ne pas tomber dans le plantage comme Bernard Rose et son film décevant dans le fond sur Beethoven (Ludwig Van B) malgré comme toujours un excellent Gary Oldman.

Pour cela je pense à l'anglais au classicisme efficace essentiel pour ce genre de film, Joe Wright à l'écriture et à la mise en scène, rien de bien surprenant. Quant à l'acteur idéal je pense à Michael Pitt, il serait au poil. 






Alice Cooper Toujours pas fait.

Oui Alice Cooper est acteur de temps en temps mais ses différents spectacles et sa carrière pourraient être à l'origine d'un super film. Trop facile de se dire que ce serait pour Tim Burton aux commandes à moins que les scénaristes Scott Alexander et Larry Karaszewski soient de la partie. Oui car ces deux là signe le prochain Tim Burton Big Eyes et ont signé le scénario auparavant d'Ed Wood du même cinéaste ainsi que le film de Milos Forman Man on the Moon. Deux sacrées références dans le domaine il faut bien avouer. 


Comme pour le film de Forman, un scénario qui nous manipule dans tous les sens et nous offre du grand spectacle dans tous les sens du terme serait parfait. Mêler les angoisses d'Alice, sa musique, ses shows, ses travers, ses tourments pour faire un spectacle purement Glam rock ou même dans la veine du Rocky Horor Picture Show de Jim Sharman. Seulement vu la popularité et le peu d'intérêt que représente Alice Cooper, il y a très peu de chance qu'un film comme ça se produise un jour. Ni même cinématographiquement car il faut signer une oeuvre originale et particulièrement hors normes ce qui est très dur à produire actuellement. Même si Alan Parker pourrait le signer et remettre le pied à l'étrier par la même occasion, il a signé Pink Floyd et The Commitments On peut désirer également Michel Gondry, Todd Haynes, Spike Jonze mais aussi Greg Araki qui pourrait ajouter une patte déjantée comme dans Kaboom. Pour interpréter Alice par contre cela s'annonce difficile mais en dans les jeunes acteurs grimpants Christopher Mintz Plasse, Jesse Eisenberg ou encore Michael Cera pourrait bien faire l'affaire.  

En tout cas écrire un scénario sur Alice Cooper doit être sacrément amusant et loin de tout classicisme. Sinon c'est pas la peine de le faire. 

samedi 3 janvier 2015

Marie Heurtin



Réalisation : Jean-Pierre Améris
Scénario : Philippe Blasband et Jean-Pierre Améris
Durée : 1 h 30
Interprétation : Isabelle Carré, Ariana Rivoire, Brigitte Catillon...
Genre : Miracle dans la Loire

Synopsis :

Née sourde et aveugle, Marie Heurtin est incapable de communiquer avec le reste du monde. Malgré le scepticisme de sa mère supérieure, Soeur Marguerite se met au défi d'offrir le langage a Marie afin de la sortir de la nuit.

Inspirée d'une histoire vraie, Marie Heurtin est fort et touchant rien que pour son sujet sensible et délicat. Jean-Pierre Améris a été touché par le film d'Arthur Penn Miracle en Alabama et cela se voit. Le cinéaste voulait d'ailleurs les droits d'auteurs de la vie d'Helen Keller mais ces derniers étant trop chers il a fait des recherches ailleurs avant de tomber sur le cas de Marie Heurtin a peu près à la même époque mais en France. Sans recopier le classique d'Arthur Penn, le cinéaste a su capter et garder la force principale du film rendant Marie Heurtin touchant et formidablement bien interprété.

Dans Miracle en Alabama, Helen Keller (Patty Duke) est née dans une famille bourgeoise et possède un semblant de communication avec sa mère. C'est une ancienne aveugle (Anne Bancroft) qui s'occupe de cette fille intelligente avec une méthode rude. Dans Marie Heurtin, la famille de l'héroïne est plus modeste et bien plus proche de L'enfant sauvage de Truffaut. Soeur Marguerite n'est pas une religieuse dure mais beaucoup plus humaine. La démarche et le scénario sont différents et se penchent plus sur le côté réaliste et moins romancé que Miracle en Alabama. Les deux films restent similaires par leur absence de pathos laissant place à une émotion qui monte en beauté et en crescendo dans un éprouvant et passionnant apprentissage du langage. 

