samedi 25 octobre 2014

Gossip Girl (intégrale)



Synopsis :

La vie dans l'Upper East Side, haute société New Yorkaise, où les problèmes, souvent sentimentaux ou plus ou moins futiles, sont à la source de plusieurs manipulations, coups bas dans la jeunesse dorée de Serena, Blair, Nate, Chuck ou encore Dan.

Genre : Les liaisons vachement sucrées.

Adapté des livres de Cecily von Ziegesar.

Voici un bilan saison par saison avant un avis global.

Saison 1 (6/10) :

Série bien rythmée, alternant les sentiments culcul la praline avec des scènes de manipulation réjouissantes de manière habile et efficace. La bluette entre Serena et Dan devient vite lourdingue et heureusement pour nous sans cesse rattrapée par les personnages de Chuck et Blair, personnages beaucoup plus intéressants et ambigus pour l'instant.
Une saison mi figue mi raisin donc mais dont le rythme et les intrigues s'enchaînent si rapidement que l'on ne s'ennuie pas. Du bon divertissement, même si cette série est clairement visée pour un public féminin, ne boudons pas des qualités d'écritures bien plus rigoureuses et généreuses que pas mal de séries. Un bon savoir faire rend le tout divertissant. 

Saison 2 (6/10) :

Saison plus longue que la précédente qui garde la même recette et finalement la même facture de la précédente, même si les ressorts se répètent parfois trop rapidement et pas de manière pas toujours très subtile. L'impression de patauger dans la semoule se ressent un peu parfois, il y a des bonnes couches de sucre par moment qui se ressentent dût à un étirement excessif des sentiments. Mais les ragots et l'ampleur des différentes intrigues prennent une nouvelle fois le dessus pour ne pas avoir le temps de trop s'ennuyer. Le couple Blair / Chuck deviennent bien plus prenant contrairement à celui formé entre Dan et Serena, barbants et épuisants au possible avec leurs sentiments alourdis et niais.

Saison 3 (4/10) :

Les ressorts se répètent, les rebondissements s'usent et les mêmes histoires sont trop rallongées au point de souvent s'ennuyer et de ressentir pas mal de grosses lourdeurs. Si Blair et Chuck jouent au monopoly à leur manière, ils restent encore de loin les seuls personnages intéressants parmi tout leur entourage majoritairement niais, pompeux et complètement idiots. Les ragots cette fois ne sont pas vraiment palpitants, les intrigues sont trop rallongées et manquent surtout d'originalité en plus de vivacité. La fraîcheur de la première saison s'est presque totalement envolée pour laisser place à des couches de sucre provocant parfois l'indigestion. Ne parlons même pas de la psychologie bidon de certains personnages qui en deviennent complètement écoeurant. Cerise sur le Pudding le personnage de Serena est d'une débilité à souhait et tellement insupportable qu'on ne peut l'imaginer. Même si l'épisode final de la saison relève un peu le niveau par un suspense inattendu cette saison n'est pas palpitante niveau intrigue; plombante par un traitement lacrymal et cucul la praline à souhait.

Saison 4 (6/10) :

Beaucoup plus régulière niveau rythme et des ses intrigues que la saison précédente, cette quatrième saison possède un meilleur équilibre d'écriture entre les sentiments, les ragots et les mystères qui demeurent plus palpitants. Cette saison revient donc plus dans la facture finale des deux premières. Si on se détache complètement du personnage de Serena (les personnages principaux aussi d'ailleurs), c'est Blair et Chuck comme d'habitude qui attire encore tout l'intérêt une nouvelle fois. Psychologie de bas étage et sentiments sucrés sont opposés à des mystères toujours non élucidés et des nouveaux personnages qui remplacent pas mal de disparus entre temps comme Jenny, Eric ou encore Vanessa: la monnaie nous est rendue par un honnête divertissement. 

Saison 5 (6/10) :

Exactement sur les mêmes ressorts que d'habitude et avec une régularité proche de la saison précédente, le rythme et les intrigues s'émoussent pour remonter un peu dans les derniers épisodes avec son petit lot de révélations et manipulations détonantes. On observera toujours des grumeaux de bons sentiments plaqués aux différents ragots plus ou moins réjouissants qui du coup ne donne pas toujours une pâte très homogène. C'est donc toujours souvent trop sucré, les personnages restent ou deviennent tous un peu plus culcul en restant si proche de leur superficialité qu'ils en deviennent incohérent. En face des intrigues un peu "Bass" et des ficelles parfois bien lourdes, la relation entre Blair et Chuck prend une tournure assez surprenante et assure le show. Serena devient encore plus détestable, les scénaristes se déchargent dessus tout le long car le niveau de psychologie, le charisme et son interêt devient absolument minable, encore plus que ce qu'il ne l'était rikiki avant. On ne sauvera en plus sûrement pas le talent de Blake Lively car elle en a visiblement aucun à part réciter platement son texte et minauder son numéro de pouffe écervelée. Heureusement cette saison irrégulière reste divertissante grâce au piment apporté avec le personnage de Georgina (excellent Michelle Trachtenberg). Cette dernière est présente plus souvent que d'habitude pour notre plus grand plaisir. Sinon rien de neuf du côté de la bourgeoisie Newyorkaise. 

Saison 6 (6/10) :

Cette ultime saison divisée par deux par son nombre d'épisodes par rapport aux quatre précédentes mais avec tout autant de rebondissements et d'intrigues. Malgré une certaine mollesse des ressorts, toujours répétitifs bien sûr, toutes les révélations s'orchestrent et se recoupent de manière très professionnelle mais souvent sans grande surprise, car les histoires sont toujours assez creuses dans ce monde là. C'est souvent un peu rapide que l'intrigue en devient risible et entre dans la caricature de la série. Le reste du temps on suit ces dernières aventures avec un certain plaisir. Celui de voir pour la dernière fois tous ces loups bourgeois aussi superficiels qu'attachants qui n'en finissent jamais à se tirer dans les pattes et de voir une résolution s'approcher, même si elle aurait pu se faire une bonne saison avant. Un peu baclée dans le fond et expéditive dans la forme cette saison est moins ennuyeuse et étrangement dominée par l'emprise de Bart Bass (le retour) sur tout ce grand Monde de la bourgeoisie pour la première fois de la série. Cette dernière saison de Gossip Girl est finalement à la hauteur des autres. Même si les ressorts sont complètement usés au point de rendre les personnages stupides et ses intrigues vraiment ridicules, Gossip Girl garde le savoir faire des séries américaines. Sans spoiler, le final est de la même veine que celle de Desperate Housewives : une fin qui termine bien mais gentiment ouverte.