Le scénario n'en fait jamais trop, il est sobre et même parfois émaillé d'humour. La narration très classique nous raconte la longue et épuisante lutte du professeur à son élève, ponctuée de scènes émotionnelles particulièrement fortes et réussies. Comme Soeur Marguerite, le spectateur avance, recule, a de l'espoir puis est désespéré dans cette lutte aux valeurs universelles qui ne peuvent que nous toucher. Tout est juste, rien est grossier, ni artificiel ou too much. Marie Heurtin est un film beau et très touchant. Seulement comme l'année dernière avec le film de Felix Van Groeningen Alabama Monroe, on retrouve de l'émotion très audacieuse, juste et forte mais qui manque de profondeur et de subtilités dans le fond pour en faire un chef d'œuvre. Améris avait de quoi en faire un de chef d'oeuvre intemporel mais il ne possède pas le talent de cinéaste de le faire, il ne le tente même pas d'ailleurs préférant à s'en remettre principalement à ses deux actrices. Il manque une mise en scène plus forte avec des plans puissants. Même si le cinéaste est honnête et sensible tout n'est que trop gentiment illustratif. Ce n'en est pas pour autant frustrant car le film possède la beauté en premier plan, si belle et si rare au cinéma de nos jours qu'on apprécie pleinement la démarche. Améris est un cinéaste un peu comme Xavier Beauvois avec Des Hommes et des Dieux, des auteurs qui mettent en avant l'âme et la force du sujet avant toutes fioritures. Au final comme le film de Penn, l'interprétation et les scènes touchantes fonctionnent et c'est brillant. 

Alors qu'Anne Bancroft avait plus de force physique, et de psychologie dans son rôle d'ailleurs, c'est ici la rayonnante et formidable Isabelle Carré qui interprète cette professeur. Elle vient ajouter son talent une fois de plus par un espoir et une innocence permanente, débordante et communicative. L'actrice est touchante d'humanité et nous offre encore une magnifique composition. A ses côtés, Ariana Rivoire une jeune actrice, sourde dans la vraie vie est une véritable révélation. Elle est absolument incroyable dans sa composition de sourde et aveugle avide de découvertes. Tout en subtilité et en justesse, les deux actrices sont aussi merveilleuses que Bancroft et Duke qui ont justement été récompensés en 1963 par des oscars. Des interprétations féminines formidables, j'espère les Césars ne les oublieront pas.

Je recommande Marie Heurtin tout comme le film d'Arthur Penn Miracle en Alabama pour l'histoire véridique et incroyable, le sujet universel et touchant dans lesquels l'émotion sans pathos et l'interprétation féminine sont à l'honneur. Au final les deux films sont du même acabit, dégageant la même force émotionnelle malgré un abord différent. Améris n'est pas Arthur Penn mais il offre une âme à son film ce qui est primordial et payant. Un des plus beaux films de l'année 2014.


Note : 8,5 / 10

jeudi 1 janvier 2015

Top 5 films 2014

Une année de plus s'est écoulée, il est donc venu le temps du petit classement traditionnel des films à retenir de l'année. Pour ma part c'est certainement la première année où je vois beaucoup de si bons films. Beaucoup de genres et de nationalités différentes entre eux d'ailleurs, la créativité est à l'honneur et c'est une très bonne nouvelle. 
Il en est même trop sadique de faire seulement un top 5, c'est pourquoi le dernier se jouera sur le coup de cœur entre plusieurs films.


1 - Le conte de la princesse Kaguya d'Isao Takahata.






Adapté d'un conte populaire japonais, Takahata signe son ultime chef-d’œuvre devant lequel il est impossible de rester insensible. Autant dans le fond que sur le point de vue émotionnel ainsi que sa forme graphique et cinématographique, ce coup de maître possède une poésie ambivalente et sublime qui prend autant aux tripes que Le Tombeau des Lucioles sauf qu'ici toutes les émotions sont au rendez-vous. Un chef d’œuvre absolu qui fera certainement date dans l'histoire du film d'animation et du cinéma. 


2 - Le sel de la Terre de Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado.