Avis général :

Gossip Girl est un soap opéra plus particulièrement destiné aux adolescentes avec tous les ingrédients modernes pour que ça fonctionne auprès des jeunes. La recette devient très rapidement répétitive, les histoires creuses comme des assiettes à soupe, comme dans tous les produits du genre mais la distraction reste tout de même présente jusqu'à la fin. A défaut d'être régulière et être une bonne série de manière globale, Gossip Girl est tordue mais pas de manière toujours jouissive tant elle est en manque de second degrés et de cynisme. Ce sera finalement la relation entre Chuck et Blair que l'on savourera le plus jusqu'à la fin dans la série car elle est plutôt tordue et prend des tournures les plus inattendue. Leur histoire et leurs psychologies sont ce qu'il y a de mieux écrite par les scénaristes. Leurs intrigues également sont de loin les plus impalpable et réussis. La composition excessive mais juste de Leighton Meester (Blair Waldorf) maîtrise parfaitement son personnage jusqu'à la fin. Les personnages secondaires comme Georgina ou encore Jack Bass sont ceux qui sont les plus savoureux et du coup qui jouent bien en apportant un bien fou à tout cela. Mais la plus grande surprise vient d'Ed Westwick (Chuck Bass), excellent acteur qui instaure charisme et une diction étonnante apportant ce qu'il manque tant à la série : une touche atypique.

Dommage que les bons sentiments sucrent parfois ce plaisir coupable rendant parfois le pudding indigeste, notamment la saison 3 qui donnerait des caries à nos pupilles et même nos tympans. Gossip Girl c'est clairement Les feux de l'amour réactualisé pour les jeunes, donc regardable. Si de manière formelle ça fonctionne plutôt bien : moderne, efficace et distrayant cette série ne marquera pas les annales pour son fond qui manque cruellement de se renouveler et d'innover. Dans son genre cette série reste généreuse et garde quand même le cap. Le public féminin a de très grandes chances d'aimer ou même d'adorer. Les garçons eux la suivront (avec grande chance en compagnie de leur petite amie pour lui faire plaisir) sans difficultés mais à condition de s'armer de plusieurs degrés de lecture. Effectivement ces manipulations sentimentales, même si elles sont souvent répétitives, sont quand même menées de manière générale à tambour battant. Cela attise la curiosité. Les références fusent, on observera un titre de film détourné à chaque épisode, ou encore pas mal de morceaux de musiques à la mode qui sont présents pour rendre le tout générationnel et avec des choix pas si morne que cela.

Si vous voulez une série satyrique, avec un regard tranchant, des émotions viscérales, de la subtilité et surtout du fond, Gossip Girl n'est absolument pas pour vous. D'ailleurs ce n'est pas ce que vend la série même si parfois on pense que c'est un peu un gâchis de ne pas faire plus vachard avec une idée pareille. La mise en scène est vraiment similaire au feu de l'amour (décors, scotch et problème de riche) avec du rythme et des acteurs qui font le boulot de manière globale assez bien. Gossip Girl est une série sentimentale avant tout, axée sur la mode, les potins, la visite guidée de la bourgeoisie et de la ville à New York. Une série distrayante mais dispensable et victime de rallongements avec son fulgurant succès que les fans ne pourront pas négliger.


Note générale : 5,6 / 10

jeudi 23 octobre 2014

Le Juge (The Judge)



Réalisation : David Dobkin.
Scénario : Nick Schenk et Bill Dubuke.
Durée : 2 h 15
Interprétation : Robert Downey Jr, Robert Duvall, Billy Bob Thornton...
Genre : Les grands Robert à la Barre.

Synopsis :

Hank Palmer, fils de Magistrat, est un avocat reconnu. Il revient dans la petite ville de son enfance pour l'enterrement de sa mère. Il revoit son père qu'il évite depuis longtemps et le voit soupçonné de meurtre avant de repartir. Il finit par décider de le défendre, mener l'enquête et chemin faisant renoue avec sa famille avec laquelle il avait pris ses distances.

Toute la qualité et l’intérêt du film repose sur la relation ombrageuse entre un père (Duvall) juge de son métier et de son fils (Downey Jr) avocat qui s'entendent comme chien et chat depuis plusieurs années. Merveilleusement interprété par ces deux monstres d'acteurs aux générations différentes, Le juge possède une intrigue policière sous une forme de plaidoirie très captivante. Toutes les deux finissent par se réunir et réussir son tour de force de manière admirable sur sa fin, se complétant l'une l'autre comme dans les grands films du genre. Cependant il est dommage que le scénario à l'ambition de faire plus que cela en collant une intrigue sentimentale loin d'être aussi puissante, subtile et bien écrite que l'intrigue principale. Clint Eastwood, Francis Ford Coppola ou encore Costa Gavras n'aurait sans doute pas renié réaliser ce film à l'ancienne au final plutôt bien réussi.

Dobkin signe un film assez classique dans le fond comme sa forme comme dans n'importe quel film du genre. Le réalisateur filme le tout de manière propre et vraiment rythmé (je n'ai pas vu passer les deux heures et quart) qui permet à l'interprétation à prendre l'ampleur nécessaire pour donner vie à un scénario prenant, touchant et sachant allier humour, drame, suspense et tension avec un savoir faire pour le moins excellent. Le casting est impressionnant, l'interprétation des seconds rôles très propre et on ne peut que reconnaître un grand magnétisme des acteurs à faire passer l'émotion. Psychologie assez fouillée de manière générale, une sobriété des sentiments avec un savoir faire à l'ancienne, c'est à dire sans musique lacrymale, sobre comme du bon cinéma. La composition de Thomas Newman est comme souvent discrète d'ailleurs, pas vraiment marquante.

Alors pourquoi après toutes ces qualités je reste sur seulement l'impression que Le juge ne reste qu'au stade de bon film ? Dans le paysage contemporain du cinéma c'est un film très bon car il ne possède que très peu de fioritures, n'a pas la prétention de faire un chef d'oeuvre et ne se repose pas uniquement sur sa tête d'affiche et encore moins sur ses effets spéciaux car il y en a pas un. C'est du bon cinéma à l'ancienne. Seulement, je trouve que le film à un peu un effet de calibrage pour les oscars à vouloir ouvrir trop de pistes sur le personnage de Hank. On dirait que les intentions de départ étaient aussi de vouloir forger un rôle à oscar pour Robert Downey Junior. Ce qui donne un peu un mélange du personnage de Jessica Lange dans Music Box et celui de Georges Clooney dans The Descendants. Il est donc bien dommage que le scénario s'étale sur les histoires de couple et de coucherie ancienne en intrigue secondaire car du coup cela désamorce la force installée précédemment dans le film. Il y avait selon mon avis bien plus de matière à approfondir le procès et l'enquête qui sont déjà presque digne d'un Sidney Lumet et le règlement de compte magistral entre le père et le fils, déjà de haute volée.

Robert Duvall connaît ce genre de film et comme à l'accoutumé il est au rendez vous, comme chez Coppola, Lumet ou encore après l'excellent La nuit nous appartient d'un cinéaste moderne de la même trempe, James Gray. Duvall n'a certainement pas dis non à ce scénario, sauf que Dobkin n'a pas le talent de ces cinéastes et hélas se penche plus dans le larmoyant. Explication également venant d'un des deux scénaristes du film ayant écrit le Eastwood Gran Torino. Le cinéaste négocie le larmoyant proprement mais pas aussi bien que le grand Clint, meilleur dans le genre bien sûr, et surtout pas aussi bien que l'opposition au tribunal. Robert Downey Junior se donne l'occasion de faire autre chose que des films plus commerciaux, même s'il n'a pas besoin de prouver son talent depuis son tout jeune âge dans son interprétation formidable dans la peau de Chaplin du regretté Richard Attenborough.

A noter un rôle secondaire de Billy Bob Thornton toujours classe, comme la façon de dégainer son verre d'eau. Bref, il y a du pour et du contre mais de manière générale c'est le pour qui l'emporte car si cela à un peu d'arrière goût de film à oscars, il reste simple, prenant, honnête et surtout pas prétentieux, et ça fait du bien. Sans atteindre les grands modèles du genre, Le Juge est un bon film, surtout d'interprétation, qui possède donc plus de qualités que de défauts. Les défauts étant de faire majoritairement un film plus grand public. A vous de juger bien sûr, mais pour ma part je recommande quand même aller le voir dans les salles obscures. Votre billet de cinéma est amorti, c'est déjà beaucoup. 


Note : 6,5 / 10

samedi 18 octobre 2014

Babysitting



Réalisation : Philippe Lacheau, Nicolas Benamou
Scénario : Philippe Lacheau, Pierre Lacheau, Julien Arruti et Tarek Boudali.
Durée : 1 h 25
Interprétation : Philippe Lacheau, Gérard Jugnot, Tarek Boudali, Alice David...
Genre : Very Bad Project

Synopsis :

Faute de Baby-sitter pour le week end, Marc Schaudel confie son fils Rémy à Franck son employé, un « type sérieux » selon lui. Sauf que Franck à trente ans ce soir et Remy est un sale gosse capricieux. Au petit matin, Marc et sa femme sont réveillés par un appel de la police, Franck et Remy ont disparu. Au milieu de leur maison saccagée, la police retrouve une caméra et la visionne ensemble. Ils vont découvrir hallucinés ce qu'il s'est passé la nuit dernière.


Babysitting est une comédie française qui recycle, reprend les idées et les narrations de Very Bad Trip et Projet X. Seulement si on pouvait s'attendre à une comédie de plus côté potager et soupe populaire française, les cinéastes et les comiques en sortent un film bien plus drôle et honnête que prévu et pour le coup bien meilleur que ses modèles américains. Si le cinéma français se défend plutôt mieux dans les comédies que les autres genres, il faut avouer que Babysitting se démarque par rapport aux autres productions par l 'énergie comique, l'honnêteté et la louche généreuse d'humour et de franchise qu'il en ressort. Avec une interprétation moins fébrile et plus juste qu'à l'habitude, cette comédie est une excellente surprise que j'ajoute sans hésiter dans mes préférées.

Je vais commencer par le seul point noir du film, sa petite morale sur le rapport père fils assez grossière sur sa fin. Il est vrai que l'on trouve partout dans le cinéma commercial ces grosses ficelles et c'est bien dommage car elles ne servent souvent pas à grand chose même si c'est bien négocié comme ici. Ce final fait donc un peu tâche dans cette comédie qui vire de plus en plus dans une avalanche de gags fraîchement et franchement hilarants. Avec une honnêteté qui fait plaisir à voir, Philippe Lacheau s'avère briller dans tous les tableaux. Plaisant pour tout public, ce film simple, porté par la bonne humeur des comédiens qui se donnent à coeur joie de partager leur plaisir de jouer, déconner tout en nous faisant rire dans leur tourbillon de soirée endiablée. Tout est tellement rapide, sur le vif que tout le jeu des comédiens fonctionnent. Jugnot y fait même un retour appréciable, tout comme une bonne brochette de comiques désuets comme Desagnat, de loin dans son rôle le plus drôle de sa (petite) carrière.

L'humour est au diapason, tout en étant jamais niais ni trop vulgaire, toujours étant un cocktail explosif, virulent, sans gêne mais sans être raciste ni méchant pour autant : c'est vraiment plaisant et agréable. Niveau rythme ça file à toute blinde, les gags s'enchaînent et s'emboîtent parfaitement. Certains même se recoupent parfois en plusieurs moments comme entres autre le flic à l'humour noir interprété par Philippe Duquesne ou encore entre la femme et le personnage interprété par Vincent Desagnat, irrésistibles tous les deux. Sans faire du social ni autre chose enfin une comédie qui file droit au but et qui n'a pas d'autre prétention que de faire rire son public. Rien à voir avec le mauvais Qu'est ce qu'on a fait au bon dieu, largement au dessous, ni même comparable. S'il y a une légère teinte d'histoire d'amour, en parrallèle à la relation père/fils, elle est tellement secondaire qu'on s'en moque et fait place à une parenthèse dans le manège pour le moins bienvenue pour le public. Elle lui permet de respirer un peu pour mieux repartir sur les chapeaux de roues, ou plûtot en mode Mario Cart pour le final. Cette séquence musicale bien réalisée est plutôt d'une grande habileté narrative. Le scénario réussit un parfait équilibre entre un film comique très généreux comme Les trois frères et le style grave des comédies de Jude Apatow. C'est souvent de l'humour grave, vachard et sans être aussi fin que celle de l'équipe du Splendid, c'est clairement le meilleur.