« Un photographe est quelqu'un qui écrit avec la lumière... » ainsi commence le fascinant portrait de ce photographe que je ne connaissais pas du tout avant de voir ce documentaire vraiment sublime. Le révérend Wim Wenders en admiration sur le photographe nous offre un portrait très classique dans le fond comme dans la forme en mettant toujours en avant le témoignage rempli de grâce de cet artiste. Un documentaire émouvant et terrifiant à la fois qu'il est essentiel à tous de découvrir.


3 - Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch.






Jarmusch signe un film hypnotisant, fascinant, étrange et passionnant à l'image de l'amour, le tout emprunté de nostalgie et de musique qu'il affectionne. De manière sobre, intelligente et élégante le cinéaste tisse une brillante parenthèse atmosphérique et cinématographique dans le genre du film de vampire. Le langage cinématographique et le style du cinéaste n'a rarement été aussi hypnotisant et atypique à la fois. Véritable coup de cœur et coup de maître, Only Lovers Left Alive est une pépite 100% Jarmuschienne aussi atypique que virtuose réservé plus particulièrement aux fans du cinéaste de Down By Law.



4 - Night Call de Dan Gilroy.





Enfin un polar qui a de la gueule dans le cinéma indépendant américain. Le cinéaste pour son premier film signe un thriller machiavélique coup de poing sur le monde du travail et la société actuelle dominée par la monstruosité des Hommes. Humour noir, sadisme, folie et ton satyrique au diapason on retrouve toutes les lettres de noblesses du cinéma de la nouvelle vague américaine des années soixante dix qui en avait dans les tripes. Jake Gyllenhall est sensationnel dans un film qui l'est tout autant. Une tuerie dans tous les sens du terme devenu culte d'office pour ma part.



5 - The Best Offer de Giuseppe Tornatore. 





Le cinéaste de Cinéma Paradiso nous offre un fabuleux thriller sentimental au maniérisme à l'ancienne. On pense au virtuose d'Hitchcock, d'un grand De Palma où plane la mécanique d'un Mankiewickz, voici le film le plus intéressant du cinéaste. Rythmé, intriguant et avec un final magnifique, The Best Offer a souffert d'une totale transparence médiatique alors qu'il avait absolument tout pour être un succès commercial de très belle facture. Ce film est assurément une merveilleuse découverte pour tous les amoureux du cinéma, il serait dommage de s'en priver. 




Ils ont la note de 9,5 sur 10 et méritent d'être également dans le top

Whiplash de Damien Chazelle.
White God de Kornel Mandruczo.
Une nouvelle amie de François Ozon.


Ils ont eu 9 / 10 et sont aussi dans mes films coup de cœur

Gone Girl de David Fincher.
'71 de Yann Demange.
Paddington de Paul King.
Mr Peabody et Sherman : Les voyages du temps de Rob Minkoff. 


Ils valent assurément le coup d’œil (notation de 9 à 8) :


Saint Laurent de Bertrand Bonnello.
Le vent se lève d'Hayao Miyazaki. 
Babysitting de Philippe Lacheau et Nicolas Benamou
22 Jump Street et La grande aventure Lego de Phil Lord et Christopher Miller.
Pride de Mathew Warchus
Mr Turner de Mike Leigh.
Marie Heurtin de Jean-Pierre Améris. 


Top 5 des ressorties de cette année :

1 - L'aventure de Mme Muir de Joseph L Mankiewicz.
2 - Dressé pour tuer de Samuel Fuller. 
3 - Seconds l'opération diabolique de John Frankenheimer. 
4 - Sacco and Vanzetti de Giuliano Montaldo.
5 - L'incident de Larry Peerce.


Top 5 des pires films :

1 - La crême de la crême de Kim Chapiron. 
2 - Mea Culpa de Fred Cavayé
3 - N de Darren Aronofsky
4 - Palo Alto de Gia Coppola.
5 - La Belle et la bête de Christophe Gans.

Je n'ai pas vu le film de Nolan, de Scott, Clooney, Frears, Besson, Allen, ou encore O. Russell et bien d'autres bien sûr qui peuvent bouleverser les tops dans les séances de rattrapages. J'espère maintenant que cinématographiquement cette nouvelle année s'annonce aussi riche qu'en 2014. 

Je vous souhaite une bonne et joyeuse année (cinématographique) 2015 à tous !