Avec Neuf mois ferme de Dupontel l'an dernier, la comédie française se porte plutôt bien. Entre toutes ces copies du cinéma américain, à vouloir alterner humour et sentimental ou social, c'est encore quand il y a du concentré comique que l'on a le plus de chance de trouver un produit de qualité. Babysitting est sans doute la comédie française de l'année 2014, même de l'année car les américains sont en très souvent en dessous. Réalisateurs et comiques à suivre, Babysitting est une excellente comédie agréablement généreuse en humour et décomplexée. Le meilleur remède contre la crise est là, pour une fois qu'un produit populaire est bon, ce serait dommage de ne pas en profiter.

Note : 8/10

jeudi 16 octobre 2014

Saint-Laurent



Réalisation : Bertrand Bonello.
Scénario : Thomas Bidegain et Bertrand Bonello.
Durée : 2h30
Interprétation : Gaspard Ulliel, Jeremy Rénier, Louis Garrel...
Genre : Biopic décompléxé.

Synopsis :

1967 – 1976. La rencontre de l'un des plus grands couturiers de tous les temps avec une décennie libre. Aucun des deux n'en ressortira intact.

Il n'y a que le nom de commun avec le film de Jalil Lespert sorti en début d'année et celui-çi de Bertrand Bonello. Cette version non officielle est un donc biopic un peu brouillon dans le fond avec son scénario qui s'étiole un peu dans tous les sens pour se concentrer sur ce qu'il y a de plus intéressant: le regard d'un artiste sur son oeuvre. Le film de Bonello se penche sur l'addiction, les sentiments et la passion, le métier du grand couturier dans une certaine période de la vie du personnage. Un film très seventies, très sixties, très psychédélique et viscéral. Pas de thriller, pas de grandiloquence, pas de conventionnalités au rendez-vous et je l'avoue que c'est de loin la plus grande force de cette excellente surprise. Une vraie bouffée d'air cinématographique. Bien loin de toutes les productions contemporaines, surtout en France, Saint Laurent est au même titre que La Grande Belezza de Paolo Sorrentino sorti l'an dernier : un exercice de style éblouissant, un film purement cinématographique.

Oui Saint Laurent est un excellent film mais on se demanderait bien pourquoi on a aimé car il ne se passe rien, c'est très lent, c'est même rempli de longueurs pour au final ne pas vraiment raconter grand chose. Un peu comme un film à l'italienne, le fond est souvent un peu éparpillé mais très (trop) intellectuel et référencé mais la forme est absolument magnifique et envoûtante. Esthétiquement déjà, les décors et la photographie sont sublimes. Cette dernière est à la fois précise, nette dans les reconstitutions n'en fait pas trop dans le too much et garde une beauté clinique merveilleuse. La mise en scène du cinéaste est superbe également. Onctueuse, hypnotique, délicate, subtile et d'une virtuosité qui ne vire jamais dans la complaisance ou la démonstration, je découvre enfin un cinéaste français qui ne se regarde pas filmer. Bonnelo est un cinéaste que je découvre donc ici et signe une oeuvre sans vraiment de complexes, avec un certain talent et un virtuose certain. C'est un vrai cinéaste, il ne pompe pas, il réactualise ses grandes références et la ressort dans une forme toute à fait imperceptible et inattendue. Le scénario transforme le célèbre couturier dans la quête, la philosophie et les motivations de l'artiste en général. La narration se met en pause parfois pour laisser place à des montées frivoles de mise en scène vraiment fascinantes. Le scénario est un support pour laisser place à une mise en scène prodigieuse, tout en finesse, surprise et introspective. Une véritable réflexion sur les tourments, les remises en cause sur le travail tout au long de la carrière du couturier pour le moins passionnante. Si ses histoires de coeur et d'addiction, de drogues paraissent envahissantes, elles sont tellement référencées (trop pour moi d'ailleurs, je suis loin d'avoir tout compris et apprécié tous les clins d'oeil artistiques) et à la fois dans l'esprit du personnage, du film, du montage que cela se rend cohérent, enivrant, hypnotisant. Bonnello se retrouve dans un amalgame fascinant entre Visconti, Jim Jarmush et Stanley Kubrick.

Le film n'est pas parfait car il manque un peu de vivacité et flotte par moment. Mais c'est autant son défaut qu'un des ses différents charmes vous me direz pour ceux qui ont aimés. Si cela paraît assez ennuyeux, Saint Laurent possède une âme véritable. Ce film transpire le cinéma à travers un cinéaste qui utilise musique, montage et image avec un talent monstrueux qui fait penser aux allures très Kubrickiennes donc, mais aussi Arakiennes et Polanskienne. On retrouve la lenteur, la virtuosité, la sensibilité des grands films italiens de Visconti et de Fellini avec plaisir car c'est de toute franchise, une alliance respectueuse et ingénieuse du vieux cinéma et du moderne. Toutes ces grandes références sont ponctuées par une mise en scène vraiment inventive, loin de tout cliché même si comme je l'ai déjà souligné, c'est souvent un peu trop sage. De petits pics d'humours jaillissent de temps à autres, la retenue, la sensibilité en permanence dans l'interprétation tout comme la mise en scène pour finir dans un dialogue entre le jeune et le vieux YSL fascinant. Sur une narration circulaire majoritairement de 1961 à 1976, le film explore le tableau de la nostalgie et celui du succès et de la gloire pour les faire rencontrer merveilleusement à la fin. Un biopic vertigineux, stupéfiant et hors norme.

Le problème dans tous les films français vient souvent de l'interprétation. Alors que de manière globale elle est impressionnante dans ce film, la grosse tâche du casting et hélas la seule du film vient de Léa Seydoux ô combien mauvaise et pathétique avec son surjeu permanent. Heureusement on ne la voit pas beaucoup et qu'elle parle encore moins qu'on ne la voit. Chacune des ses apparitions, chaque mots sortis de sa bouche fait descendre le film de plusieurs étages sa qualité. C'est absolument horrible, injuste que cette actrice soit la plus bankable et de loin la plus mauvaise alors qu'autour on a des interprétations particulièrement bluffantes. Je ne pensais pas le dire un jour mais Louis Garrel est époustouflant, il m'a impressionné. Renier comme toujours est à demie teinte, un coup juste un coup faux comme dans son rôle de Cloclo. Le reste du casting est excellent avec un travail d'interprétation remarquable. Mais c'est Gaspard Ulliel qui livre une prestation incroyable. Le rôle de sa carrière sans aucun doute, il est complètement mystique, en retenue mais aussi d'un charisme candide et imperceptible formidable. Ulliel porte pas mal aussi le film sur ses épaules, rendant le personnage mystérieux, insaisissable, étrange et fascinant dans l'esprit du scénario et de la mise en scène de Bonello. D'ailleurs le cinéaste cache de moins en moins la ressemblance pas tout à fait exacte entre le vrai YSL et Ulliel devant le tableau de Warhol sur la fin ce qui rend le film et le fond encore plus énigmatique. Intrigant, le film devient encore plus fascinant, cassant l'image, la ressemblance, l'artifice de plus en plus que l'on avance dans le temps. Plus on avance dans le film, plus le personnage se densifie, devient une légende qui met un peu ses cartes à plat tel un personnage Viscontien. Ulliel explose donc littéralement tout en gardant son calme, son côté énigmatique et devient un modèle magnétique fascinant à l'image du film de Bonello.

Je serais presque tenté de dire que ce film est un chef d'oeuvre mais quelques petits détails m'en retiennent pour l'instant. Peut-être dans quelques années et après une rediffusion. Si Léa Seydoux y est pour beaucoup sur le contrepoids de la balance (ça ne changera pas au fil du temps hélas) je serai également curieux de savoir si le film est plus objectivement bon car on ne voit que trop peu de cinéaste aussi intéressant doué et libre dans la forme de nos jours. Bonello nous réalise un film à l'ancienne digne d'un chef d'oeuvre italien donc, le tout en plus moderne, moins ennuyeux et contrairement à la plupart des films qui sortent : absolument pas anecdotique. Saint Laurent est un biopic complètement décomplexé de tout ce que l'on a l'habitude de voir dans le genre, il n'en porte lui aussi que quelques formes traditionnelles. Je l'apprécie encore plus avec le recul mais aussi le redoute tout autant car c'est justement parce que c'est un des rares, un des seuls films qui soit comme cela, si loin de toute ces écritures lourdes et calibrées que le film est si atypique et inclassable. Attendons de voir ce que le temps nous diras mais pour l'instant je dis un grand OUI à ce genre de production. Déçu vous serez si vous vous attendez à l'écriture d'un biopic classique comme le film de Lespert. Ce dernier qui est une version officielle est très propre, classique et conventionnelle et très bien interprété lui aussi par Pierre Niney et Guillaume Galienne. Ce Saint Laurent en garde la simple silhouette du célèbre génie de la mode, sa voix très atypique et reconnaissable, pour le reste c'est un peu comme l'art et le talent du personnage : indescriptible et inné. Deux mots qui décrivent parfaitement cet ovni à découvrir absolument.

Note : 9  /10


mercredi 15 octobre 2014

Mommy



Réalisation et scénario : Xavier Dolan
Durée : 2 h 10
Interprétation : Antoine-Oliver Pilon, Anne Dorval, Suzanne Clément...
Genre : Cassavetes chez les ploucs

Synopsis :

Une veuve mono parentale hérite de la garde de son fils, un adolescent TDAH impulsif et violent. Au coeur de leur emportements et difficultés, ils tentent de joindre les bouts, notamment grâce à l'aide inattendue de l’énigmatique voisine d'en face Kyla. Tous les trois ils retrouvent une forme d'équilibre puis d'espoir.

A la sortie du premier film que je vois signé Xavier Dolan, je ressors avec un sentiment pour le moins partagé, peut-être aussi parce que je ne suis pas vraiment rentré dedans. Même si je ne peux que reconnaître une qualité d'écriture, des portraits psychologiques réussis des personnages ainsi qu'une impressionnante interprétation, pour le reste je me suis retrouvé un peu pris en otage dans un film au final où tout est excessif, où la mise en scène n'est jamais nuancée et dépourvue de toutes subtilités.

Soit on rentre dans le film directement et l'on suit ces trois personnages du début à la fin sur une première lecture guidée de A à Z par le cinéaste qui nous impose toutes les émotions que l'on doit ressentir devant son film avec force, le tout sans donner la peine ni le temps de réfléchir à son public. Soit on reste distant un peu comme mon cas, et on suit Mommy comme une agression, ponctué de situations fortes de manière complètement frontale un peu comme si on avait un couteau sous la gorge qui nous dit -pleure ici, rigole là, soit ému par ce que je raconte bordel ! Hormis ce hold-up qui m'a refroidit, je n'ai pas trouvé de style ou de regard d'un d'auteur dans ce film ce qui est un comble pour celui qu'on appelle « jeune prodige canadien ». Effectivement je dirais plutôt qu'il manque derrière tout ça un cinéaste qui densifie, tonifie son trio de personnage pour le rendre subtil ample et beaucoup moins calculé. Cela donne plus une relecture des films de John Cassavetes où l'on ne perçoit que des intentions dans le fond et sans vraiment de développement. Si les acteurs font passer bien des couleuvres, le mauvais goût fait tache assez souvent dans un film souvent fade niveau mise en scène.

Les émotions sont donc extrêmement frontales et entièrement portées par des acteurs qui en font des tonnes mais qui sont excellents et portent le film par leur justesse. Le gros problème vient de cette prise d'otage où le cinéaste nous dit vraiment les émotions que l'on doit ressentir. Purement anecdotique comme une émission populaire, elles viennent de manière forcée sur vous de manière jamais subtile, un comme des panneaux « riez, pleurez ou applaudissez ». Rien est viscéral, jamais la réflexion ni l'imaginaire n'est sollicité dans Mommy si ce n'est le dernier plan. Ce qui est plutôt navrant car même pas mal de film Hollywoodien ne sont pas si malhonnête avec son spectateur intellectuellement parlant. Pour le positif du film, car il y en a, le filon général sur la relation de la mère et de son fils tient relativement la route du début à la fin. Dolan a un donc un bon script, il sait de quoi il parle (apparemment ses précédents films sont un peu sur les mêmes thèmes) mais pour ce qui est du reste au niveau de sa mise en scène c'est vraiment fade et trop souvent de mauvais goût. Sans saveurs et de ton au point que dans la forme j'ai parfois eu l'impression de regarder un film de Cassavetes et de Ken Loach avec des moments réalisés par un Almodovar au bord du gouffre artistique, destinés pour les beaufs avec son côté purement anecdotique, pré-mâché, vulgaire, appuyés et assez guindés. Le tout avec des zestes de cinéma pour hypster dût à des intentions et de goûts musicaux fades et clairement anecdotiques. La photographie est là aussi anecdotique pour son format. Si elle est justifiable ce détail technique ne fait pas vraiment subtil car le film n'a rien autour pour l'accompagner. Quant aux couleurs on dirait souvent une pub Tropicana de deux heures, mélange clinique sans vraiment de personnalité entre du Araki et du Almodovar, sans jus d'orange dans le frigo en plus.

Dolan serait un peu une sorte de Lee Daniels (MTV oblige) du cinéma indépendant. Comme pour le réalisateur de Precious, avec un sujet fort et facilement touchant il emballe et aveugle grossièrement le public avec force à l'aide d'une interprétation soufflante et impressionnante qui rappelle l'actors studio. Mais tout le long l'impression vite de brasser de l'air avec des sentiments au final politiquement correct avec un sujet aussi grave. L'anecdote ressort en permanence, on voit toutes les ficelles de son film. Si Dolan n'entre pas dans la caricature du film d'auteur, quoique c'est parfois c'est tellement peu nuancé qu'on y flirte avec, mais la superficialité prend le dessus de manière globale. Le film peut toucher par son sujet, la grande maîtrise de ses scènes d'émotions et surtout l'interprétation explosive des acteurs. Mommy est un film grandiloquent et heureusement pas tire larme ni lacrymal, mais handicapé d'un regard franc, sensible et honnête de la part de son auteur. Si c'est bien écrit, le cinéaste est hélas plus un styliste de prêt à porter qu'un véritable auteur cinématographique. Heureusement que son anecdote fonctionne, le trio est suffisamment en avant et bluffant dans leur démonstration pour faire passer un catalogue d'effets stylistiques de ralentis, flous, mouvements de caméra démonstratifs et des choix musicaux vraiment passe partout, insipides. Le show des acteurs est à 90% de la réussite du film et meuble un scénario de quelques lignes sur les deux heures, qui aurait pu largement tenir en une et demie.

Je suis désolé pour tout ceux qui ont aimés et aimeront ce film, il y en aura car la forme du cinéma de Cassavetes n'est pas au goût du jour et paraît réactualisé ici avec du punch et virtuose, et le sujet du film en fera pleurer plus d'un mais avec du recul il est d'un auteurisme particulièrement vain et plus anecdotique que sincère, un peu comme pour 12 years a slave de Steve McQueen II. Cela bien sûr ne leur empêchera pas d'avoir des récompenses, bien au contraire car ils sont destinés presque à la base pour cela. Cependant contrairement au film oscarisé, je ne trouve pas que Mommy soit mauvais et vide dans le fond ni très prétentieux par son écriture. Seulement dans la forme on reste dans l'anecdote pure assez malhonnête pour cacher une vacuité certaine, car Mommy se repose sur ses grands acteurs mais au final pas vraiment d'ampleur cinématographique.


Note : 5 / 10

jeudi 9 octobre 2014

Gone Girl




Réalisation : David Fincher
Scénario : Gillian Flynn tiré de son propre roman.
Durée : 2 h 30
Interprétation : Ben Affleck, Rosamund Pike, Neil Patrick Harris...
Genre : Délicieux Shaker Fincher.

Synopsis :

A l'occasion de son cinquième anniversaire de mariage, Nick Dunne signale la disparition de sa femme, Amy. Sous la pression de la Police et l'affolement des médias, la suspicion se porte de plus en plus vers Nick qui clame son innocence malgré des secrets de plus en plus enfouit qui éclatent au grand jour.

Un film de David Fincher est bien sûr une attente et un événement de grand cinéma dans les salles obscures qu'il n'est même plus besoin de rappeler depuis des années. Le public d'ailleurs répond pour une fois justement présent. Gone Girl n'échappe pas à la règle, le cinéaste brille une nouvelle fois dans ses talents de directeur d'acteurs, de technicien et ici de conteur d'histoire comme jamais. Si son dernier film n'atteint pas les sommets atteints avec Seven et Zodiac dans le genre, il fustige comme toujours tous les polars concurrents de ces dernières années. Généralement son dernier concurrent est son dernier film.

La dernière fois, on avait quitté le cinéaste sur son adaptation irrégulière mais glauque et prenante de Millenium. Le revoilà avec Gone Girl au sommet de sa virtuosité avec une sobriété et une simplicité au niveau de la mise en scène tel que Social Network. On ressent très visiblement ce qui a attiré le cinéaste dans cette histoire aux allures je l'avoue pas très captivante de téléfilm M6. Soit un mélange très visible de Seven pour l'enquête policière, Zodiac pour la partie des médias et de Millénium dans une troisième partie plus violente et stridente. Si on peut regretter un peu plus de nuances dans ces parties par moments (flics un peu caricaturaux et bêtes pour être ensuite oubliés) Fincher comme à son habitude installe une ambiance avec un montage rythmé, son millimétrisme Hitchockien et Kubrickien des temps modernes et sa musique au cordeau qui nous scotche une nouvelle fois dans notre fauteuil rouge. Le scénario a une histoire bien écrite et qui en a beaucoup à dire. Peut-être même un peu trop par moment au point que les pistes s'en retrouvent parfois un peu vite abrégées. Avec presque un nouveau dénouement toutes les vingts minutes, ponctués de ressorts d'une efficacité une nouvelle fois redoutable nous voilà embarqué dans du thriller très haut de gamme digne des meilleurs Hitchcock, Lumet, Kubrick ou Polanski.

Bien entendu David Fincher n'est pas uniquement un grand technicien perfectionniste. C'est un cinéaste avant toute chose qui n'a plus rien à prouver sauf celui de surprendre une nouvelle fois de film en film par ses talents de conteur. Dans Gone Girl, il dresse une séquence d'introduction absolument merveilleuse. Bien entendu elle n'est pas niaise, elle est aussi belle que vénéneuse et surtout d'une ambiguïté dense et radieuse. L'apothéose du style du cinéaste enchaîne comme une lettre à la Poste la première partie sur l'enquête qui est d'une ambiguïté absolument envoûtante et hallucinante. Le scénario est pour le coup formidablement écrit, ni trop allongé, ni trop court pour laisser les espaces au cinéaste à rendre tout de vraiment suspicieux La deuxième partie annonce un dénouement (que je ne vous révélerai pas) et se relance dans une autre intrigue toute aussi savoureuse. La scénariste auteur du livre original nous embarque dans un des scénarii dans une des directions les plus simples imaginées au début par le spectateur (en tout cas pour moi) de manière plus franche mais qui relance un suspense psychologique pour le moins fascinant. Fincher négocie le passage de genre magistralement une nouvelle fois et nous esquisse sur un rythme parfait un thriller psychologique aussi ambigu que cohérent avec l'introduction du film. Le public est une nouvelle fois brillamment manipulé, comme dans les plus grands thriller du cinéaste.

La troisième partie garde toujours la cohérence des deux premières même si elle vire plus dans la violence, la noirceur que le cinéaste avait brillamment apporté dans Millénium. Le scénario se penche ensuite sur un dénouement un peu brouillon mais pas pour le moins ambigu par un ludisme d'un cynisme flamboyant. Fincher apporte une noirceur, un portrait du mariage et des médias au vitriol absolument dérangeant. On y retrouve un peu des bribes du ton de Zodiac et de Seven. Gone Girl est tissé d'un savoir faire toujours au sommet de son réalisateur, la réussite de la transposition d'un roman en scénario par son auteur et surtout la révélation de deux magnifiques acteurs à différents degrés. Je commencerai par Ben Affleck qui a souvent été critiqué pour son jeu et qui est ici excellent et prouve qu'il à autant sa place en tant qu'acteur que réalisateur à Hollywood. Ensuite on ne peut que saluer et remarquer Rosamund Pike (vu l'an dernier dans le dernier Edgar Wright Le dernier Pub avant la fin du Monde) qui est une véritable révélation et qui fait passer beaucoup du venin, du cynisme au ton de ce délicieux polar au spectateur.

Sans être le meilleur film du cinéaste, Gone Girl est un thriller purement dans le style Fincher dans le fond comme dans la forme et avec son savoir faire dans toute sa splendeur. Soit deux heures et demie de très grand cinéma. Interprétation et mise en scène sans faille une nouvelle fois au rendez vous avec une photographie et une musique plus sobre qu'à l'habitude, Fincher s'assagie dans le style visuel comparé à son précédent film et se focalise sur son montage implacable et son excellent scénario à tiroirs. Comme pour ses meilleurs films (Seven, Zodiac, Social Network) Gone Girl est un film qui ne vieillira pas de sitôt. Ce brillant et délicieux Shaker de son cinéma est loin d'être une arnaque et nous ravit du début à la fin. Je pense notamment que Fincher aurait pu faire au film Effets secondaires un résultat similaire à Gone Girl. Le très bon film de Steven Soderbergh possède un scénario du même retors. Soderbergh n'avait hélas pas le perfectionnisme et le talent du cinéaste de Gone Girl dans le genre et du coup le déloge. Même si le film avec Jude Law et Rooney Mara vaut assurément le coup d'oeil. Une chose que l'on peut également saluer dans ce dernier Fincher, c'est qu'il possède le personnage féminin le plus fouillé et le plus intéressant de sa précédente filmographie.

A défaut de ne pas être son meilleur, car on peut penser à du cousu main avec un peu de recul pour le cinéaste, Gone Girl reste un des meilleurs films de l'année.


Note : 9 / 10

mercredi 1 octobre 2014

George Harrison : Living In The Material World.


  

Réalisation : Martin Scorsese
Montage : David Tedeschi
Durée : 3 h 20
Intervenants : George Harrison, Eric Clapton, Eric Idle, Terry Gilliam...
Genre : Living in the spirit world


Synopsis :


La vie de George Harrison, le célèbre membre des Beatles, vue à travers des interviews et des images d'archives inédites.

Après le passionnant documentaire sur Bob Dylan No Direction Home, Martin Scorsese se penche sur le plus jeune, discret, sage, énigmatique et peut-être le plus talentueux des membres du groupe légendaire The Beatles. Si le cinéaste n'a jamais caché sa grande passion pour les Rolling Stones, le grand cinéaste qui n'a plus besoin de faire ses preuves depuis des décennies est merveilleusement impliqué dans ce projet en hommage à George Harrison pour la chaîne HBO, avec l'aide précieuse de la femme du héros Olivia Harrison. Le cinéaste brosse dans une première partie un excellent portrait du groupe, sans être répétitif de tout ce que l'on connaît déjà sur eux, sans jamais être ennuyeux et comme toujours chez le cinéaste avec un fond très construit. Ce documentaire sur Harrison est cette fois un peu plus accessible dans la forme que son précédent sur Bob Dylan qui ravira les fans comme les curieux.

Ce qui d'un côté n'est pas si mal car dans la seconde partie le cinéaste se penche plus sur la personnalité même de George Harrison qui est pour le moins assez atypique. Le cinéaste est alors plus personnel, s'identifie plus à Harrison : ce sont deux artistes éperdument passionné de leur art de prédilection qui se réfugient dedans en permanence. Vivre par et pour leur art et leur amour pour ce dernier les font sans cesse avancer de l'avant. Une énergie inépuisable. Scorsese comme Harrison d'ailleurs plus communément liés par la croyance et la pratique de méditation transcendantale. Les témoignages sont riches, bien placés et les interviews souvent coupées par une musique du chanteur assez apaisante ce qui rend ce documentaire passionnant contemplatif et léger.

Comme souvent pour ses projets musicaux le cinéaste reprend son monteur David Tedeschi et avec des images sans voix off réussissent un excellent travail de montage très respectueux, ouvert et contemplatif. Avec un rythme fleuve, le cinéaste trace le parcours du Beatles d'une manière admirablement construite, le tout sans aucune voix off, uniquement ponctué d'intervenant de luxes avec un respect mutuel général très agréable. Scorsese neutralise pas mal de point de vue et pousse cette fois plus le spectateur à la sagesse. Cette neutralité pour autant n'empêche pas de faire ressortir l'ambiguïté du Beatles pour notre plus grand plaisir et rend vraiment le portrait passionnant. On retrouve des thèmes chers au cinéaste sur les questions de spiritualité donc, mais aussi la violence, la foi et l'identité que cherche ses personnages. Ici Harrison était en recherche de place dans le groupe que ce soit dans les médias ou artistiquement. Par chance, Harrison était un vrai artiste à la grande discrétion et Scorsese à de la matière à travailler et il nous offre un portrait fouillé captivant.

Même si on peut quand même dire que la vie de George Harrison n'est pas aussi passionnante que celle de Dylan, ou que Scorsese nous à dépeint tout au moins, George Harrison Living in the material world est un excellent documentaire à voir et posséder. Si les deux portraits des musiciens ne sont pas du tout les mêmes documentaires à première vue, les deux sont typiquement scorsesien dans comme dans le fond comme dans la forme. Scorsese avait signé son film sur le Dalaï Lama au cinéma avec Kundun, le voilà qu'il le fait dans l'univers musical, et même universel vu l'ampleur du personnage. Bob Dylan serait à ce compte là plus proche de sa reflexion sur La dernière tentation du Christ. Dommage qu'il soit directement sorti en DVD même si bien sûr que c'est mieux que pas du tout. C'est toujours l'avantage d'avoir une notoriété comme celle de Martin Scorsese pour l'export même si bien sûr hélas pas beaucoup de monde ne se penchera dessus faute a une promotion transparente.

Note : 9 / 10


Anecdote dans le documentaire : George Harrison hypothèqua sa maison pour produire La vie de Brian des Monty Python après le refus de la production au dernier moment de le financer. Après Led Zeppelin pour Sacré Graal, il faut croire que la troupe des Monty Python touchent bien les musiciens de manière générale.  

Qu'est ce qu'on a fait au bon dieu ?



Réalisation : Philippe de Chauveron.
Scénario : Phillipe de Chauveron et Guy Laurent.
Durée : 1 h 30
Interprétation : Chantal Lauby, Christian Clavier, Ary Abittan...
Genre : Tout est dans le titre.

Synopsis :

Claude et Marie Verneuil, issus de la grande bourgeoisie catholique provinciale, sont des parents plutôt vieille France. Mais ils se sont toujours obligés à faire preuve d'ouverture d'esprit. Les pilules furent cependant bien difficiles à avaler quand la première fille épousa un musulman, la seconde un juif et la troisième un chinois. Leurs espoirs de voir enfin l'une d'entre elle se marier à l'Eglise se cristallisent donc sur la cadette qui vient de rencontrer un catholique.

C'est donc ça la comédie au douze millions d'entrées ? Je savais que la période de crise était dure mais à ce point là j'avoue que c'est tout de même assez violent culturellement parlant. Une remarquable promotion, comme toujours pour les grosses comédies françaises à succès, a une nouvelle fois dirigé le monde dans les salles obscures pour un téléfilm cheap et d'une nullité pour le moins désolante. Si cela se veut drôle et sans prétention, c'est surtout le fond qui est d'une niaiserie abominable. Comment peut-on faire de l'humour sur le racisme avec des clichés aussi lourds que des enclumes avec un fond si niais et si moralisateur ?

Qu'est ce qu'on a fait au bon dieu ? C'est une comédie avant tout qui n'avait pas vraiment une envergure d'un tel succès. Un peu comme pour Bienvenue chez les Cht'is ces deux comédies ont bénéficié d'une campagne promotionnelle et d'un bouche à oreille surdimensionné alors qu'elles étaient destinées à faire maximum cinq millions d'entrées. Ce qui serait déjà pas mal au vue de la qualité. A côté le film de Dany Boon est plus honnête et plus drôle. Le film de De Chauveron lui n'est pas bon car hormis une récitation de clichés les uns derrières les autres, le film est particulièrement mal interprété. Effectivement a part Clavier et Lauby en mode résurrection et tongues, c'est la catastrophe. Surjeu permanent, aucun naturel et parfois frisant l'amateurisme on se croit dans les espèces de sitcom abominables de la télé du genre « Le jour où tout a basculé » ou surtout « Au nom de la vérité » etant donné que le point commun entre le film de De Chauveron et cette dernière reste une production minable de TF1 pour en tirer un maximum de sous. Pour le cinéaste ses opus sur l’élève Ducobu étaient bien plus soignés techniquement que ce dernier film. 

Les dialogues sont molassons, souvent mauvais ce qui n'aide en rien ce film à posséder une qualité. Vous l'aurez compris est bien loin des bonnes comédies françaises, succès ou pas. On est bien loin des aventures de Rabbi Jacob de Gerard Oury qui jouait sur les différences avec les clichés de manière futées, intelligente et honnête sur une toile de fond policière. Ca ne se compare même pas, ni même artistiquement car c'est hélas le cas assez souvent on ne prend même plus la peine de s'appliquer à nous offrir des films travaillés même lorsque l'on paye maintenant une fortune un billet de cinéma. L'effet paradoxal, on régresse. On dirait une copie brouillonne d'une comédie qui pourrait être sympa. Finalement on se retrouve devant ce film exactement comme devant la comédie des Trois frères le retour des Inconnus, la nostalgie et la pitié en moins sur les acteurs cependant. 

Sur le fond et la forme c'est tout ce qu'il y a de bas étage et si je peux mettre un bémol sur le fond social que je trouve insipide au film Intouchables d'Eric Toledano et Olivier Nakache, au moins la partie comique est très réussie et quasi parfaite la plupart du temps rendant quelque chose d'agréable à regarder. Espérons que ce côté cheap ne donne pas d'autres mauvaises idées aux producteurs qui veulent se faire du beurre et l'argent du beurre de cette manière. On peut faire un film, sans forcément parler de blockbuster, excellent et faire des entrées. Je prendrai comme exemple celui de cette année le très bon Babysitting de Philippe Lacheau et Nicolas Benamou. Celui au moins de ne pas prendre le public pour des idiots mais également les gens qui travaille dans le cinéma comme des moutons de panurges. C'est tout de même la base non ? 

Le cinéma français n'est pas reluisant depuis longtemps mais a en voir le succès d'un film aussi mauvais que Les petits mouchoirs de Guillaume Canet ou de ce film (comme d'autres hélas), on en reviendrait à se demander vraiment si le public raffole tant de ce genre de soupe ? C'est une autre question mais dans tous les cas, pauvre France, et comme dirait un expert dans le genre du nanar au nom de Max Pécas, On est pas sorti de l'auberge.


Note : 2 / 10